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Et si on passait en mode slow !

Par Seniormaispastrop @buzzsenior
Livre Slow business de Pierre Moniz-Barreto Quand on est en fin de carrière, est-ce qu’il ne serait pas le moment de passer en Slow attitude ? Voilà une idée qui me trottait dans la tête.
Le livre Slow Business de Pierre Moniz-Barreto, publié aux éditions Eyrolles qui vient de paraître est arrivé à point nommé pour répondre à mes interrogations.
Je me suis plongée dans cet ouvrage pour voir si je pouvais y trouver des idées ou des conseils pour moi-même et tous ceux qui sont en fin de carrière.
L’auteur raconte comment, alors qu’il rentrait très tardivement d’une période de travail intense, il n’a pas vu un bus qui a réduit sa voiture en miette. Il s’en est sorti indemne par miracle mais la pensée d’avoir risqué de perdre la vie ou les jambes l’a fait réfléchir. Le lâchage brutal de ses actionnaires quelques mois après a conforté sa décision. A quoi sert de travailler sans compter. Ne vaut-il pas mieux savourer la vie ?
Du jour au lendemain il a éprouvé le besoin de s’arrêter pour réfléchir sur sa vie, voir les choses  différemment et surtout travailler autrement. Aujourd’hui, il est en charge de la conversion d’anciens sites monastiques.
Ce livre est une sorte de galerie de portraits de figures marquantes du slow business.
Le mouvement Slow food apparu en  1986, est peut-être une des premières manifestations « Slow ». Il prône une autre façon de consommer des produits de qualité, frais et de saison en réaction au fast-food.
Le best-seller mondial du canadien Carl Honoré « Eloge de la lenteur » publié en 2004 évoque pour la première fois les bienfaits du Slow adapté au monde des affaires et de l’entreprise.
On trouve aussi dans ce livre Thierry Marx, le chef judoka, les samourais, le concept de Row (Result-only work environment), les maîtres compagnons et bien d’autres figures qui ont inspiré ou fait avancer le concept de Slow attitude.
L’un des exemples qui revient à plusieurs reprises dans ce livre est celui d’Yvon Chouinard, le charismatique PDG de Patagonia. A la fois alpiniste et chef d’entreprise, il a mené son enseigne au plus haut niveau en pratiquant un management responsable. Au début de son entreprise, sur la côte Ouest, ils étaient tous passionnés de surf . Quand s’annonçaient de belles vagues, ils fermaient l’usine pour aller surfer. Cela ne les a pas empêché de se hisser au rang des entreprises les plus emblématiques.
Tout le monde connait la maxime « Le temps, c’est de l’argent », une citation de Benjamin Franklin souvent reprise. Elle ne signifie pas ce qu’on veut lui faire dire. Il manque les phrases suivantes qui précisent  aussi qu’il ne faut  « ne jamais gaspiller ni le temps, ni l’argent et faire le meilleur usage de l’un et de l’autre ».
On vit aujourd’hui une période d’accélération du temps. Nous avons été formé aux années 80 où il fallait « gérer son temps » et s’organiser pour en faire le plus possible, pour être efficace, productif, réactif. Les réseaux sociaux, les mails ont encore précipité ce temps si précieux. Il faut réagir dans l’instant, faire vite, respecter des plannings dans un quotidien frénétique. Une course contre la montre épuisante et sans fin.

Et si prendre le temps n’était pas une perte de temps ! 

Comment créer une nouvelle relation au temps.
Rapidité et vitesse ne sont pas toujours synonyme de performance. L’auteur cite la Formule 1, où les voitures sont capables d’atteindre des vitesses impressionnantes, mais il faut compter avec l’usure des pneus, qui ne sont pas éternels. Gagner va devenir une gestion de la vitesse maximum qui permettra une usure optimum des pneus pour éviter les trop nombreux changements, source de perte du chrono.

Le Kairos ou le bon moment

Le livre Slow Business m’a également fait découvrir la notion de Kairos. Parfois, on se sent en osmose avec des concepts qu’on s’approprie immédiatement. C’est ce que j’ai ressenti avec le mindmapping, ou cartes heuristiques, dont j’ai parlé dans un précédent billet. Pour le Kairos, c’est la même chose.
Le terme vient du grec Kairos, dieu de l’opportunité. C’est le concept du « bon moment », du temps favorable. Pour faire simple et en langage familier, c’est un peu « avant l’heure, c’est pas l’heure, et après l’heure, c’est plus l’heure ». C’est un temps intuitif et qualitatif, en complément du Chronos, temps physique, quantitatif et linéaire.
N’avez-vous jamais ressenti qu’il n’était pas le moment de faire les choses, ou au contraire que c’était maintenant et qu’après, il serait trop tard ?
Dans la vie professionnelle, combien de fois constate-t-on que des projets sont lancés dans des délais irréalistes, mal ficelés, mal conçus et finalisés, parce qu’il « faut faire vite » ou qu’on a décidé arbitrairement une date sans prendre le temps de réfléchir.
Ce qu’explique l’auteur, ce n’est pas faire lentement ni doucement, c’est juste faire quand on est prêt. C’est trouver le meilleur rapport énergie-temps et distinguer le temps existentiel qui est une dictature de l’instant, du temps essentiel. C’est éviter le temps toxique.
Il faut du temps pour récolter les données, du temps pour les analyser et du temps pour élaborer la stratégie. Ce n’est qu’après ces « latences » pour reprendre l’expression de Steve Bennett cité dans le livre, qu’on sera prêt. Les temps morts sont souvent vivants. Rapidité et vitesse ne sont pas toujours la garantie d’une meilleure performance.
Il donne l’exemple d’Ikea qui a mis 30 ans comme petite entreprise avant d’avoir le développement international que l’on connait.

Passer au slow business, une nécessité pour les seniors

Et pour revenir aux seniors ? Comment appliquer les principes du slow business ?
Avec la cinquantaine arrive l’envie de prendre son temps. Cela semble une valeur commune des années quinquas. On découvre l’envie de profiter de ce temps qui file entre les doigts et qui ne reviendra pas. De vivre de chaque jour comme un moment unique et précieux.
La vie professionnelle qui occupe les journées aujourd’hui va prendre fin dans un avenir plus ou moins proche. Parfois, cela arrive bien plus vite qu’on ne le pense. Prendre de la distance, réfléchir est donc urgent. Se dire qu’il y a autre chose après le travail, s’orienter vers le slow management. Prendre le temps de transmettre, de préparer son départ et sa reconversion de retraité (qui n’est pas forcément inactif, heureusement).
Slow business, de Pierre Moniz-Barreto est un livre à lire. Ce n’est pas un recueil de trucs et astuces comme beaucoup de livres de développement personnel aujourd’hui, mais un véritable outil de réflexion étayé de nombreuses expériences et bien documenté.
Alors, on passe en Slow attitude maintenant ?

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