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CINEMA: Une belle fin (2013) de/by Uberto Pasolini

Par Bullesdeculture @bullesdeculture


CINEMA: Une belle fin (2013) de/by Uberto Pasolini
Uberto Pasolini, réalisateur italien immigré à Londres, aborde avec délicatesse le thème de la mort et la question de l’oubli dans nos sociétés contemporaines. Une belle fin (Still Life, 2013) est un film sincère, très juste, et qui fera débat. Notre avis.
In Still Life (2013), Italian filmmaker Uberto Pasolini who now lives in London, addresses death and oblivion in our contemporary societies with great delicacy.Still Life is a genuine and thoughtful film which deserves our true acknowledgement. Our opinion.More in English >> (Translation in progress, come bubble later)
Synopsis : John May (Eddie Marsan) travaille comme employé des pompes funèbres dans la ville de Londres. Il est chargé de retrouver les proches des défunts dont la famille est inconnue, et d’organiser leurs funérailles. John May s’investit pleinement dans cette mission en apparence ingrate. Au contact des autres, les morts et les vivants, il découvrira le sens de sa propre vie.
Uberto Pasolini atterrit pour la première fois sur un lieu de tournage en 1983, en tant que stagiaire sur le sublime La déchirure de Roland Joffé. Il se lance dès lors dans la production. À ce jour, son plus grand succès en tant que producteur est The Full Monty (1997).

CINEMA: Une belle fin (2013) de/by Uberto Pasolini

© Version Originale / Condor

Loin de l’idée d’une bureaucratie vaine ou plombante, Une belle fin décrit la valeur humaine de l’activité des pompes funèbres, un sujet déjà magnifiquement abouti dans la série HBO Six Feet Under (Alan Ball, 2001-2005).
Pasolini constate « une perte de forme d’humanité de notre société, dans notre façon de traiter les plus vulnérables. (...) Une belle fin compare ce qu’il se passe aujourd’hui et ce qu’il se passait il y a une cinquantaine d’années. En Europe, il était normal que trois générations s’entraident, habitent la même maison. Je voulais comprendre pourquoi aujourd’hui, on peut être seul et ce que cela veut dire. »
À première vue, John May ressemble à un Lonely Heart, ce ou cette voisine inconnue dont on perçoit toute la solitude par la fenêtre chez Hitchcock dans Fenêtre sur cour (Rear Window, 1954). Un appartement désuet rangé au millimètre près, un quotidien monotone et une personnalité ennuyeuse, semble-t-il, impression créée à l’écran par l’usage de plans fixes et d’une image délibérément désaturée.
Cette maniaquerie d’un autre temps sert en fait à concentrer l’effort sur l’essentiel : le foisonnement et la fantaisie se révèlent dans le dévouement, la passion que l’homme voue à la vie de ces êtres qu’il ne connaîtra jamais, mais à qui il rend un dernier hommage du côté des vivants.
Pasolini insiste : « Sa vie est pleine de la vie des autres… pour lui, sa vie n’est pas triste, pas solitaire, not still. » John May récolte les effets personnels et photographies des uns et des autres tels des fétiches ; il donne un point final à leurs vies vécues, quand plus personne ne daigne le faire.

« Je voulais avant tout que le film soit une ode à la vie. »
Uberto Pasolini

CINEMA: Une belle fin (2013) de/by Uberto Pasolini

© Version Originale / Condor

Le cinéaste a accompagné des employés de pompes funèbres dans leur travail pendant près de sept mois. Réaliser ce film a été une expérience transformative. Il en a aussi profité pour frapper à la porte de ses voisins avec une bouteille, afin de faire plus ample connaissance…
À la question « Est-ce que vous croyez en Dieu ? », il répond : « Non. Mais je suis très optimiste sur l’humanité. » Still Life suggère ainsi le caractère figé des natures mortes (cette pomme n’en est-elle pas une ?) et de la photographie, mais aussi son contraire, still signifiant également pourtant, encore, toujours… Dans ce double-entendre, tout en symétrie, chacun choisira de définir sa propre lecture.

« Faire un film signifie faire des millions de choix, j’ai fait celui d’un langage de cinéma. »
Uberto Pasolini


Au coin de la rue par laquelle John May passe tous les jours avant d’effectuer ses pérégrinations aux quatre coins de la ville, un voisin apparaît accoudé à son balcon. Pasolini explique le sens de cette scène : « c’est regarder quelqu’un qui regarde la vie sans l’absorber… c’est quelqu’un qui n’est pas engagé. »
Avare de mots, John May accepte pourtant de délier sa langue au contact de Kelly (Joanne Froggatt), la fille de son voisin décédé dont il tombe follement amoureux. Prêt à l’absorber, prêt à (la) vivre, même pour un court moment, l’homme accède enfin à l’étincelle, amplement méritée.



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