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Les folles années de Florence Henri

Publié le 16 mars 2015 par Pantalaskas @chapeau_noir

Henri Jeu de Paume«L’œil nouveau»

Dans l'exposition « Voici Paris - Modernités photographiques, 1920-1950 » du Centre Pompidou en 2013,  issue de la collection photographique de Christian Bouqueret dernier grand ensemble privé sur la photographie française de l'entre-deux-guerres, le thème «L’œil nouveau» présentait les photographes des années Vingt, et notamment Florence Henri. Le Jeu de Paume à Paris consacre aujourd'hui une exposition monographique à cette femme photographe dont l'œuvre puise ses racines dans ces années folles auxquelles elle a participé intensément.
Dès 1912 Berlin lui fait découvrir  les créations de la galerie Der Sturm, puis le Bauhaus de Weimar les enseignements de Klee et Kandinsky. Bientôt, l’amitié de Nelly et Théo Van Doesburg contribue à son approche de la peinture. A Paris, dès 1926, Florence Henri s’est liée d’amitié avec Céline Arnaud et Paul Dermée. Voyageuse impénitente, ses rencontres avec les artistes se multiplient en Europe.

Florence Henri autoportrait 1937

Florence Henri autoportrait 1937

A Paris Florence Henri souhaite connaître Mondrian. L'écrivain et artiste Michel Seuphor grand ami de Mondrian, quelque peu réticent, n’est pas d’humeur à favoriser ce souhait, mais un jour elle rencontre l’ami de Seuphor à la terrasse de la Coupole. Une idylle de quelques semaines en suivra. Au sein du groupe Cercle et Carré de Seuphor et Torres-Garcia, Florence partage les réunions de l’appartement de Vanves où se retrouvent, tous les dimanches Mondrian, Russolo, Vantongerloo et parfois Arp, Sophie Taeuber, Pevsner. Ainsi projetée au cœur de cette histoire en train de s'écrire, elle devient la photographe du groupe. De Berlin à Paris puis de Paris à Berlin, dans cette quête inlassable de nouveaux moyens d’expressions, l’amitié avec Laszlo Moholy-Nagy et sa femme Lucie accompagne en 1927 son engouement pour la photographie. De la fin de l’année 1927 au début de 1928, elle réalise des portraits et des autoportraits photographiques au miroir. Sa notoriété grandit. Ses travaux photographiques éveillent un tel intérêt qu’elle reçoit des invitations pour les plus importantes expositions internationales de photographie créative. Elle participe à l’exposition internationale Film und Foto à Stuttgart.

Fenêtre du Bauhaus, Dessau 1927 Florence Henri

Fenêtre du Bauhaus, Dessau 1927 Florence Henri

L'exposition du Jeu Paume embrasse toutes les périodes du travail de Florence Henri. Cependant on peut envisager que cette période de jeunesse des années Vingt a influencé durablement l’œuvre de la photographe. La révolution artistique de ces années Vingt a bouleversé les arts plastiques, l'architecture, le cinéma, le théâtre, la photographie. Après une telle période de créativité, ceux qui ont vécu ces années délirantes ne pouvaient qu'être marqués à vie. On peut imaginer l'influence de Moholy-Nagy sur Florence Henri. Pour lui,  il faut cesser d’interpréter la photographie en fonction de la peinture , sinon elle n’échappera pas aux lieux communs. Il plaide pour l’on cesse de considérer cette invention magique comme un « pinceau mécanique » n’ayant d’autre usage que de fabriquer sans peine des peintures réalistes. La photographie n’est pas une affaire de mécanique, elle ne sert pas seulement à enregistrer l’apparence des objets, elle n’est pas une simple copie de la nature sans imagination. L’originalité de la photographie réside dans sa capacité à fixer les phénomènes lumineux jusqu’à les rendre palpables, dans sa faculté à les enregistrer et à les mettre en forme.
Avec de telles connivences, la photographie de Florence Henri ouvre une voie personnelle, inventive, à l'image de cette femme libre dans des années folles.

Photos: (C) Archive Florence Henri / Martini & Ronchetti
Florence Henri
Miroir des avant-gardes, 1927-1940

Du 24 février au 17 mai 2015 Jeu de Paume Paris

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