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La ville sourde et silencieuse : un voyage dans l’oeuvre de Fastenaekens

Publié le 09 avril 2015 par Jebeurrematartine @jbmtleblog
Nocturne (extrait), Zeebrugge, 1980.© Gilbert Fastenaekens

Nocturne (extrait), Zeebrugge, 1980.© Gilbert Fastenaekens

Découvert à l’occasion de son exposition rétrospective au Botanique à Bruxelles, Gilbert Fastenaekens est un photographe bruxellois né en 1955, déjà récompensé en 1986 du prix Kodak de la critique photographique française.

Par des tirages de grandes dimensions, l’exposition « In silence » propose de le découvrir dans son travail sériel à travers 9 ensembles majeurs et emblématiques de sa démarche, à commencer par sa série Nocturnes, du début des années 1980. Dans ce travail particulièrement annonciateur de son rapport à l’espace urbain et à l’image comme expression des visions plutôt que de vues, il saisit la ville dans son vide apparent, dans un noir pourtant chargé d’une activité silencieuse, comme cette étoile filante dont la longue exposition photographique a mémorisé la trajectoire lumineuse.

La ville sourde et silencieuse : un voyage dans l’oeuvre de Fastenaekens
La ville sourde et silencieuse : un voyage dans l’oeuvre de Fastenaekens
La ville sourde et silencieuse : un voyage dans l’oeuvre de Fastenaekens

Toutes les séries ont en commun une volonté d’objectivité documentaire alliée à des visions fantasmées, produits d’une démarche artistique aux multiples influences. En effet, l’artiste cite aussi bien Edward Hopper que les mouvements artistiques des New Topographics états-uniens ou les photographes conceptuels de l’école de Dusseldorf, tels que Bernd et Hilla Bechner. S’il saisit la ville dans ses recoins, détails, rapport à l’organique ou simple banalité, il emprunte et enrichit ses images d’un fantasme archéologique.

Photographe, artisan du paysage d’un monde post-industriel, d’une ville post-urbanisation, il saisit les monumentales traces d’une humanité aux créations imparfaites, et éphémères. Le sujet apparemment apocalyptique avant l’heure s’enrichit d’un regard plus complexe, dont les visions troubles façonnent un monde dont la ruine sera peut-être la plus belle trace que nous puissions laisser. L’inachevé ou le transitoire constituent une forme de « non finito » photographique, et formulent ainsi les multiples possibilités de mutations de notre environnement.

Essai pour une archéologie imaginaire (extrait), Hagondange (France), 1985 © Gilbert Fastenaekens

Essai pour une archéologie imaginaire (extrait), Hagondange (France), 1985 © Gilbert Fastenaekens

Visuellement inhabitée, l’œuvre ici présentée porte le regard hyper-cohérent et omniprésent de son auteur… Jusqu’à la série « Noces », énigme irrésolue de ma visite, que j’attribue sans aucun doute à un nécessaire retour à la nature. Il ménage comme une respiration et se soulage d’un regard parfois trop lourd porté sur nos murs quotidiens.

Méditatif, contemplatif, et esthétisant, l’objectif de Fastenaekens est celui d’un néo-romantique, passeur de l’esthétique de la ruine, bâtisseur des mythes et légendes de demain.

Noces (extrait), 1988-1995. © Gilbert Fastenaekens

Noces (extrait), 1988-1995. © Gilbert Fastenaekens

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Le travail de Gilbert Fastenaeken est à retrouver à la galerie Les Filles du Calvaire


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