Magazine Culture

Où Babelio entre en scène au festival Quais du Polar

Par Samy20002000fr

Quais du Polar, LE festival international du polar, fête cette année sa onzième édition à Lyon du 27 au 29 mars. Fort de ses superbes programmations, Quais du Polar est devenu un rendez-vous incontournable pour tous les amateurs de thrillers et romans noirs. Comme tous les ans, quelques uns des plus grands auteurs sont conviés pour rencontrer leurs lecteurs. Cette année, Michael ConnellyIan Rankin, Tom Rob Smith, Michel Quint, Michel Bussi, Maxime Chattam, Yasmina Khadra, Caryl Férey,  Ian Manook, John Grisham, Elizabeth George, Don Winslow ou encore Sophie Loubière. Au programme, des rencontres, des tables rondes, des dédicaces et nombreuses festivités à retrouver sur le site internet du festival.

polar 2015 De l’adaptation des romans policiers

A l’occasion de Quais du Polar, de nombreuses tables rondes et master classes ont eu lieu au Palais du Commerce dans le cadre de Polar Connection, le volet professionnel du festival. Ne pouvant assister à toutes les rencontres, nous nous sommes focalisés sur un thème particulier : l’adaptation des romans policier en séries télévisées et sur grand écran. Une première table ronde a lieu au sein du superbe Palais du Commerce de Lyon autour de l’écrivain Michael Connelly, auteur américain qui a vu son héros Harry Bosch prendre vie dans une série télé produite par Amazon, Viveca Sten, écrivain suédoise, auteur de La reine de la baltique, Sydney Gallonde, un producteur qui est en train d’adapter un roman d’Harlan Coben pour la télévision et  Marie Dormann, responsable de droits audiovisuel chez Albin Michel. Le cinéma n’est plus le passage obligé des plus grands romans policiers. Un nouveau format s’est progressivement développé en parallèle : les séries télés. Pour Michael Connelly, qui avait été déçu de l’adaptation au cinéma de La Défense Lincoln,  la série télévisée a été l’occasion de s’impliquer personnellement dans sa production. Il a ainsi écrit l’épisode pilote et co-écrit plusieurs scénarios aux côtés de Eric Overmyer qui s’était illustré auparavant avec la série The Wire, la série policière de référence outre-Atlantique. C’est d’ailleurs le tournant pris par les séries télés il y a une dizaine d’années qui a convaincu Michael Connelly de s’intéresser de plus près à ce média. Depuis quelques années en effet, de grands scénaristes ont investi ce média et ont proposé des scénarios aussi intéressants qu’innovants. Ce tournant qualitatif a rendu les écrivains plus sensibles à ce format auparavant plus ou moins méprisé.  Michael Connelly n’est pas le seul auteur à adapter son univers en série télé. Le public français pourra par exemple voir prochainement sur TF1 l’adaptation du roman Une Chance de trop de l’écrivain Harlan Coben en une mini-série de six épisodes de 52 minutes. Une série dont Harlan Coben est le « showrunner ». S’il n’a pas signé l’adaptation de sa plume, Sydney Gallonde, qui a produit la série, et qui avait vu dans ce roman le potentiel d’une série télévisée précise :  « Il a eu l’humilité de dire ; je peux raconter une histoire mais je ne suis pas sûr de savoir la structurer pour le format d’une série télé. » Comment adapte-t-on d’ailleurs un roman en série télé ? Pour  Marie Dormann, responsable de droits audiovisuel chez Albin Michel, il n’y a aucun format privilégié, aucune règle. Certaines séries reprennent un univers en s’éloignant des intrigues des romans, d’autres reprennent intégralement des romans policiers en restant fidèles aux intrigues : « Une ambiance ne suffit pas, il faut une très bonne histoire. »

Une autre conférence porte sur les adaptations des polars sur grand écran en compagnie des écrivains Didier Decoin, Caryl FéreyYasmina Khadra, la Directrice du service des cessions de droits audiovisuels chez Gallimard Frédérique Massart et le  réalisateur Jérôme Salle qui a adapté la BD Largo Winch et le roman Zulu de Caryl Férey. Parler des adaptations de romans au cinéma, c’est parler de trahison. Comment les auteurs des romans adaptés vivent-ils les changements apportés par les réalisateurs ? Yasmina Khadra prend la parole : « Il faut faire confiance au réalisateur qui est un artiste à part entière. Il n’a aucune obligation de suivre le roman.  Je pense que l’auteur doit lui laisser une liberté. »  Pour Didier Decoin, ce qui l’intéresse c’est le regard que va porter le réalisateur sur son oeuvre : « J’aime regarder comment j’aurais pu écrire autrement mon roman. Ce n’est pas grave de détourner l’oeuvre. Les règles du cinéma ne sont pas celles de la littérature. Je n’avais pas du tout aimé l’adaptation de mon roman La Femme de chambre du Titanic. J’ai pourtant entendu des gens dire beaucoup de mal du roman et qualifier le film de chef d’oeuvre ! Une oeuvre trahie n’est pas une oeuvre morte. » Les auteurs rechignent-ils parfois à voir leur oeuvre adaptée ? Frédérique Massart précise que les auteurs sont généralement satisfaits des adaptations de leurs ouvrages. « Le rôle de l’éditeur, au delà de la mise en contact, est de savoir quelle parties du livre le réalisateur veut changer et si la fin sera la même que le roman pour que tout soit clair le plus vite possible afind’éviter toute déception. Mais les auteurs sont généralement partants. » Yasmina Khadra confirme : « Je suis toujours attentif aux projets proposés mais j’en ai déjà refusé quelques uns car je n’étais pas convaincu par les projets en question ». Mais quel est le point de vue du réalisateur ? Cherche-t-il à tout prix à rester fidèle au roman ? Pour Jérôme Salle, un réalisateur est d’abord un « rapace ». « Ce qu’il faut avoir en tête, précise-t-il, c’est que le réalisateur cherche du matériel. Je n’avais par exemple pour ma part aucune admiration pour la BD Largo Winch que j’ai adaptée au cinéma mais le pitch m’intéressait, j’avais envie de travailler dessus. Evidemment, le réalisateur arrive masqué devant l’auteur mais ce qu’il veut avant tout, c’est proposer quelque chose. Plus on aime le livre en revanche, plus on essaie de lui rester fidèle. »

