L'ONU réclame un accès des agences humanitaires aux milliers de Palestiniens bloqués. Le régime syrien s'est déclaré prêt mardi à fournir des armes aux
organisations palestiniennes pour chasser le groupe Etat islamique du
camp de Yarmouk à Damas, où la situation humanitaire ne cesse d'empirer.
La
dégradation de la situation a poussé le Conseil de sécurité de l'Onu à
réclamer un accès des agences humanitaires aux milliers de Palestiniens
qui se retrouvent bloqués
à Yarmouk depuis l'assaut des jihadistes le 1e avril. Dans le camp,
situé à seulement huit kilomètres du centre de la capitale syrienne, les
accrochages ont cessé mais le régime poursuit ses bombardements aux
barils d'explosifs.
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a
reçu une délégation palestinienne dirigée par Ahmed Majdalani pour
discuter des moyens de protéger les habitants du camp.
"A l'exception
d'une intervention directe de l'armée, les autorités syriennes sont
prêtes à soutenir par tous les moyens, y compris militaires, les
combattants palestiniens", a affirmé à l'AFP Anouar Abdel Hadi,
représentant de l'OLP à Damas, après la rencontre.
Cité par l'agence
officielle Sana, M. Moqdad a souligné "la détermination de la Syrie et
de l'OLP à combattre le terrorisme, qui s'est étendu aux camps de
réfugiés palestiniens, notamment Yarmouk". Il a ajouté que "le
gouvernement syrien a fourni une aide humanitaire et médicale aux frères
palestiniens".
"Il faut désormais un consensus entre les 14
organisations palestiniennes en Syrie et le gouvernement syrien pour
imposer la sécurité dans le camp", a précisé à l'AFP M. Majdalani. Une
réunion est prévue mercredi à ce sujet.
Si tous souscrivent, un tel rapprochement représenterait un
changement important car ce quartier était devenu fin 2012 un champ de
bataille entre forces du régime et rebelles syriens, appuyés chacun par
des groupes palestiniens.
Les organisations palestiniennes présentes
dans le camp sont en effet majoritairement hostiles à Bachar el-Assad.
Mais l'arrivée de l'EI à Yarmouk représente une sérieuse menace pour le
régime car le groupe ultra-radical n'a jamais été aussi proche du centre
de la capitale. "Son objectif est de contrôler un secteur de Damas",
estime Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits
de l'Homme (OSDH).
Des résidents terrorisés ont raconté à l'AFP
leur fuite du plus grand camp de Syrie après une semaine de combats
féroces entre l'EI et des groupes palestiniens armés.
"J'avais
l'habitude de comparer le camp à une grande prison où les détenus n'ont
pas la possibilité de satisfaire leurs besoins élémentaires. Maintenant
c'est pire", a témoigné Samer, resté à Yarmouk. "La situation médicale
est horrible car tous les médecins ont quitté le camp. Il ne reste que
quelques infirmiers", dit-il.
Situation catastrophique
Le Conseil de sécurité a
appelé lundi "à protéger les civils et à assurer un accès humanitaire
au camp pour fournir une aide "vitale" aux habitants.
Le commissaire
général de l'UNRWA (agence de l'Onu pour l'aide aux réfugiés
palestiniens), Pierre Krähenbühl, a informé le Conseil de la "situation
humanitaire totalement catastrophique" dans le camp où les habitants
"survivent à peine" avec 400 calories par jour.
Depuis 2012, Yarmouk a
été soumis à un siège impitoyable de la part du régime, provoquant la
mort de près de 200 personnes par malnutrition et d'absence de
médicament, d'après l'OSDH.
"Mais il y a un avant et un après l'entrée de l'EI", a expliqué M. Abdel Hadi.
Les combats depuis le 1er avril ont fait au moins 38 morts -huit
civils et 30 combattants-, selon l'OSDH. Parmi eux, sept membres du
principal groupe palestinien combattant l'EI, Aknaf Beit al-Maqdess
(affilié au mouvement Hamas) ont été exécutés, dont deux décapités par
l'EI.
L'EI a raflé la plupart des quartiers du centre, du sud, de
l'est et de l'ouest, tandis que les Palestiniens contrôlent le nord et
le nord-est, selon l'ONG.
Selon un responsable palestinien à Damas, 500 familles, soit environ 2
500 personnes, ont déjà fui ce grand quartier populaire avec des
immeubles, des hôpitaux, des écoles et des commerces.
"Je suis sortie
du camp malgré moi. J'y étais restée en dépit des bombardements et de
la famine", assure à l'AFP Oum Oussama, une mère de famille de 40 ans.
"C'était terrible, on mangeait des herbes, mais j'étais chez moi".
L'arrivée de l'EI l'a poussée à la fuite. "Leur comportement n'est pas
humain et leur religion n'est pas la nôtre", dit cette femme maigre aux
yeux cernés.
Source : Lorientlejour