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Vegan, ou mon petit souci de conscience

Publié le 08 avril 2015 par Junkan @JunkanMood
Je crois que je suis entrée dans une spirale infernale. Juste avant d'écrire ce billet, alors que je grognotais un bout de comté, une petite voix dans ma tête s'est mise à me crier: "Immonde créature sans coeur! Sais-tu ce que la vache et le veau ont enduré pour que tu puisses manger ton bout de fromton là? Tout ça pour quoi? Pour ton petit plaisir d'humaine égoiste? Et tu arrives à vivre avec ça?"
Et là, je me suis dit que ça allait être compliqué. Retour à l'origine de la chose.
vegan blog lifestyle
Le mode de vie vegan m'est connu depuis je dirais une quinzaine d'années maintenant. Il ne m'a jamais choqué, je ne me suis jamais dit que les végétariens et végétaliens étaient des bouffeurs de salade en carence morbide, et globalement, je leur ai foutu la paix, et réciproquement. L'Homme est ominivore, et en ce qui me concerne, il est normal pour un être humain de se nourir en partie de viande, comme il est normal pour le lion de croquer de la gazelle. 
Toutefois, à force de discuter avec des vegans de leurs convictions, à force de lire des choses sur l'élevage, de voir des documentaires, et le trou dans la couche d'ozone, j'ai fini par comprendre que le problème n'était pas tant le fait de manger de l'animal, mais plutôt comment l'Homme est passé de partager un buffle avec toute la tribue 1 fois par mois après une chasse dangereuse, à engraisser des boeufs par millions histoire qu'on puisse en avoir tous les jours dans notre assiette. Et j'ai décidé il y a déjà plusieurs mois de lever le pied, et de ne manger de la viande que de temps en temps.
J'ai comblé avec des céréales et des oeufs, et la viande, à raison de 2 ou 3 fois par semaine grand max, ne me manque pas.
Black beans houmous & cake aux légumes et ossau iraty #food #foodies #homemade #veggie #vegan Une photo publiée par Junkan (@junkanmood) le 6 Avril 2015 à 11h21 PDT
Y'a quand même des recettes à s'en taper le cul par terre...
Touchée aussi par la grande cause de bio (de manière logique), j'ai commencé à découvrir une plus grande variété cullinaire en allant taper un peu du côté des substituts végétariens. Du coup, quand j'ai vu ce joli livre de Marie Laforêt, intitulé simplement Vegan, samedi dernier en faisant du shopping, et en ayant entendu que du bien, je me suis dit que ça serait un bon support pour découvrir tout plein de nouvelles recettes.
En commençant à le feuilleter, je me suis dit "trop chouette, je vais pouvoir cuisiner plus sain, plus écolo, et plus original!". 
Avant de me plonger vraiment dans les recettes, j'ai lu toute l'introduction et là... c'était le début de la fin. Ce qu'elle explique est très bien, et très intéressant. Très dur aussi, parce que ça nous jette en pleine face tout ce que notre mode de vie outrageusement omnivore a comme conséquence. Elle conseille de regarder le documentaire Earthlings, qui montre de quelle façon l'Homme domine l'ensemble des autres espèces animales, avec des images choquantes mais réelles. Et tout ça, c'est très bien, parce que ce sont des choses que nous savons tous au fond, mais que l'on préfère souvent éviter de voir parce qu'on sait que sinon, on aura un petit souci de conscience, et c'est un peu relou.
Sauf si on n'en a rien à faire de la cause animale et qu'on assume le fait de se positionner en espèce supérieure qui s'octroie le droit de faire souffrir les autres êtres vivants pour son propre plaisir. Il y a des gens comme ça et je ne les juge pas une seule seconde, on a tous notre propre sensibilité et elle ne se contrôle pas. Je trouve même que ces gens sont chanceux parce que du coup ils ne se retrouveront jamais dans ma situation.
Parce que moi, là de suite maintenant, je me sens vachement coupable, mais pas seulement de manger de la viande, dont je peux réellement aisément me passer.
Sauf que si je refuse qu'on élève des bêtes la plupart du temps dans des conditions minables, pour ensuite les tuer pas vraiment sans douleur, ou qu'on tue des créatures pour de la fourrure ou du cuir que je porterai, pourquoi est-ce que j'accepterai qu'on leur arrache leurs bébés pour obtenir leur lait, qu'on leur râcle l'estomac pour faire fermenter le fromage que j'aime temps, ou qu'on exploite leurs maisons pour leur retirer le miel qui apaisera mon mail de gorge? Est-ce qu'être végétarien et pas végétalien ce n'est pas faire seulement la moitié du chemin?
Est-ce que je peux trouver un degré de souffrance animale acceptable, jusqu'à une certaine limite, pour pouvoir conserver mon confort? 
Mon souci aujourd'hui, c'est ça : soit je continue de consommer comme je le fais, en me rappelant ce que des animaux ont subit pour ça, soit je change mon mode de vie, mais d'un seul coup, c'est un peu violent, et pas forcément réalisable.
Alors j'en appelle à vous, vous qui avez déjà passé le pas, vous qui avez peut-être résolu ces problèmes de conscience : comment avez-vous fait? Si vous êtes passés à un mode de vie vegan, comment ça s'est passé? Par quoi remplacez-vous la viande, le lait, les oeufs, le miel? Est-ce que ça vous coûte un bras et une demi-jambe?  Comment gérez-vous votre entourage? Est-ce que vous continuer à consommer des produits animaux en dehors de chez vous pour ne pas emmerder le monde? 
À l'heure actuelle, j'avoue que je ne sais pas vraiment ce que je souhaite faire. Diversifier mon alimentation, la rendre plus responsable, oui, c'était le but premier. Mais je ne sais pas encore si j'arriverai à me dire "oui, parfois, pour mon propre plaisir, pour un bout de fromage que j'aime tant, j'assume que des animaux aient du souffrir, même si objectivement, je trouve ça inacceptable".
J'ai un peu l'impression d'être une mauvaise personne dans l'immédiat, vous croyez que ça va durer?
xx

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