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La femme qui dit non - Gilles Martin-Chauffier

Publié le 21 mars 2015 par Stéphanie @Stemilou

La femme qui dit non - Gilles Martin-ChauffierEditions Grasset

Sortie : Août 2014

L’Allemand n’avait pas encore donné toute sa mesure. La Bretonne, elle ne m’avait rien laissé ignorer de ses talents.

Dès notre première rencontre, avant même qu’elle connaisse ma passion pour le jeu, j’ai su que je serais toujours de trop dans le panorama.  Blaise pouvait bien me prendre pour la rose des Tudor, elle ne voulait pas de moi dans son vase. A l’annonce par son fils de notre mariage, elle avait pleuré toute l’eau du lac Léman. Depuis, elle ne m’adressait pas la parole. Lui poser une question exigeait une prudence de démineur. Si j’abordais un point d’ordre pratique, elle répondait avec la sobriété d’un dictionnaire et des mots piquant comme un fleuret.

Présentation

Une femme hors du commun - inspirée par la grand-mère de l’auteur - se remémore et nous raconte son incroyable existence.

1938. Alors que le destin de l’Europe s’apprête à basculer à Munich, un voilier anglais accoste sur l’Ile-aux-Moines. A son bord, Charles Evans et sa fille Marge. La jeune fille anglaise rencontre là deux jeunes Bretons, Blaise de Méaban et son meilleur ami Mathias. Elle épouse Blaise et, se croyant enceinte, ne peut l’accompagner à Londres lorsqu’il s’embarque pour répondre à l’Appel du Général de Gaulle. Esseulée, elle fait alors de Mathias son amant - et le véritable père de son fils. Ce trop lourd secret de famille et les guerres feront le reste…
 

De la débâcle 1940 à l’épuration en passant par la déportation, de la guerre d’Indochine aux Jeux olympiques de 1964 en passant par la guerre d’Algérie, ce trio amoureux traverse un quart de siècle où la petite histoire se mêle à la grande. On y lit la lâcheté et l’opportunisme des hommes, mais aussi leur grandeur. Marge, joueuse et intrépide, délurée, tolérante et libre, raconte leurs choix et leurs trahisons, leurs défaites et leurs victoires, leurs joies et leurs amertumes. Elle aura fait de sa vie une fête galante et incarné une certaine idée de la France. Marge, à la marge des conventions ; Marge, au centre de tous ces destins.

Aujourd’hui, à part mon nerf optique, mes conduits auditifs et mes artères qui durcissent, chez moi tout s’affaisse – et, d’abord, ma mémoire. Autrefois elle débordait, à présent elle me fuit. Des détails insignifiants me reviennent à l’esprit mais j’oublie des gens, des lieux et des scènes.

Avis

Septembre 1938, Marge arrive à L’Île-aux-Moines en Bretagne avec son père, avant d’arriver là tous deux étaient en mer naviguant entre l’Angleterre et la France mais en ce 30 septembre les accords de Munich étant sur le point d’être signés son père veut mettre pieds à terre et se pencher sur le premier poste radio.

C’est à ce moment qu’ils rencontreront Mathias puis Blaise, Marge ne quittera plus cette île devenu son phare en plein brouillard.

Les deux garçons sont amis et très différents l’un de l’autre, Blaise deviendra l’époux de Marge avant de quitter la Bretagne pour rejoindre le Général De Gaulle à Londres, quant à Mathias il sera fait prisonnier par les allemands puis libéré en juillet 1940, fier de sa Bretagne il pense à tort que l’Allemagne peut aider les bretons à obtenir leur indépendance et finit donc par collaborer, même si cela déplait à Marge sa relation d’amitié se transformera en une folle histoire d’amour.

Très vite elle se rend compte qu’elle est enceinte sachant pourtant très bien qui est le père, elle ne contredira personne en avouant que son mari Blaise n’est pas le géniteur. Un secret bien gardé pendant des années jusqu’à ce que l’impensable se produise.

En attendant cette révélation qui fera un coup d’éclat à Île-aux-Moines, la guerre a éclaté, les restrictions se font ressentir mais l’amour du jeu ne quitte pas Marge, se rendant à la Baule une première fois avec Mathias elle y retournera souvent la guerre n’ayant aucun effet sur son addiction. Vie dissolue, argent, boisson et jeu telle sera la vie de Marge pendant plusieurs années avec ses nouveaux amis, jusqu’à ce que soit créer après la guerre, et grâce à un chantage des plus odieux contre des collabo, un magazine automobile qui fera sa fortune.

L’auteur nous entraîne sur les traces de cette anglaise au tempérament de feu, anticonformiste, inspirées par la vie de sa grand-mère, entre la débâcle et la guerre d’Algérie, avec un pas dans la résistance bretonne, la déportation, la guerre d’Indochine, la légion étrangère mais surtout l’amour. Au seuil de sa vie Marge nous raconte son histoire au milieu de l’Histoire, cette femme qui voulait simplement être libre en restant frivole, vivre comme bon lui semblait en ignorant son sens moral, ce tenir à l’écart de cette guerre mais qui finalement entra elle aussi dans la résistance. Puis ce secret si bien gardé qui lui éclata en plein visage empoisonnant sa vie.

Un roman magnifique, fabuleux sur des français comme les autres, ceux qui ont profité de la guerre et ceux qui l’ont subi, mettant de côté les grosses têtes De Gaulle, Pétain et compagnie, les grands collabo et Mitterand lui-même dont le portrait pas très flatteur m’a fait bien rire. J’ai aimé le ton employé par l’auteur, sa plume et son humour, ses jeux de mots et les détails qu’il utilise pour nous décrire ce beau paysage breton.

Voici donc un conseil lecture des plus important pour son côté historique mais surtout pour son héroïne haute en couleurs : Marge …. Ou plutôt La Bretagne.


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