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[Critique] UN VILLAGE PRESQUE PARFAIT par Christian

Par Christian Papia @ChristianPAPIA

VILLAGE

[Critique] Un village presque parfait: une bouffée d’oxygène

« Saint-Loin-la-Mauderne », un petit village frappé de plein fouet par la crise et la désertification.
Son dernier espoir: relancer l’usine de fumage de saumon. Seul problème, les assurances exigent la présence d’un médecin à demeure. Or, le dernier a pris sa retraite il y a plus de cinq ans sans jamais trouver de remplaçant. Derrière Germain, leur maire bourru mais charismatique, les habitants vont tout faire pour convaincre le très parisien docteur Maxime Meyer que le bonheur est à Saint-Loin-la-Mauderne !

Le réalisateur Stéphane Meunier se lance enfin dans la réalisation d’un long métrage, après nous avoir servi du « bleu dans les yeux » et la dégoulinante série Foudre. Il s’attaque ici au remake d’un grand succès Québécois de 2004, La grande séduction, qui conte l’histoire d’un petit village portuaire où les habitants sont contraints de vivre d’allocations chômage, et qui, pour pourvoir à l’installation d’une entreprise, vont user de subterfuges et de mensonges pour attirer un médecin dans leur localité.

A l’instar de ce film, notre décor est planté dans un petit bourg des Pyrénées, Saint-Loin-la-Mauderne. On y retrouve tous les stéréotypes de personnages que peut contenir un village. Le maire (Didier Bourdon) perfide génial, le « demi-idiot » (Elie Semoun) grâce auquel on en redemande, l’épouse du maire (Carmen Maura) une femme sublimissime, le guichetier de la poste avec un Denis Podyladès énorme de précision comme toujours, et enfin le dindon de la farce avec le docteur tant courtisé (Lorànt Deutsch), juste parfait. A cela vous rajoutez l’austérité comique d’un Lionnel Astier (Kaamelott pour mémoire), et vous saupoudrez le tout d’une flopée de petits rôles interprétés par Annie Grégorio, Armelle, ou encore Pierre Ménès (dont le jeu est un peu juste ceci dit).

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Ici, on se croirait presque dans un livre de Pagnol. La grande force de cette production tient au fait que le spectateur devient très rapidement complice des bonimenteurs, et participe aux trames. En définitive, il a aussi son rôle à jouer. La cadence monte crescendo, sans temps morts, et les situations s’enchaînent parfaitement, dans un ordre bien établi, ce qui nous permet de rester constamment en alerte. Stéphane Meunier réussit à nous faire rire très simplement, sans gags grandiloquents ni autres « funesteries ». La stratégie du rire se dévoile grâce aux situations des personnages, et à leurs mensonges énormes qui en entraînent toujours plus. Tout est dans le jeu des acteurs, et chacun joue son rôle à la perfection. Certaines scènes passeront à la postérité, telle que la séance de cricket par des aficionados du rugby, la première journée de consultation chez le médecin, la multiplication « façon Monsieur le Maire » du nombre d’habitants, le restaurant qui sert des mets en corrélation avec les goûts de ses clients, et une partie de pêche comme on en voit rarement.

Tout ceci nous ramène, et il faut le garder à l’esprit, à un terrible constat: celui de la désertification de nos villages français, suite aux départs des médecins de campagne vers les grandes métropoles, ou à l’étranger, avec pour seule motivation la rémunération. Il est évident que soigner un village de 120 âmes rapporte beaucoup moins qu’un quartier de Paris. Alors même si ce film a quelques faiblesses (les clichés relatifs à la vie à la campagne, une fin attendue et prévisible etc), cela n’enlève rien à sa teneur. À noter que la bande annonce est encore une fois trompeuse sur la réalité de ce long métrage, puisqu’elle nous fait penser à une production débile et saturée de gags qui le sont tout autant. Évitez-la si vous ne l’avez pas encore vu.

La combinaison de tous ces ingrédients nous donne une réussite « presque » totale. Véritable bouffée d’oxygène, c’est un film plein de fraîcheur et de bonheur. Alors si vous passez par Saint-Loin-la-Mauderne, arrêtez-vous chez « Josiane » et commandez une bière, mais surtout, attention à ce que vous dîtes car ici on peut vous écouter…

Christian


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