Magazine Séries

Tour de France du Metal : deuxième partie

Publié le 02 avril 2015 par Glossnroses @MarionWlad

|Nicolas]

Coucou les hardglossies, les thrashglossies, les deathglossies, les darkglossies, les gothglossies, les glossies-core, mais aussi et peut être surtout les glossies qui ne connaissent pas (bien) cette musique mais un peu mieux quand même grâce à mes articles précédents. Aujourd’hui, nous allons continuer notre tour de France du metal. On prépare les sacs et des provisions de bières et c’est parti.

patrick roy metal

Après avoir bien fait le tour de la scène parisienne, foisonnante et qui s’est ancrée dans l’histoire du metal français, notre première destination va être le grand froid. L’étape dans la région Nord-Pas-de-Calais est l’occasion de saluer la mémoire d’un homme, Patrick Roy. Député du Nord, il est connu pour sa veste rouge qu’il arborait à l’Assemblée Nationale mais nous en parlons pour un autre fait qui la rendu célèbre : Patrick Roy était l’ami et le soutien des métalleux. Alors que notre musique subit des campagnes de dénigrement des médias et des coups de pression de certaines personnes, lui se rangeait du côté des headbangers. Passionné de metal, il a créé un festival dans sa ville à Denain. Pour la première édition, il est même monté sur scène aux côtés de Mass Hysteria le temps de la chanson « Furia ».

A l’Assemblée, en 2009 et 2010, il a posé la question, sous les huées du parti adverse, de la non-représentation du metal à la télévision, ainsi que des menaces faites contre le festival Hellfest. Cinq ans plus tard, force est de constater qu’une catégorie metal n’existe toujours pas aux Victoires de la musique, contrairement aux Grammys par exemple. Seule amélioration, deux émissions sur le metal sur la chaîne L’Enôrme TV. Patrick Roy est décédé en mai 2011, la communauté metal lui a rendu hommage, notamment en tirant un feu d’artifice en sa mémoire lors du Hellfest. Notre Tour de France lui est dédié.

loudblast

Le Nord, c’est aussi la région du groupe Loudblast. Considérés comme « les darons du metal extrême français, Loudblast déboule à fond la caisse en 1985. Après plusieurs démos, ils se font remarquer avec le split album (album partagé entre deux groupes) « Licensed To Thrash » avec les antibois d’Agressor. Leur style mélange death et thrash. Dès 1989, ils font les premières parties de cadors de la scène metal. A partir de leur deuxième effort deux ans plus tard, ils collaborent avec des studios de Tampa, en Floride, la ville où le death est né. Ils s’imposent alors comme les leaders du metal français. L’aventure s’arrête en 1999. En 2002, le groupe se reforme autour d’un concert en mémoire de Chuck Schuldiner, leader de Death, groupe co-fondateur du death metal (qui lui a également donné son nom au genre). En 2004 sort l’album « Planet Pandemonium », premier depuis la reformation. Un album plus brut que jamais, aux riffs de guitare massifs et à la voix torturée et bien grave. Il faudra attendre sept ans pour l’album suivant « Frozen Moments Between Life and Death ». Le groupe se renouvelle pour un album encore plus dense, plus profond, avec une basse plus en retrait par rapport aux guitares et au chant. En juillet de la même année, les nordistes se produisent devant 40.000 personnes (plus gros concert de leur carrière) au festival Sonisphere aux côtés du mythiques Big 4 of Thrash Metal (Metallica, Anthrax, Slayer, Megadeth) réunis pour quelques dates. En 2014 sort le nouvel album «Burial Ground». Ils font mentir alors l’adage populaire qui voudrait qu’on s’assagit en vieillissant en sortant l’album le plus noir, le plus ténébreux de leur carrière, mélangeant black et death metal. Succession de pépites du genre, cet opus a été l’un des grands albums de metal en 2014, si ce n’est le meilleur, le plus travaillé, le plus dark, le plus rugueux. Loudblast est, à juste titre, l’un des groupes de metal français les plus respectés. A côté de son groupe, le leader Stéphane Buriez présente « Un Dose 2 Metal » sur l’Enôrme TV.

A Raismes, près de Valenciennes, le festival Raismesfest, en dépit de sa faible capacité (3000 personnes) a gagné une certaine réputation auprès de la communauté Metal grâce à des invités connus depuis sa création en 1998 : EdGuy, Pain of Salvation, The Gathering, Epica, Angra, After Forever, Anathema, Sonata Arctica, Delain, Finntroll, Saxon, Mass Hysteria, Eluveitie, Uriah Heep, Napalm Death…

Bon, comme on se pèle dans le nord, on va descendre un peu plus vers le sud.

mercyless

En chemin, on écoute les mulhousiens de Mercyless. Formé à la fin des années 80, Mercyless est un des pionniers du death metal avec Loudblast et les franciliens de Massacra. Toujours du côté de l’Alsace, on retrouve le groupe mêlant rap metal et death, Smash Hit Combo, dont l’univers tourne essentiellement autour des jeux vidéo. Du metal geek en somme.

On passe par la Franche-Comté avec les bisontins de Carcariass, groupe de death metal technique. Ensuite, on descend plus bas dans le Rhône-Alpes avec les stéphanois Benighed, charmant groupe influencé par le black metal des suédois de Marduk et le brutal death bien gore de Cannibal Corpse, deux groupes connus pour leur sens de la provoc très très très poussée. Cela donne un mélange black death bien bourrin ayant pour thème central la psychologie. A quelques kilomètres de là, à Grenoble, on a le groupe Lonewolf, des vétérans du metal qui se sont formés en 1992 et proposent un heavy à l’ancienne, marqué par le son des années 80. Fort d’une discographie assez conséquente, les loups solitaires se sont forgé une certaine réputation auprès de l’underground, ce qui leur a permis de tourner pas mal en Europe.

lonewolf metal

On va rester dans la région, direction Lyon pour parler de Kells. Kells va nous permettre de parler du metal à chanteuse français. Peu de groupes du genre sont représentés dans ce Tour de France pour la raison simple du manque flagrant de groupes notables. Alors que sur les continents américains du Nord et du Sud, chez une grande partie de nos voisins européens et en Asie, on trouve quantité de groupes de metal à chant féminin (Nightwish, Otep, Within Temptation, Delain, The Gathering, Epica, Arch Enemy, Blues Pills, Doro, Halestorm….), ainsi que des festivals dédiés, force est de constater qu’en France, la catégorie est à l’état embryonnaire. La faute sûrement à un manque de visibilité du metal, encore une fois à cause des médias véhiculant toutes sortes de clichés sur cette musique et ses fans. Kells est un groupe de metal symphonique mené par la chanteuse Virginie Goncalves et formé en 2001. En 2008, leur album « Lueurs » les emmène sur la route à tourner avec les pointures Epica et Tarja, le nouveau groupe de Tarja Turunen l’ex-chanteuse de Nightwish dont les fans ne se sont jamais remis du départ.

Porté par le clip «La Sphère», «Lueurs» fait son bonhomme de chemin. Son successeur «Anachromie», de bien meilleure facture, sera plus apprécié des fans. Toujours à Lyon, un petit groupe qui monte, Les Discrets, formation de metal atmosphérique (genre de metal dont la particularité est d’axer la musique sur des ambiances planantes) qui se taille une belle réputation grâce à deux albums magnifiques, «Septembre et ses dernières pensées» et « Ariettes Oubliées ».

On quitte le Rhône-Alpes pour la chaleur de la région PACA. On commence par les niçois de Svart Crown, groupe de black metal formé en 2005 et commençant par se faire une petite réputation en trois albums, ce qui leur a permis d’assurer les premières parties de groupes comme les israéliens Melechech et les suédois de Shining pour leur tournée européenne, puis les grecs de Septic Flesh pour leurs tournées françaises et japonaises et les Néo-Zélandais d’Ulcerate pour leur tournée américaine, et d’apparaitre deux fois au Hellfest. On continue avec les antibois d’Agressor. Formés en 1986, ils font partie des pionniers du death thrash avec Loudblast (avec qui ils ont partagé Licensed to Thrash), et des groupes qui ont marqué la scène. Plus underground que leur illustres confrères du ch’nord, Agressor ont une discographie nettement moins fournie. Toutefois, ils sont considérés comme références auprès des deatheux. En 1996, ils tournent en Grande-Bretagne avec le groupe de black metal Cradle Of Filth (un des groupes de black les plus connus des non-blackeux) avant de se séparer. Ils se reforment trois ans plus tard. En 2001, sur leur EP « The Spirit of Evil » figure la participation James Murphy, ancien des pionniers du death metal Death et Obituary. Leur dernier album du groupe date de 2006. On passe par Avignon pour parler tout d’abord d’Attentat Rock, un des pionniers du metal français, formé en 1980 et séparé cinq ans plus tard. Il s’agit d’un des plus vieux groupes non parisiens de metal et font partie des précurseurs. Leur style, comme leurs confrères de l’époque, tourne autour d’un heavy old school. Leur album le plus notable est « Le Gang des Saigneurs ». Toujours dans la même ville, le groupe de black metal Celestia, séparé en 2015 après 20 ans d’existence et une petite réputation auprès des blackeux.

