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C'est beau l'économie

Par Jb
medium_calculatrice.jpg Depuis plusieurs jours, nous sommes tous matraqués par de pseudo-débats.
D’abord, le "choc fiscal" que veut provoquer le gouvernement pour relancer la confiance et surtout la croissance. Après avoir coûté une bagatelle, on nous dit maintenant qu’il va coûter au minimum 11 milliards, quant aux pessimistes ils vont jusqu’à 15. Bof, on n’est plus à 4 milliards près ! Pour les uns ce choc aura toutes les vertus, pour les autres ça ne va faire que creuser un peu plus le déficit public.
Ensuite la TVA sociale, le tout nouveau gimmick à la mode. Pour les uns la panacée, pour les autres une connerie monumentale qui va achever de nous envoyer là où nous allons de toute façon gaiement : dans le mur.
Je ne suis pas économiste, à mon niveau je n’ai absolument aucune expertise à apporter. Ma perception de la chose peut donc être d’autant plus dépassionnée, éventuellement intéressante. Que pense un citoyen pas trop débile, raisonnablement cultivé, mais sans compétences économiques particulières ?
D’abord, qu’il est comme toujours amusant de constater qu’on ne sortira jamais du manichéisme. A droite on nous explique que tout ça est génial, révolutionnaire, totalement calculé et maîtrisé, d’un professionnalisme exemplaire. A gauche on nous explique que c’est très mal et qu’il faudrait faire exactement l’inverse, que c’est injuste, inefficace, qu’il faut tout jeter.
Qui donc pourrait les mettre d’accord ou tout au moins nous éclairer, nous aider à comprendre s’il y a un juste milieu là-dedans ? Les médias ? Que nenni, ils se contentent de compter les points, de reprendre les arguments des uns puis des autres, sans trancher, sans même vaguement émettre un point de vue (à part Jean-Marc Sylvestre dont on connaît tous la neutralité).
Cela voudrait-il dire qu’il n’y a rien à trancher ? Qu’il n’y a donc aucune objectivité, aucun consensus possible sur aucune de ces questions pourtant cruciales ? Cela voudrait-il dire que seul l’objectif du gain de 1 point de croissance est partagé, mais que sur les solutions en revanche personne ne pourra jamais se mettre d’accord sur rien ? Comme ils disaient dans X-Files, "la vérité est ailleurs". Sauf qu’elle est toujours ailleurs, on ne sait pas où exactement. Du coup on ne la trouve jamais.
Bref si les politiques s’écharpent entre eux, si les médias n’en savent rien parce que de toute façon ils sont aussi cons que moi, il nous reste les experts, en l’occurrence les économistes. Peut-être n’ai-je voulu lire et écouter que les oiseaux de mauvais augure, mais il me semble que beaucoup émettent de très fortes réserves. Plus encore, d’ailleurs, sur le prétendu "choc fiscal" que sur la TVA sociale. C’était le cas, par exemple, de Philippe Aghion (professeur à Harvard) mardi matin dans les "Matins" de France Culture. Il doute de l’effet positif de ces dépenses. Il ne s’agit, expliquait-il, en aucun cas de dépenses structurelles pouvant à terme amener un retour de la croissance, ce qui fait que le creusement de la dette sera difficilement justifiable auprès de nos partenaires européens. Ce qui est mis là ne pourra être mis ailleurs, en outre ce qui est dépensé là devra être économisé (au moins partiellement) ailleurs. Suivez mon regard...
Par conséquent, j’ai bien l’impression qu’on n’avancera pas dans le débat rationnel, dans la discussion ouverte, dans la confrontation des points de vue, dans les éventuels recadrages. D’abord parce que personne n’en a apparemment envie, ensuite parce que le Parlement sera une parodie, enfin parce que les Français se sont exprimés clairement et sans ambiguïté et qu’ils ont donc filé un chèque en blanc à notre gouvernement. Lequel travaille sans relâche ses dossiers depuis deux ans. Même The Economist eh ben il avait dit que le programme de l’UMP c’était largement le meilleur, et toc. Alors par pitié quand on sait pas on ferme sa gueule.
Puisque, donc, on ne pourra rien dire ni faire en amont, je propose quelque chose pour l’aval. Ça tient en un mot. Sarko et ses potes sont censés adorer ça, sauf que bizarrement j’émets des doutes sur le fait qu’ils se l’appliqueront à eux-mêmes. Ce mot magique, c’est évaluation.
Laissons donc faire, certes, puisque la machine est partie et que rien ne pourra l’arrêter, mais au moins ensuite jugeons sur pièce. Avec une vraie évaluation, un vrai bilan. Pas des chiffres trafiqués ou du verbiage rhétorique, mais une évaluation indépendante (ça doit quand même exister non ?). Si on arrive à prouver que le "choc fiscal" amène du bon dans les années qui viennent, alors très bien. En espérant que les types de gauche le reconnaissent. Si, à l’inverse, on arrive à prouver qu’onze milliards d’euros supplémentaires sont partis en fumée, sans effet quelconque sur la croissance ou le pouvoir d’achat, alors tant pis, on n'était plus à une connerie près. En espérant que les types de droite le reconnaissent.
Mais bizarrement, j’ai comme l’impression que même ça, ce truc tout simple, l’évaluation des résultats, même ça ni les médias, ni les experts, ni surtout les politiques n’arriveront à le mener. D’ailleurs qui se souviendra, dans deux ans, trois ans, des discussions d’aujourd’hui ? Personne. D’ailleurs personne ne se souvient déjà plus des débats sur la dette d’il y a trois mois, lorsque tout le monde s’accordait à dire que la dette c’est pas bien.

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