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Bcpo

Publié le 16 mars 2015 par Anne-Sophie Delepoulle @sosphamanet

aerosoltherapieLa BCPO ou broncho-pneumopathie chronique obstructive est une maladie pulmonaire fréquente, chronique, inflammatoire, lentement progressive, qualifiée de « tueur silencieux ».  Largement sous diagnostiquée, cette maladie toucherait plus de 3 millions de personnes en France.

L’exposition à des fumées toxiques est responsable de cette maladie (le tabagisme est responsable de 80 à 85% des cas de BCPO.

Une toux chronique accompagnée d’un essoufflement de plus en plus précoce en dehors de tout effort doit amener à consulter rapidement son médecin, car non traitée, cette maladie expose à des risques évolutifs considérables.

Qu'est-ce que la BCPO? SelectAfficher

Populations à risque

La BCPO touche principalement:

  • les hommes à partir de 40 ans et les femmes à partir de 35 ans.
  • les fumeurs au long cours (10 paquets-année ou plus)
  • les consommateurs de cannabis
  • les personnes travaillant dans le bâtiment, travaux publics, fonderie, textile, agriculteurs (biomasse)
  • les personnes ayant des antécédents d’affections pulmonaires pendant l’enfance
  • les personnes dont l’un des deux parents a une fonction respiratoire basse (facteur génétique: déficience en antitrypsine alpha 1)

Diagnostic d'une BCPO SelectAfficher

La BPCO est une maladie insidieuse qui évolue longtemps sans provoquer de symptômes importants. Cependant, pour être bien prise en charge, la BPCO doit être diagnostiquée précocement; un diagnostic précoce, permet d’améliorer la qualité et la durée de vie

Signes cliniques d’appel

Une dyspnée anormale à l’effort (parfois le simple fait de monter un escalier ou de marcher rapidement sur terrain plat…) et/ou une toux chronique (notamment affectée par la météo), avec ou sans expectoration

Spirométrie = mesure du souffle

Le dépistage se fait en soufflant dans un spiromètre électronique. la VEMS correspond à la mesure du volume expiré maximum à la première seconde. La VEMS6 à la 6ème seconde. Le rapport VEMS/VEMS6 est calculé.

Un rapport <70% est considéré comme anormal, et doit amener le patient à consulter un pneumologue qui réalisera une spirométrie complète permettant d’évaluer le degré de sévérité de la BCPO de I à IV

Les 4 stades de la BCPO

La gravité de la BPCO est classée en 4 stades suivant les conditions de survenue de l’essoufflement :

  • Stade 0 : essoufflement pour des efforts soutenus (2 étage), avec VEMS supérieure à 80 %
  • Stade 1 = BCPO légère : essoufflement lors de la marche rapide ou en pente , avec VEMS supérieur ou égale à 80 %
  • Stade 2 = BCPO modérée:  essoufflement à la marche sur terrain plat ou en suivant quelqu’un de son âge, avec VEMS comprise entre 50 et 80 %
  • Stade 3 = BCPO sévère : essoufflement obligeant à s’arrêter pour reprendre son souffle après quelques minutes ou une centaine de mètres sur terrain plat, avec VEMS comprise entre 30 et 50 %
  • Stade 4 = BCPO très sévère : essoufflement au moindre effort, avec un VEMS inférieur à 30 %

Comment éviter la BCPO? SelectAfficher

  • Ne pas fumer. Le tabagisme est responsable de 80 à 85% des cas de BCPO
  • Se protéger de la pollution (vapeurs, irritants, fibres minérales artificielles, fumées…)

Que faire en cas de BCPO? SelectAfficher

  • Arrêter le tabac. Le sevrage tabagique ralentit la progression de la maladie.
  • Arrêter l’exposition aux polluants respiratoires en cas d’exposition professionnelle
  • Se faire vacciner contre la grippe tous les ans et se faire vacciner contre le pneumocoque tous les 5 ans afin d’éviter tout risque d’exacerbation.
  • Contrôler son poids car le surpoids aggrave la capacité respiratoire.
  • Pratiquer une activité physique quel que soit le stade de la maladie pour améliorer son souffle et mobiliser les muscles affaiblis par la maladie

Quand faut-il consulter? SelectAfficher

examens-medicaux
Si vous êtes fumeur, que vous  toussez et crachez tous les matins, vous êtes susceptible d’être frappé de BPCO ;  il n’est pas « normal » de tousser lorsque l’on fume!

En cas de bronchite chronique

En cas d’essoufflement anormal

En cas de difficulté à respirer malgré votre traitement (nécessité de réajuster le traitement)

Traitement de la BCPO

Stratégie thérapeutique SelectAfficher

Le traitement médicamenteux de la BCPO consiste en l’administration de Béta-2 agonistes et d’anticholinergiques sous forme inhalée seuls ou associés entre eux. Dans certains cas, le recours aux méthylxanthines (théophylline et dérivés) est possible sous réserve d’une surveillance adéquate.

Les bronchodilatateurs sont recommandés dans le cadre de la prise en charge symptomatique de la BCPO. Ils peuvent être administrés, soit à la demande, ou en traitement de fond pour réduire la dyspnée. Dans ce cas, les molécules à longue durée d’action sont préférées.

Dans certains cas très sévères (VEMS <50% de la valeur théorique, avec des exacerbations fréquentes et des symptômes significatifs malgré un traitement continu par un bronchodilatateur…), la corticothérapie inhalée est utilisée en association à un bêta-2 agoniste de longue durée.

Tous les stades de la BCPO

Béta-2 agonistes et d’anticholinergiques sous forme inhalée seuls ou associés entre eux. Réduction des facteurs de risque (sevrage tabagique impératif, vaccination antigrippale et antipneumococcique

Stades II, III, IV

aux mesures précédentes, s’ajoutent l’utilisation d’un bronchodilatateur à longue durée d’action + réhabilitation respiratoire

Stade III et IV

Aux mesures précédentes s’joutent un glucocorticoïde inhalé sous forme d’associations fixes

Stade IV

Aux mesures précédentes s’ajoutent l’oxygénothérapie longue durée, ainsi que des traitements chirurgicaux (réduction du volume pulmonaire, transplantation…)

Béta 2-agonistes SelectAfficher

beta2mimetiques
Salbutamol: Ventoline®, Terbutaline: Bricanyl® Tubuhaler, Samétérol: Serevent®, Formotérol: Formoair®, Indacatérol: Ombrez® Breezhaler, Indacatérol + Glycopyrronium : Ultibro®Breezhaler, Bambutérol: Oxéol®

Les béta-2 mimétiques agissent en stimulant les mécanismes de relaxation de la fibre musculaire lisse. Il augmentent aussi les sécrétions bronchiques et la clairance mucociliaire. Ils pourraient diminuer l’œdème bronchique en agissant sur les veinules postcapillaires

Ils s’administrent à l’aide de différents dispositifs d’inhalation : aérosol doseur, système d’inhalation de poudre sèche, système auto déclenchant

Effets indésirables: Si les doses sont correctement respectées, les effets indésirables sont rares. Des récepteurs bêta-2 sont présents au niveau cardiaque et ces traitements peuvent induire aux doses élevées des effets indésirables comme la tachycardie et les palpitations, tremblements des extrémités, arythmie, crampes musculaires, céphalées. Ils peuvent à forte dose stimuler les récepteurs Béta-1 et induire une hypokaliémie et une hyperglycémie.

Ces molécules doivent être administrées avec prudence en cas d’affection cardiaque, d’hypokaliémie, d’hypertension artérielle sévère non contrôlée ou d’hyperthyroïdie.

En cas de pathologie cardiovasculaire associée nécessitant la mise en place par un traitement par bétabloquant, il est préférable dans ce cas d’utiliser des bétabloquants cardiosélectifs (acébutolol, aténolol, bétaxolol, bisoprolol, céliprolol, métoprolol, nébivolol, esmotol) afin de ne pas interagir avec les béta-2 stimulants pulmonaires.