attentat rock

On part maintenant à Marseille. Peuchère con, la Bonne Mère, la bouillabaisse, l’OM, la French Connection, je crois qu’on a fait le tour des clichés. Une ville dont la scène est dominée par les groupes de ragga/reggae (Massilia Sound System, Daïpivo, Raspigaous…) et rap (IAM, Kény Arkana pour les plus talentueux, et toute une flopée de groupes qui font la joie des auditeurs de Skyrock). Difficile d’exister pour la scène metal dans ces conditions. Pourtant, on peut citer trois groupes dont Heavenly, groupe de power metal (genre peu représenté en France et donc les particularités sont un son proche du heavy mais en plus rapide, un chant clair haut perché et des histoires de chevalerie, d’heroic fantasy) influencé par Helloween, Gamma Ray, Stratovarius, Angra et Rhapsody of Fire. Le groupe est remarqué dès ses premières démos et signé par les allemands de Noise Records. Leur premier album, « Coming from the Sky »auquel participe le fondateur de Helloween et de Gamma Ray, est un succès auprès des métalleux. En 2001, après leur deuxième album, ils font la première partie du groupe EdGuy à travers l’Europe devant plus de 30.000 fans à chaque fois. Quelques mois plus tard, ils reçoivent le trophée du groupe français de l’année lors des Trophées Hard Rock Magazine. En 2002, ils jouent au Wacken, le plus grand festival metal du monde, situé en Allemagne. En 2006, le quatrième album « Virus » compte les participations de chanteurs et chanteuses de Sonata Arctica, Lullacry et des français d’Adagio. Heavenly fera la première partie de Scorpions à Paris, et en 2012, celle d’Alice Cooper.

Eths est le second groupe de metal à chanteuse dont nous parlerons dans ce tour de France. Le groupe se forme en 1999, mené par Candice Clot (qui également apparait dans l’album « Lueurs » de Kells). Eths est un groupe évoluant entre nu-metal, metal alternatif et deathcore. L’univers est assez particulier et le style rappelle celui des américains Otep (univers torturé, chant féminin mêlant voix douce et voix gutturale hurlée – technique dite de « la belle et le bête »-, alternance entre ambiance douce et mélodique puis oppressante). Si les démos plaisent, les albums eux divisent. La faute à une répétitivité par moments, et aussi le fait qu’elle souffre de la comparaison avec Otep Shamaya et Angela Gossow. Pour autant, l’album « Tératologie » est de bonne facture.

En 2013, Candice Clot part, elle est remplacée par Rachel Aspe, que le public connait pour sa prestation dans l’émission « La France A Un Incroyable Talent » où elle a pu initier le grand public au chant guttural féminin (sa prestation avait valu les commentaires stupides des deux têtes à claques ignares qui commentent les prestations, allant même, dans le cas de Rachel, jusqu’à ce demandait comme une fille aussi belle mais avec une telle voix pouvait avoir un petit ami, je vous laisse juge de la débilité de ce genre d’appréciation). Ce remplacement constitue un tournant dans la carrière d’Eths, qui sera attendu au tournant.

eths groupe

Mais le gros groupe de Marseille, c’est la machine de guerre Dagoba. Fondé en 1997, Dagoba, c’est un mélange entre le côté épique du power, un son indus avec l’utilisation du sampler, et la rapidité et la fureur du death. Cela donne un son puissant et des arrangements dignes d’une superproduction. Leur premier album, « Dagoba » pose les bases d’un son influencé par les américains indus de Fear Factory (pour le mélange double pédale d’une batterie supersonique et parties saccadées) et par moments rappelle les thrasheux de Machine Head.

Le successeur, « What Hell Is About ? » relève encore le niveau. Il possède une identité propre et regorge de tueries comme « Livin’ Dead ». Le chanteur et bassiste Vortex, du groupe de black symphonique norvégien Dimmu Borgir, apparait sur deux titres. Le troisième album « Face the Colossus » est plus mélodique, bardé d’instruments, avec des violons plus présents et le son de l’album est digne d’un blockbuster. Le plus impressionnant est le quatrième album intitulé « Poseidon ». L’album tourne entièrement autour du thème de la piraterie. L’ensemble des titres tourne autour du champ lexical marin (The Devil’s Triangle, The Horn Cape, jusqu’au bien furieux I Sea Red jouant sur le mot sea, mer en anglais, qui sonne comme l’expression I see red, voulant dire « je vois rouge »). On voyage sur cet album, avec une escale au Vietnam et en Chine lors du dyptique « Ha Lung/Shen Lung » (le premier est un instrumental qui introduit le second, un monstre de puissance).

L’album enchaîne les claques monumentales, c’est très bien travaillé et abouti, le sujet est bien creusé. La batterie de Francky Costanza et le chant de Shawter sont diversifiés. Je recommande ce très bon album, durant lequel, en se concentrant, on peut sentir les effluves de rhum, imaginer un la mer, un drapeau noir à tête de mort, sentir le souffle du canon. Le groupe s’impose comme un vaisseau amiral du metal français. Le dernier album a encore permis à la bande de Shawter de franchir un palier et de partir en tournée avec Epica et Dragonforce.