Retour sur le thème de la série télé avec une  Master Class  avec Anne Landois, showrunner de la série Engrenages, une série policière inspirée de faits réels. Anne Landois est l’une des rares « showrunners » française, métier incontournable aux Etats-Unis mais encore balbutiant en France. Anne précise : « On s’est demandé, il y a quelques temps, pourquoi  les séries américaines étaient aussi addictives et pourquoi nous n’arrivions pas, en France, à aboutir à de tels résultats. On s’est rendu qu’il manquait ce rôle de showrunner à l’Américaine, c’est-à-dire un rôle de « scénariste en chef » ayant une vision globale de la série et qui peut coordonner le tout et s’en occuper de A à Z sur une ou plusieurs saisons. Ce métier est donc très récent en France où les chaines sont moins habituées aux séries longues qu’aux Etats-Unis. Canal + faisant figure d’exception en proposant des séries de 12 épisodes. » Pour Engrenages, le travail d’Anne consiste à écrire des arcs narratifs et des ébauches assez précises de scénarios qui seront ensuite écrits par des scénaristes. A la différence des showrunners américains, Anne Landois estime ne pas avoir sa place sur le tournage : « Quand le réalisateur de l’épisode entre en scène, je rentre chez moi ! ». Elle ne croit pas non plus à l’utilité des Wrinting room, ces réunions de scénaristes qui collaborent collectivement à l’écriture de la saison ainsi que de chaque épisode. Pour Engrenages, chaque épisode est confié à un scénariste différent. Il y en avait 8 en tout lors de la quatrième saison. Quant aux influences et inspirations de cette showrunner d’une série policière aussi réaliste qu’Engrenages, elle précise : « Je fais un travail d’écriture qui s’inspire d’articles de presse, de rencontres, notamment avec des avocats pénalistes, des juges d’instruction ou des policiers. Je lis également beaucoup de romans et notamment de romans policier. J’aimerais d’ailleurs adapter un roman policier à l’avenir. » C’est sur cette rencontre autour de la série télé et de ce nouveau métier que s’interrompt cette journée.

Sur les Quais, notre sélection

Samedi 28 mars Michael Connelly et Viveca Sten vont de nouveau parler de séries TV  à 10h dans l’Amphi Opéra. Ils parleront tous les deux de leur expérience puisque certains de leurs romans ont été adaptés en série TV récemment. La reine du crime est à Lyon ! Passez une heure avec Elizabeth George, « la plus anglaise des romancières américaines » dont Chabrol avait fait l’éloge il y a quelques années en ce même festivel. Rendez-vous dans la grande salle des Célestins à 11h. Rencontre au sommet entre quatre auteurs de premier plan. Dans la salle Tony Garnier du Palais du Commerce à 11h, Sophie Loubière, Don Winslow, Ian Manook et Benjamin Whitmer discuteront sur le thème de l’enfance, un sujet particulièrement mis en avant dans les polars ces dernières années. Evènement : John Grisham et Michael Connelly, deux maîtres incontestés du polar vont évoquer « le système judiciaire américain et de ses représentations romanesques. » Cela se passe à 14h aux Célestins. Dimanche 29 mars A 10h, Hubert Artus s’entretiendra avec Virginie Despentes, « l’une des voix les plus singulières de la littérature contemporaine. » La rencontre aura lieu à l’amphi Opéra. Le roman noir est à l’honneur avec une rencontre entre Benjamain Whitmer, Shannon Burke, Mike Nicol et Dror Mishami. Les auteurs discuteront de l’influence, encore, des séries télés sur le renouveau littéraire de ce genre. Ce sera à 15h30 salle Tony Garnier. Vous comptez vous rendre au festival ? A quelle conférence comptez-vous assister ? Quels auteurs souhaitez-vous rencontrer  ? Venez nous en parler ici et sur Twitter !


Retour à La Une de Logo Paperblog