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Émeutes en Algérie : Le foot comme détonateur…

Publié le 30 mai 2008 par Algy
Après les émeutes de la faim (ici) voici les émeutes du foot (ici). Cette semaine, de violentes émeutes ont secoué la ville d'Oran suite à la relégation du club de foot : véhicules saccagés, pillages, agences bancaires attaquées, barricades sur la rue principale, population apeurée…Comment expliquer de tels excès de violence?
D’après Tout sur l’Algérie : " Les Algériens s'inquiètent sérieusement de la prolifération de ces émeutes urbaines et la de la forte tension sociale qui règne dans le pays à la veille d'échéances électorales importantes, comme l’éventuelle élection présidentielle d'avril 2009. (…) D'autant que le gouvernement semble incapable de prévoir et contenir les violences urbaines. Les autorités n'arrivent toujours pas à expliquer les facteurs à l'origine de ces émeutes récurrentes. L'Algérie connaît ces derniers mois une moyenne de deux à trois émeutes par jour, selon des sources sûres. Le silence des autorités aggrave l'incertitude qui règne dans le pays. L'embrasement est redouté par de nombreuses personnes qui craignent des émeutes à grande échelle comme celles qui ont endeuillé le pays le 5 octobre 1988. Vingt ans après ces évènements tragiques qui avaient fait des centaines de morts, les autorités algériennes n'ont toujours pas trouvé de solutions viables aux problèmes sociaux et économiques du pays. "
D’après Le Monde : "A défaut d'une vie politique crédible, les émeutes sont devenues une forme d'expression banalisée en Algérie. Ces derniers mois, elles ont pris un tour de plus en plus violent. Les plus graves ont touché la ville de Berriane, près de Ghardaïa, à 900 km au sud d'Alger, où des incidents entre jeunes ont tourné à l'affrontement communautaire entre Arabes et Mozabites, faisant deux morts et des dizaines de blessés. (…) Ces violences, qui se déclenchent parfois pour des prétextes anodins, traduisent une exaspération grandissante alors que le pays vit dans un état d'hibernation politique prolongé. La campagne lancée il y a quelque mois pour un changement de la Constitution permettant à M. Bouteflika de briguer un troisième mandat présidentiel s'atténue. Selon Le Quotidien d'Oran, "l'intensité dramatique des émeutes" va imposer un "changement radical" dans les prévisions du pouvoir. A en croire ce journal, le ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, "aurait émis des réserves" à l'idée d'un troisième mandat de M. Bouteflika. "
D’après Les Observateurs : " Evidemment, le foot n'est qu'un défouloir et il y a d'autres raisons derrière ce comportement. C'est d'abord la conséquence d'un sentiment de frustration que ressentent les jeunes Algériens. Ils voient des belles voitures passer et ils ne comprennent pas d'où elles sortent. Car leurs conditions de vie à eux ne s'améliorent pas. L'Algérie vit sur une rente pétrolière. Le pays ne parvient pas à développer son industrie et vit une phase de transition économique permanente. Ensuite, les jeunes Algériens ne sont pas assez encadrés. Le milieu associatif est faible et ils ne croient plus en la politique. Ils n'ont pas d'espoir que les choses changent. Ce genre d'émeutes pourrait se produire dans les autres pays de la région. Si ça n'arrive pas au Maroc ou en Tunisie, c'est parce que ce sont des régimes plus autoritaires. Ici, la police a plutôt bien géré la situation, se contentant d'utiliser des gaz lacrymogènes."
Il y a quelques mois, j’ai rédigé un post intitulé, Blogosphère, stades de foot: même exutoire pour frustrés dont je republie quelques extraits :
"Sous les régimes dictatoriaux, les stades de football demeurent l’un des derniers endroits où les mouvements de foule déchaînée sont encore tolérés ; ils s’y expriment un mélange explosif de haine, de racisme, de grossièretés et de sentiments régionalistes exaltés. Alimentée par la rage, cette énergie mal canalisée est dévoyée de toute utilité sociale pour se perdre dans l’insulte et la vindicte. "
"Au passif des autocrates s’ajoute donc la perte de «sens» à la quelle nous assistons puisqu’en verrouillant le système par les cadenas du népotisme, du clientélisme et de la corruption, ils ne fabriquent que des foules de frustrés et d’extrémistes. Serait-ce déjà trop tard pour arrêter cette gangrène ? "

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