Magazine Culture

Critique Ciné : Les Châteaux de Sable, passé retrouvé

Publié le 03 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Châteaux de Sable // De Olivier Jahan. Avec Emma de Caunes et Yannick Renier.


Les Châteaux de Sable est un film difficile à cerner. Disons que dès le début on ne sait pas trop où est-ce que l’on met les pieds, la narration en voix off venant directement nous dire ce que l’on voit à l’écran. J’ai tendance à ne pas être un très grand fan de la narration en voix off car c’est très rarement réussi. Pour ce qui est de Les Châteaux de Sable, j’ai trouvé le procédé assez idéal pour nous permettre de comprendre la personnalité de personnages (comme l’agent immobilière par exemple, la relation entre Eléonore et Samuel présentée au travers de photographies en noir et blanc). J’ai trouvé le procédé assez intelligent même si parfois un prend un peu trop de place dans le film à mon goût. J’aurais bien aimé que cela soit un peu différent. Cependant, j’ai beaucoup aimé le duo que Olivier Jahan a créé : Emma de Caunes (Le scaphandre et le papillon, Coluche l’histoire d’un mec) et Yannick Renier (Ainsi soient-ils, Une petite zone de turbulences) forment un ex couple tout simplement bluffant. Il y a une alchimie indescriptible que Les Châteaux de Sable parvient à mettre en scène de façon très légère et directe. On a l’impression dès le début du film que l’on a vu ces deux là pendant d’autres films auparavant. C’est une vraie force de ce récit qui n’a pas une base si originale que ça.

Éléonore, la trentaine, vient de perdre son père. Il lui a légué sa maison en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est photographe, a connu un certain succès mais les affaires ne marchent plus comme avant. Il faut absolument qu’elle vende cette maison.
Elle s’y rend avec Samuel, son ancien compagnon dont elle s’est séparée il y a quelque temps, parce qu’elle ne se sent pas d’aller seule dans cette maison où elle n’est pas retournée depuis la mort de son père. Mais elle joue avec le feu - car elle sait bien que leur relation ne s’est pas franchement apaisée, même si elle a eu depuis quelques aventures et que Samuel vit à présent avec Laure. Claire Andrieux, l’agent immobilier, s’est occupée d’organiser des visites durant les deux jours où Éléonore et Samuel vont rester dans la maison.

Ce qu’il y a d’étrange également dans l’écriture de Les Châteaux de Sable c’est le fait que le film puisse osciller entre des scènes criantes de beauté et des moments où le film laisse le spectateur de marbre. On enchaîne alors de beaux moments (surtout quand Eleonore et Samuel sont ensemble à l’écran finalement) et d’autres qui n’ont pas de grand intérêt et d’autres qui prêtent énormément à rire (le coup de la kleptomane, je l’avais pas vu venir). Mais Les Châteaux de Sable n’est pas qu’un drame, c’est aussi une vraie comédie légère comme tout. Le but est de poser des questions à ces personnages, de leurs demander de faire un bilan de leur vie, de ce qu’ils ont besoin de faire pour tenter de se reconstruire (et l’on sait très bien que ce n’est pas quelque chose de facile). L’enchaînement des visites n’a donc pas de grand intérêt et n’apporte même rien de bien nouveau au récit. Au contraire, le film est plus intéressant lors de ces scènes d’ex couple. Le scénario étant très littéraire, très écrit, forcément c’est ce genre de scènes qu’il y a de plus intéressant, surtout que cela permet bien souvent au spectateur de se rendre compte des sentiments des deux personnages, ce que l’on n’aurait peut-être pas cerné tout de suite au travers de la mise en scène d’Oliver Jahan.

Il ne faut pas trop se fier à ce que Les Châteaux de Sable nous présente au travers de son pitch de base. En effet, cela ne donne pas vraiment envie sur la papier alors qu’à l’écran c’est bien plus intelligent. Parmi les plus belles scènes de ce film on retrouve notamment une scène de dîner, l’accent de Yannick sur les travaux de la terrasse, la fin du film, etc. C’est ce genre de moment qui font le vrai succès de Les Châteaux de Sable. L’issue du film est tout de même assez facile et j’aurais aimé une fin aussi complexe que la structure du film (qui n’a pas le découpage le plus simple du monde, entre narration, visites et moments de nostalgie d’un couple qui s’est laissé abandonné tout espoir de se remettre ensemble un jour). La mise en scène d’Oliver Jahan n’est peut-être pas très subtile mais elle permet en tout cas de mettre en avant pas mal de belles choses dans ce film (notamment les scènes d’ex couple qui avaient besoin d’appuyer sur les regards, les émotions des personnages, royalement pour ça qu’il utilise dans ces confrontations des plans larges puis de plus en plus serrés sur les visages et particulièrement les regards). Les Châteaux de Sable est donc une bonne surprise mais aussi un film qui n’arrive pas à aboutir complètement à ce qu’il voulait probablement être.

Note : 5/10. En bref, comédie douce amère qui vaut pour ses scènes de couple plutôt au diapason. Le reste n’était peut-être pas utile (même si cela justifie en grande partie ces scènes de couple).


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delromainzika 18158 partages Voir son profil
Voir son blog