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Repartir de Zéro

Publié le 01 avril 2015 par Pantalaskas @chapeau_noir

Sur Arte vient d'être diffusé le film "Quand l'art repart de Zéro",  produit à l'occasion de l'exposition "ZERO: Countdown to Tomorrow, 1950/1960  " au Guggenheim  de New-York en octobre 2014. Avec le témoignage des artistes (dont celui d'Otto Piene décédé en juillet 2014) et les nombreux documents d'archives présentés dans le film, c'est l'occasion de rappeler l'aventure d'un groupe décidé à remettre à plat l'art de son temps après les bouleversements de la seconde guerre mondiale. L'histoire commence en 1957.

Groupe Zéro

Exposition "ZERO: Countdown to Tomorrow, 1950/1960 " au Guggenheim de New-York 2014

A Düsseldorf, deux artistes amis, voisins d’ateliers, Otto Piene et Heinz Mack décident d’ouvrir leurs locaux au public lors d’une première manifestation nocturne, nommée «Expositions d’un soir». A l'origine il ne s’agit pas de constituer un groupe mais de partager l’approche d’un fait artistique : l’idée que la reconstruction pouvait naître de manière artistique si elle partait de l’esprit.

Manifeste Zéro

Cette première présentation est considérée comme l’acte fondateur du groupe ZÉRO. Elle marque le lancement d’une action collective qui, en 1958, donnera le jour à une revue dans laquelle est publiée le « Manifeste Zéro »
« Zéro est silence. Zéro est commencement. Zéro est rond. Zéro tourne. Zéro est la lune. Le soleil est Zéro. Zéro est blanc. Le désert Zéro. Le ciel au-dessus de Zéro. La nuit. Zéro coule. L’oeil Zéro. Nombril. Bouche.(....)»
Non sans rappeler les conceptions du Bauhaus, le groupe Zéro souhaite se démarquer de la génération artistique traumatisée par la guerre. Zéro suppose un nouveau départ pour un monde nouveau et un art nouveau. Après les ratés de l’ancien monde, après les barbaries destructrices de la guerre, il fallait maintenant balayer les restes et repartir de zéro. La dimension politique de la démarche est patente. Otto Piene ne s’en défend pas :
« D’une certaine manière ZÉRO est né d’un esprit de résistance face à la montée d’un nouveau matérialisme, avec l’espoir qu’un nouvel esprit, un nouveau départ ouvrirait une nouvelle période pour la pensée, les émotions de la vie. À cette époque l’idée la plus répandue que le bien-être matériel rendrait les gens heureux. J’étais contre cela ».

Repartir de Zéro

ZERO dans l'appartement d' Alfred Schmela : Peeters, Uecker, Mack, Petersen, Monika and Alfred Schmela Photo: Jon Naar, Copyright 1964, 2010; Painting: Robert Indiana

Heinz Mack, Otto Piene et Günther Uecker, qui a rejoint le groupe, s’emploient à promouvoir cet élan nouveau en utilisant des matériaux encore peu exploités dans le domaine artistique, la recherche de sensations liées au mouvement et à la lumière, la volonté de placer l’homme dans un système de références universel qui ne connaît de limite ni dans le temps ni dans l’espace. Désireux de modifier la relation du spectateur avec l’œuvre d’art, ils s’affirment les pionniers dans la création d’environnements. « Le Ballet de Lumières » d’Otto Piene plonge une salle entière dans le noir, pourtant animée d’une multitude d’ombres et de reflets en mouvements, dans une ambiance musicale appropriée. Dans son projet « Sahara », Mack propose de doter le désert d’une immense stèle-miroir capable de réfléchir à jamais son infinitude. La radicalité du feu fascine également ces artistes. En 1961 Bernard Aubertin, créateur des « Tableaux feu » rejoint le groupe. Au fil des années, Zéro ne désigne plus seulement le petit groupe des artistes fondateurs. L'esprit Zéro a déjà essaimé notamment avec le groupe NUL aux Pays Bas et  Gutaï au Japon. Plus d'une centaine d'artistes participent à des expositions collectives autour du groupe.

Ice Watch à Copenhague en 2014 par Olafur Eliasson

Ice Watch à Copenhague en 2014 par Olafur Eliasson

Lorsqu'en 1967 le groupe décide sa dissolution, l'esprit Zéro ne disparait pas pour autant et perdure aujourd'hui comme en témoigne dans le film l'action récente d'Olafur Eliasson, passant du feu à la glace avec Ice Watch. Douze blocs de glace sculptée sont disposés en cercle devant l’hôtel de ville de Copenhague, suggérant le cadran d'une montre. Leur volume total, cent tonnes, équivaut précisément au volume de glace qui fond chaque centième de seconde dans le monde. Comme souvent dans les films consacrés aux artistes contemporains, ce sont les archives filmées qui m'ont particulièrement captivé. Avec le témoignage personnel des artistes et ces documents d'histoire le film mérite d'être vu, lecture toujours possible en replay.

"Quand l'art repart de Zéro"
Film
52 min  2014
Origine : Allemagne
Réalisateurs : Anna Pflüger, Marcel Kolvenbach

Visible en replay sur :
http://www.arte.tv/guide/fr/053349-000/quand-l-art-repart-de-zero


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