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l'enfant adopté

Publié le 22 mars 2015 par Dubruel

~~d'après AUX CHAMPS de Maupassant

M. et Mme de Froment N'avaient pas d'enfant. Dans toute la région, Ils cherchaient à adopter un jeune garçon. Un jour, ils s'arrêtèrent Au lieu-dit La Bouliére. -" Oh ! Regarde, Edmond, Ces deux enfants qui jouent Comme ils sont mignons !... Je vais les embrasser sur la joue. Le mari ne répondit pas, Habitué à ces éclats Qui sont un reproche pour lui ...Et pour elle, un calvaire. Elle courut vers la chaumière Et prit dans ses bras un des petits, Jean, le dernier-né des Laudret. Elle alla voir ses parents : -" Comme nous n'avons pas d'enfants, Nous voudrions l'adopter. On vous servirait des mensualités De cent francs. Et à sa majorité, on lui donnerait Vingt mille francs. " -"Vous voulez que j' vous l' vendions ? Ah ! Non. Ce s'rait une abomination. " Alors Mme de Froment demanda : -" Et celui-là ?..." -" Il est à nos voisins Dufour. " Mme de Froment traversa la cour Et renouvela très prudemment Sa proposition aux autres parents. Très ébranlés, les Dufour hésitèrent, Se considérèrent, Puis le mari s'enquit : -" C'te rente, c'est du promis ? " -" Mais certainement. " -" Cent francs, c'est point suffisant. Not' Armand travaillera dans quéqu'z' ans. I' nous faut cent quarante francs. " -" Je suis d'accord." dit Mme de Froment Les Laudret agonisèrent d'ignominies Les Dufour qui venaient d'accepter De se séparer de leur fils Armand : -" C'est une saleté, Une corromperie De vendre ainsi son éfant. On vend pas nos p'tiots, nous. On est pas riche, nous Mais on vend pas nos éfants ! " Grâce aux généreuses mensualités, Les Dufour vécurent aisément. Les Laudret restèrent dans la pauvreté. Bien des années après, Le fils Laudret qui ratissait la cour Vit entrer chez les Dufour Un dandy élégant Il reconnut son ancien camarade Armand. Alors Jean alla vivement Reprocher à ses parents : -" Faut-il Qu' vous ayez été imbéciles Pour avoir refusé l'offre des Froment. " -" Nous, on n'aurait pas abandonné not' éfant Même pour cent mille écus, Vois-tu! " -" Des parents comme vous, Ça fait l' malheur des éfants. " -" Hé ben ! Tuez-vous Donc pour élever des éfants ! " Le fils Laudret reprit rudement : " Hé ben ! Quand j'ai vu l'Armand, J' me suis dit V'là c' que j' serais aujourd'hui ! "


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