Anticholinergiques SelectAfficher

Anticholinergiques

anticholinergiques
Tiotropium: Spiriva®, Indacatérol: Ombrez Breezhaler®, Indacatérol + glycopyrronium: Ultibro® Breezhaler…

Le système cholinergique est présent au niveau des bronches par l’intermédiaire du nerf vague (X). Les récepteurs sont les récepteurs muscariniques (M1, M2, M3). Les anticholinergiques exercent un blocage compétitif des récepteurs cholinergiques muscariniques au niveau du muscle lisse bronchique. L’effet bronchodilatateur obtenu est moins rapide (3 minutes) et moins puissant que les bêta-2 stimulants de courte durée d’action mais leur effet est plus prolongé (4 à 6 heures). Les dernières molécules ont une action plus prolongée que les anciennes. Ils sont surtout intéressants en association avec les béta-2 agonistes.

Effets indésirables: Les anticholinergiques inhalés ont très peu d’effets indésirables: sécheresse buccale, irritation pharyngée, toux, bronchospasme paradoxal. Rares cas de céphalées, nausées et diarrhées. Troubles oculaires en cas de projection dans les yeux (mydriase et risque de glaucome). Risque de rétention urinaire chez les hommes présentant des antécédents d’adénome prostatique ou d’obstruction urétrale. Risques de constipation

Précaution d’emploi: à utiliser avec précaution en cas d’hypertrophie de la prostate (risque de rétention urinaire), d’antécédent d’infarctus du myocarde récent ou de risque de glaucome par fermeture de l’angle

Méthylxanthines SelectAfficher

Théophylline: Dilatrane®, Euphylline: Théostat®, Xanthium®, Bamifylline (Trentadil®)

La théophylline agit au niveau des mouvements intracellulaires du calcium. Elle a une action bronchodilatatrice, elle renforce les muscles respiratoires et possède une action cardiaque inotrope positive. Elle se comporte comme un bronchodilatateur moins puissant que les béta-2 agonistes, mais elle augmente la clairance mucociliaire et améliore la contraction du diaphragme, permettant ainsi une meilleure respiration.

C’est un médicament à faible marge thérapeutique et ayant une vitesse de métabolisation par le foie très variable d’une personne à l’autre. L’ajustement posologique se fait sur l’appréciation de l’amélioration ou des effets indésirables.

Risque de sous-dosage

par induction enzymatique (phénobarbital, rifampicine), âge (enfant, prématuré), tabagisme,  obésité, alcool.

Risque de surdosage

par inhibition enzymatique (Valproate de sodium, cimétidine, érythromycine, enoxacine, ciprofloxacine, viloxacine…), contraception orale, insuffisance hépatique, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, fièvre. Les signes de surdosage sont tachycardie, vomissement et excitabilité.

Corticoïdes SelectAfficher

Aucun corticoïde inhalé seul n’a obtenu d’AMM dans le traitement de la BCPO, car la corticothérapie inhalée comme par voir orale est beaucoup moins efficace dans le traitement de la BCPO que dans le traitement de l’asthme.

Seules les associations fixes avec un bronchodilatateur sont indiquées dans la BCPO: Fluctasone + Salmétérol: Sérétide®, Sérétide® diskus, Budésonide + formotérol: Symbicort®, Béclométasone + formotérol: Innovair®

Oxygénothérapie SelectAfficher

L’oxygénothérapie est réservée aux cas graves, quand la respiration habituelle ne permet pas de recevoir suffisamment d’oxygène. Il s’agit d’une oxygénothérapie de longue durée, avec une administration d’oxygène au moins 15 heures par jour.

Plus d’infos sur oxygénothérapie

Réhabilitation respiratoire SelectAfficher

La réhabilitation respiratoire permet, avec l’aide d’un kinésithérapeute de récupérer du souffle en effectuant un ensemble d’entraînements musculaires

Liens utiles SelectAfficher

Ordinateur

Site de la sécurité sociale: Qu’est-ce que la BCPO?

Association BCPO: www.bpco-asso.com

Comité national contre les maladies respiratoires: www.lesouffle.org

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Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), ma pharmacie en ligne

Dernière modification le: mar 16, 2015 @ 10 h 39 min


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