Magazine Culture

Persépolis, roman graphique de Marjane Satrapi

Publié le 26 mars 2015 par Mpbernet

persepoliscouv

Une enfance au cœur de la guerre civile iranienne et du conflit Iran-Irak. Marjane Satrapi n’a que deux ans de plus de ma fille aînée … et un caractère – nous dirons « trempé » - comme elle. J’ai donc éprouvé tout de suite une tendresse particulière pour elle. J’avais vu le film d’animation tiré de son autobiographie dès sa sortie en 2007, et j’avais été émue. Là, je retrouve l’intégrale des quatre albums dans ma bibliothèque en plein « désherbage » et je ne l’ai plus lâché.

Marjane-Satrapi

C’est une histoire de sang et de larmes, vue de l’intérieur par une petite puis jeune fille très attachée à sa famille. Le fil rouge qui lui permet de tenir à travers ces temps si troublés est l’amour filial entre ce couple d’intellectuels libéraux, apparentés à la famille du monarque iranien renversé par le coup d’Etat de Reza Chah. Le père et la mère, tellement compréhensifs, évolués, aimants, et la grand-mère au franc parler, qui glisse des fleurs de jasmin dans son soutien-gorge ….

Marjane lit beaucoup. En vrac : Marx, Bakounine … Elle est très lucide sur son physique, ne se prive pas de donner son opinion, ne cherche pas à nous subvertir, mais nous fait percevoir distinctement les espérances puis les déceptions des iraniens cultivés, férus de culture française, les angoisses de la guerre et des bombardements, l’avalanche des martyrs et le retour des estropiés – il y eut un million de morts  -, l’absurdité des mesures de répression «morale» des gardiens de la Révolution, la condition des femmes.

Cela confine au ridicule, mais cela existe encore, chez un peuple de haute civilisation, de grande culture. Comment aujourd’hui peuvent-ils encore supporter tout cela ?

satrapi_persepolis1

persepolis-image

Le graphisme épuré des cases m’enchante. Du mouvement, une poésie presque onirique assortie d’une grande économie de moyens, qui évoque pour moi tout naturellement les gravures de Félix Vallotton. En perspective, on retrouve aussi cette « manière » chez Riad Sattouf dans son livre « L’Arabe du futur », avec comme initiateur, bien entendu Art Spiegelman et son terrible « Maus ».

C’était hier, c’est tous les jours, mais nous avons vécu ces périodes troublées, de si loin … La région souffre encore pour longtemps de ces soubresauts terribles, aggravés par les sanctions économiques.

Un livre-manifeste à relire en ces temps où les fondamentalistes – et il y en a dans toutes les religions - menacent la liberté du monde.

Persépolis, roman graphique de Marjane Satrapi (intégrale en 4 volumes) édité par L’Association, 365 p., 32,50€


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mpbernet 50874 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine