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Les Refuges à Livres Libres

Publié le 19 mars 2015 par Arsobispo

Le principe est simple ; une petite armoire transformée en maison de poupée, remplie de livres à disposition des passants. Chacun peut se servir, tout le monde peut y déposer, des livres, des notes de lecture, et pourquoi pas, à l’occasion une fleur pour le prochain visiteur.


Little Free Library par patrick-planes

J’emploie les termes de refuge plutôt que librairie ou bibliothèque car la liberté est ici totale. Acheter le livre est contraire à la notion de partage et rapporter le livre n’est pas une obligation. J’aurai pu l’appeler boîte à livres, mais l’acronyme BAL était déjà pris. Et puis j’aime bien la notion portée par le terme refuge. D'un autre côté, le RALL n'est pas très élégant. Si vous avez des suggestions à faire, n'hésitez-pas.

L’invention de ce concept ne date pas d’hier. La toute première manifestation de ce type aurait probablement été réalisée par l’état du Wisconsin, bien avant même qu’il ne soit devenu un état. La législature territoriale de Wisconsin avait, dès 1833, alloué 5,000 $ pour le fonctionnement d’une bibliothèque ; ce qui n’est pas rien pour l’époque, puisqu’il s’agit de l'équivalent de 140.000 $ d’aujourd'hui, soit un budget nettement plus important que nombre de bibliothèques actuelles.

Les Refuges à Livres Libres

Une "traveling little librarie" chez un particulier au siècle dernier

Mais revenons-en à ces petites biblithèques libres. Le Wisconsin était alors une région rurale. Peu de villes, quelques hameaux. La majorité des habitants étaient des fermiers, agriculteurs ou éleveurs, disséminés sur tout le territoire. Construire des bibliothèques n’était pas pertinent. Le seul intérêt d’un tel bâtiment aurait été d’y cultiver la poussière.

Les Refuges à Livres Libres

Une "traveling little librarie" dans un bureau de poste du siècle dernier

L’idée fut donc de déplacer les livres d’une bibliothèque centrale vers des points relais, de simples boîtes installées près des commerces de première nécessité ou de petites bibliothèques dans des lieux publics tels que les bureaux de poste, les écoles, les épiceries. Le site Little Free Library nous rappelle que Lutie Eugenia Stearns, bénévole puis bibliothécaire de cet état entre 1895 et 1914, pourvoyait régulièrement des livres, près de 1400 lieux différents du Wisconsin, ce qu’elle appelait, ses “traveling little libraries”.

Lutie Stearns

Mademoiselle Lutie Eugenia Stearns

Cette louable initiative a été reprise, toujours dans le Wisconsin, par des particuliers dans les années 2000. Elle s’est structurée au sein du mouvement, Little Free Library qui gagna en 2013 l’Innovations in Reading Prize. Début 2015, le nombre de ces boîtes à livres enregistrées auprès de Little Free Library était de plus de 20.000 parsemant 17 pays !

Carte
En France, ce site en compte très peu ; deux en Indre-et-Loire (Saint Benoit la Forêt et Rivière) et deux en Auvergne (Meilhaud et Beaumont). Mais cela ne signifie pas que ces refuges sont rares. Dans ma ville, Agen, j’en connais un, celui de Cécile, qui ne figure pas sur la carte du site Little Free Library.

Cecile
Il y a longtemps que j’envisage d’en placer également une devant chez moi. Ce n’est pas le contenu livresque qui manque, mais plutôt la dextérité manuelle, indispensable au montage d’un bel et accueillant refuge à livres, digne des trésors qu’il offrira. Il faudra bien qu’un jour je me décide à trouver le moyen d’en placer un. Ne s’agit-il pas d’un excellent moyen de créer du relationnel avec ses voisins et ses concitoyens, Peut-être même de la conversation épistolaire, voire de l'échange amical, et certainement le développement du sens communautaire trop souvent indigent. L’outil idéal de l’ami des livres pour changer un étranger en ami et un voisinage en communauté. Jonathan Beggs, propriétaire d’une Little Free Library, déclara qu’il avait rencontré plus de voisins lors des trois semaines suivant l’installation de son refuge à livres que pendant les 30 années précédentes. Depuis, près de lui, il a aménagé l’espace afin d’améliorer l'accueil. Des bancs de bois sont venus proposer des instants de détente, le temps de feuilleter quelques livres, de faire son choix, de laisser un petit mot, un conseil, un remerciement, à un autre lecteur… et pourquoi pas d’engager la conversation avec un autre lecteur qui pointerait le bout de son nez.

Ce petit refuge-là me plairait bien.

La mienne
Mais je n’ai pas les talents d’un maitre ébéniste, ni même celui d’un bricoleur du dimanche. Et j’aimerais tant qu’il soit aussi beau que toutes ces merveilleuses maisons de poupée, aux couleurs éclatantes, aux toits de galets de cèdre ou couronnés de bardeaux, avec du laiton aux portes et du cuivre aux gonds et des petits messages abandonnés parmi les livres…


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