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Une exposition, un disque : au détriment de la musique ?

Publié le 24 mars 2015 par Philippe Delaide

Outhere Music a édité, dans le cadre de l'exposition que consacre le Grand Palais au peintre Diego Velasquez, un enregistrement sous le titre "La musique au temps de Velasquez".

Pour reprendre la description de cette nouveauté du catalogue du label flamand, la distribution comprend plusieurs interprètes et ensembles musicaux : La Real Camara, Ensemble La Romanesca, Jean Tubéry, La Fenice, Choeur de Chambre de Namur, Bernard Foccroulle, Alice Foccroulle, Jean-Marc AYMES, Syntagma Amici, Leonardo García Alarcón, Cappella Mediterranea, Ensemble Clematis.

Ces différents protagonistes nous proposent un mélange de pièces profanes et sacrées, de compositeurs espagnols contemporains d'un des plus grands maîtres de la peinture occidentale.

Musique au temps de Velasquez

A l'écoute de ce disque, on ne peut s'empêcher de se rappeler le fait que la musique était encore loin, à cette époque, d'atteindre les niveaux de maturité, d'élévation, de virtuosité auxquels la peinture s'était déjà élevée, surtout en Espagne. Pour reprendre les différents propos de Salvador Dali, qui considérait d'ailleurs Velasquez comme l'un des plus grands peintres de tout les temps, sur le fait que la musique restera toujours un art mineur par rapport à la peinture (j'ai intégré en fin de note la vidéo du site de l'INA, restituant une "conversation entre Salvador Dali et le professeur Henri Laborit" où il faut visionner les premières minutes pour écouter ce que dit le peintre catalan surréaliste sur la musique - on notera d'ailleurs la ressemblance frappante de Velasquez sur la pochette du disque avec Dali sur la vignette de la vidéo !), force est de constater que ce disque n'abonde pas vraiment dans le sens de la démonstration du contraire.

Pour être plus clair, je ne suis pas certain que cette initiative d'Outhere Music soit très glorieuse pour l'art musical, surtout quand il est mis en écho avec un peintre de la stature de Velasquez. On pourrait même penser que c'est assez désobligeant pour la mémoire de ce maître incontesté.

Dans ce disque, on pourra écouter des oeuvres de compositeurs plus ou moins influencés par les compositeurs italiens, sans en atteindre d'ailleurs, ni la magnificence, ni l'inventivité. Pour certaines pièces, les compositeurs sélectionnés puisent également leur inspiration dans le répertoire folklorique espagnol.

Pour les pièces à raisonnante plus populaire, c'est Leonardo García Alarcón qui prend la main avec l'ensemble Clematis et la Cappella Mediterranea. Les pièces sacrées sont, quant à elles, confiées à Jean Tubery, avec son ensemble la Fenice. Entre ces deux ensembles, La Real Camara et La Romanesca se fraient une petite place.

Le tout, (16 pièces interprétées) est relativement homogène au niveau de l'interprétation avec toutefois le caractère assez affirmé des deux ensembles qui occupent le premier rang. On retrouvera la vitalité, le caractère entier, et non sans une certaine sécheresse, de la lecture de Leonardo García Alarcón sur des pièces comme celles de Matheo Romero ou Gioseffo Zamponi. Comme je l'avais mentionné dans de précédentes chroniques, je ne suis pas vraiment emporté par les interprétations de Leonardo García Alarcón qui manquent, selon moi, d'une forme d'élan, de lyrisme et qui restent d'une trop grande dureté, comme s'il expédiait ces pièces avec une certain désinvolture. On retrouve le côté un peu "brut" des interprétations de Gabriel Garrido qui n'est pourtant pas sans me déplaire, mais malheureusement avec les couleurs en moins.

J'ai pour ma part plus d'affinités avec la démarche de Jean Tubery qui, même si elle peut être qualifiée d'assez retenue, voire quelquefois cérébrale, atteint toujours une certaine élévation, joue sur de belles touches subtiles, une forme d'élégance. C'est particulèrement notable sur les deux seules pièces qui m'ont séduit sur ce disque : le Magnificat a 8 de Matheo Romero et la très courte et belle pièce "Pan divin grazioso" de Francisco Guerrero.

Pour conclure, hormis ces deux pièces, je n'ai vraiment pas été conquis par ce disque. Je trouve qu'il n'apporte pas d'éléments notables dans le discographie consacrée aux compositeurs du monde hispanique dans cette période du tout début de la période baroque.

Plus de détails sur le site d'Outhere music.

La musique au temps de Velasquez - La Real Camara, Ensemble La Romanesca, Jean Tubéry, La Fenice, Choeur de Chambre de Namur, Bernard Foccroulle, Alice Foccroulle, Jean-Marc AYMES, Syntagma Amici, Leonardo García Alarcón, Cappella Mediterranea, Ensemble Clematis - label Ricercar / Outhere Music.


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