Dagoba

Enfin, Marseille est la patrie d’un acteur important de la scène metal, le label franco-américain Season of Mist, qui a signé des groupes comme Agressor, Anorexia Nervosa, Carpathian Forest, Dagoba, Eths, Gorgoroth, Kells, Mayhem, Morbid Angel, Pentagram, Psykup, Punish Yourself, Saint Vitus, Septicflesh, Sóllstafir, The Dillinger Escape Plan, Trepalium pour ne citer qu’eux.

Maintenant, cap vers le Languedoc-Roussillon. Cette région nous offre l’occasion de parler de trois groupes naviguant entre cette région et Paris. On commence avec Alcest, un groupe de Bagnols/Cèze qui a migré vers Paris. Au départ groupe de Black Metal le temps de la démo « Tristesse Hivernale », il est devenu projet solo du chanteur et multi-instrumentiste Neige et s’est tourné vers le metal atmosphérique. Le résultat a été trois très beaux albums plébiscités par les fans, « Souvenirs d’un Autre Monde », « Ecailles de Lune » et « Les Voyages de l’Ame », d’où est extraite la chanson « Autre Temps », ainsi que « Shelter » plutôt décevant. Le groupe a fait également un split album avec les lyonnais Les Discrets.

Du Gard, on redescend plus près de la mer, en direction de Montpellier. Adagio est un groupe lui aussi évoluant entre la capitale et l’Hérault. Formé en 1997 par le guitariste prodigieux Stephan Forté, alors fraîchement diplômé d’une école de musique, Adagio n’est pas le groupe le plus accessible. Leur musique combine metal neo-classique (de par l’influence du guitar hero Yngwie Malmsteen sur le jeu de Forté) à du metal symphonique et des influences de la musique contemporaine et du rock progressif, puis glissant au fil des albums plus sombres marqués par des éléments black et death. Ce qui a donné des albums assez complexes et d’excellente facture comme « Sanctus Ignis » (dont le final est une reprise d’Immigrant Song de Led Zeppelin), « Underworld » ou « Archangels in Black ».

Enfin, Mudweiser est l’autre groupe du chanteur Reuno Wangernez, du groupe parisien de fusion Lofofora, dont nous parlions dans la première partie. Le groupe distille un stoner bien gras magnifié par l’animalité du chant de Reuno. Le premier album, « Holy Shit », fourmillant de bombes comme « Elvis Loves Me », « Hoodoo Man » et « Missing in Action ».

Le EP 4 titres « Drug Queens » est quant à lui un concentré de morceaux énormes, le sommet étant la chanson « Cristal Death » et introduit des éléments qui annoncent la couleur de l’album suivant, à savoir une pochette peu engageante au premier abord mais dont la photo est très travaillée pour donner un aspect halluciné, des sonorités plus grasses, plus de distorsions, et des touches psychédéliques. « Angel Lust », sorti deux ans après l’EP reprend ses aspects, et montre en plus des influences bluesy. On entend même de l’harmonica sur certaines chansons comme « Swimming on the Bottom » et l’ovni « Black Bird » laisse tomber le stoner pour un bon blues à l’ancienne. Outre celles citées, l’album regorge de tueries alternant entre les chansons qui envoient du bois et d’autres plus moites et à la sensualité sauvage comme « Best Served Cold », «Foreplay» (instrumental hyper caliente), et « Burning Tree », voire mélangeant les deux comme « Back Road » avant de finir sur la furieusement torride reprise de « Nights in White Satin » des Moody Blues. Mudweiser est bien plus qu’un simple side-project, c’est un groupe proposant du très bon stoner, mêlant fureur et sensualité, porté par la voix si particulière du chanteur. Un des meilleurs groupes de cette catégorie en France.

On marque une pause, et on reprend la route vers la partie Ouest et Centre de l’Hexagone, je vous réserve le meilleur pour la fin.

eths

Discographie que je recommande

Loudblast “Frozen Moments Between Life and Death” et “Burial Ground”

Kells “Anachromie”

Les Discrets “Septembre et ses dernières pensées” et « Ariettes Oubliées »

Attentat Rock « Le Gang des Saigneurs »

Heavenly « Coming from the sky »

Dagoba “What Hell Is About” et “Poseidon” (que je recommande chaleureusement)

Alcest « Voyages de l’Ame »

Adagio « Sanctus Ignis » et « Archangels in Black »

Mudweiser « Holy Shit » et encore mieux « Drug Queens » et le must « Angel Lust »

@Nicolas


Retour à La Une de Logo Paperblog