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Entre la finance et la démocratie, la Grèce a choisi

Publié le 09 avril 2015 par Despasperdus

« Nous sommes un gouvernement de gauche. Si nous devons choisir entre un défaut de paiement envers le FMI ou faillir envers notre peuple, c’est tout vu ». (déclaration d'un haut fonctionnaire grec)

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C'est le genre de déclaration qu'on rêverait d'entendre en France de la part d'un haut-fonctionnaire nommé par le gouvernement, par exemple de la Cour des Comptes qui expliquerait doctement que les services publics ne peuvent être gérés comme une entreprise privée.

Ce qui se passe en Grèce depuis des années est une leçon pour l'ensemble des peuples européens, et pour la gauche. A l'instar des pays sud américains passés sous les fourches caudines de la finance, après des années d'une austérité imposée par des instances internationales pour rembourser une dette indigne dont il n'a jamais profité, le peuple grec s'est débarrassé des partis dominants de droite et de la social démocratie.

Depuis la victoire de Syriza, fin janvier 2015, les événements s'accélèrent et l'oligarchie internationale, en particulier européenne avec les Macron, Moscovici, Draghi, Hollande, Merkel, Rajoy, montre son vrai visage. Ces gens-là se moquent de la démocratie et de la volonté populaire. Junker, le président de la commission européenne - lobbyiste du paradis fiscal luxembourgeois - a prononcé cette phrase stupéfiante :

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

Ainsi, ont-ils tenté d'humilier le gouvernement Tsipras en exerçant un grossier chantage qui peut se résumer de la façon suivante : si tu ne poursuis pas la politique de casse sociale et de privatisations de tes prédécesseurs, nous coupons la pompe à phynances. Et, la Grèce sera en faillite...

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Sauf que la situation d'un pays en faillite n'est pas comparable à celle d'un ménage. En l'occurrence, la banqueroute d'un pays peut s'avérer moins pire pour un peuple que de devoir payer ad vitam æternam les intérêts d'une dette causée par des élites corrompues. Cela, Tsipras et son gouvernement le savent contrairement à cette bande de technocrates incultes.

Aussi a-t-il tenté de négocier : vous voulez que la Grèce soit réformée ? Cela tombe bien, nous aussi, sauf que nous mettrons en œuvre nos propres réformes, celles pour lesquelles le peuple nous a porté au pouvoir. Ce faisant pour gagner du temps, le gouvernement Syriza a fait preuve de bonne volonté, mis un peu d'eau dans son retsina en faisant voter seulement les mesures d'urgences humanitaires.

L'accord signé, la Grèce devait être tranquille jusqu'au mois de juin. Or immédiatement après, l'oligarchie européenne n'a pas respecté sa parole. Elle s'est mise à exiger encore plus du gouvernement grec pour le contraindre à renier son programme et ses promesses électorales.

Mi-mars, Tsipras est allé renégocier à Bruxelles, et même en Allemagne. Tous les médias dominants ont joyeusement annoncé qu'il avait cédé et accepté une réforme des retraites, les privatisations et que le train de mesures austéritaires suivrait incessamment sous peu...

Mais, à la différence des autres politiciens européens, Tsipras a conscience que la finance, cette bande organisée qui devrait porter le nom de mafia, a placé ses représentants au plus haut niveau au sein de la zone euro. L'attitude du premier ministre avait valeur de démonstration pour le peuple grec et les peuples européens : démontrer que la zone euro est dirigée par une bande d'oligarques soumis aux intérêts de la finance, dont certains ont déjà directement travaillé pour elle (Draghi), et d'autres rêvent de la rejoindre.

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Par son intégrité, son sens politique et son courage à ne pas trahir son mandat, à résister au chantage et aux pressions, le gouvernement Syriza a fait de l'éducation populaire. Il n'était pas mandaté pour aller au clash. La rupture avec la zone euro ne figurait pas dans son programme.

Mais le peuple grec a ainsi compris qu'il était face à une bande de néo-colons pleine de mépris pour la démocratie et la justice sociale, et qu'il n'avait rien à attendre de bon de ces gens - là.

Grâce à cette prise de conscience, Syriza bénéficie aujourd'hui d'un soutien populaire plus large qu'au soir des élections alors qu'il n'a pu mettre en œuvre son programme. D'ailleurs, le ministre de l'économie a prononcé cette phrase lourde de sens :

« il faudra nous soutenir après la rupture »

Le gouvernement Syriza a bien l'intention de respecter sa parole, au sein de la zone euro ou en dehors.

Finalement, un gouvernement de gauche ne devrait-il pas toujours œuvrer pour le peuple AVEC le soutien du peuple mobilisé ? En refusant de se plier aux diktats de l'oligarchie et de rembourser aveuglément une dette qui profite à la finance ?

En attendant, soit la rupture avec cette zone euro néo-coloniale qui étouffe la Grèce, soit la défaite en rase campagne des austéritaires de la commission de Bruxelles, le gouvernement Syriza ne reste pas les bras croisés. Il a remis sur la place publique la demande de remboursement de la dette allemande, et surtout, il a créé une commission d'audit de la dette grecque.

Sur cette dernière décision politique, le discours de la présidente du parlement grec est une déclaration de guerre à la finance et à l'oligarchie : En Grèce, la finance a un ennemi, il est au pouvoir et il mène la bataille. Et, il se pourrait bien que la flamme grecque incendie la plaine européenne...

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