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L’empreinte

Publié le 18 mars 2015 par Cecile Berthelon @walinette

(de nos fringues)

C’est marrant comme sevrage rime parfois avec blocage. Genre l’appareil photo. 4 mois que je n’avais pas sorti le réflexe avant les 2-3 photos sur trépied du dernier billet. Les vacances sont font à l’iphone, et j’ai de plus en plus de mal à montrer mon visage en photo. Non pas qu’il ait changé hein, je n’ai même pas de gros boutons à cacher ou une subite ride du lion qui se serait installée en 15 jours. C’est juste que j’ai dû un peu tirer sur la corde. Comme si en bientôt 8 ans de blog j’avais épuisé mon crédit Narcisse.

Mais sinon, une réflexion, tiens :

livre

=> J’ai fini de lire “To die For, Is Fashion wearing out the world ?” (ici sur Amazon).

Et bien c’est pas marrant, voire franchement chiant à lire, en plus. Je ne compte pas les fois où je me suis endormie dessus. MAIS, je dois vous dire qu’on revoit fatalement son mode de fonctionnement après ça. Et qu’on se pose pas mal de questions.
Je ne crois pas pouvoir arriver un jour à ne pas “consommer” de mode. Je dis consommer, car je crois que je tombe dans cette catégorie. J’aime regarder les nouvelles tendances, renouveler ma garde-robe, me faire des paniers virtuels. Je suis lucide, j’apprécie d’avoir la chance de continuer à travailler avec certaines marques ou e-shops. Comme dirait une amie qui se reconnaitra “Quand on aime les fringues… et bien on aime les fringues”.
Ce qui n’empêche pas de m’interroger de plus en plus sur les impacts : écologiques-éthiques-sanitaires, d’essayer de réduire (“contenir”, serait le mot juste) ma consommation et me renseigner un peu :

- Sur la provenance (saviez-vous que le coton ouzbek par exemple, était ramassé par des étudiants “forcés” de faire une sorte de service civique au profit de l’état et de son dirigeant, dans des conditions déplorables pendant 2 mois avant leur rentrée scolaire ?)

- Sur la matière (mais apparemment, point de vue empreinte écologique le coton ne vaut parfois guère mieux que le synthétique, le top c’est le lin)

- Sur les conditions de travail (on ne va pas revenir sur le Bangladesh… mais beaucoup de travaux de broderies/sequins et cie sont même sous-traités dans des sortes d’ateliers clandestins dans des habitations privées à des prix encore moindre que celui de l’usine déjà à bas coût. Donc si vous voyez un joli top à sequins, le truc qui ne peut pas se faire à la machine, à un prix dérisoire, cela veut dire qu’il y a forcément quelqu’un quelque part qui l’a fait à la main pour 3 fois rien, et que vous n’avez pas envie de vivre dans les mêmes conditions).

- Sur les diverses teintures et procédés chimiques, les catastrophes écologiques en Inde et Asie du sud est, où de nombreuses usines ne traitent pas les rejets toxiques qui vont directement dans les cours d’eau.

- Sur ce que deviennent nos fringues (les “dons” qui partent par containers entiers en Afrique et qui deviennent un vrai business là bas, alors que les fibres locales et les textiles produits sur place sont achetés à bas coûts par la Chine ou l’occident, dans le genre on marche sur la tête…)

- Sur le pourquoi certains prix ont tellement baissé que des produits dits “luxe” deviennent des produits de consommation courante ou presque. Je pense au cachemire. Ce qui fait que le cheptel de chèvres mongoles a tellement augmenté que cela met en péril à la fois l’écosystème et la qualité intrinsèque du poil. Faut-il se réjouir de trouver des pulls en cachemire à moins de 100 € ? Et bien finalement, non.

Le problème étant qu’on ne peut pas TOUT tracer. Entre la culture, la teinture, la façon, etc.. on peut faire 3 fois le tour de la planète. Après il faut composer avec ce qu’on peut faire et ses sensibilités. Ce qui donne pour ma part :

- Ne plus me rendre dans les enseignes low cost (je ne les citerai pas, mais si on pense anglais et jean à 5 €, hein, bon) encore moins les promouvoir (je sais, ça m’est arrivé), et éviter autant que possible la fast fashion. Ou alors en faisant attention à l’origine (le made in spain ou Portugal why not, mais le sourcing du tissu ? ).
- Ne plus acheter certains made in, surtout quand le prix est bas (Bangladesh, Inde, Asie, etc… ) sauf si cela vient de filière “fairtrade”. Je suis plus mesurée sur le made in China, c’est tellement vaste qu’on y trouve TOUT, le bien comme le pire. Mais un made in China pour 3 clopinettes, ça ne PEUT PAS être fait dans de bonnes conditions (salaires, hygiène, sécurité, matières premières, teintures et cie).
- Privilégier le coton “organic”. (préserver l’eau et éviter les pesticides)
- Pour les jeans, choisir du made in Europe/USA/Japon. Surtout si il y a beaucoup de délavage.
- Privilégier les créateurs et les petites séries.
- Eviter en gros tous les “prix trop bas pour être honnêtes”. (sans non plus verser dans le luxe en pensant que c’est la sécurité, il y a des dérives là aussi)
- Essayer de se renseigner sur les politiques en matière de sourcing de certaines marques.

Je crois qu’il faut qu’on accepte que les vêtements aient un coût, et que si il est trop élevé on pense à l’occasion plutôt qu’aux enseignes bon marché qui pullulent. Et je sais, vous allez me dire, et les familles nombreuses à faible revenu ? Et bien je ne suis pas sure non plus que l’option : j’achète un plein sac rempli de trucs qui ne vont pas tenir 2 lessives soit le meilleur calcul : “le pas cher est toujours trop cher”.


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