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20 Feet From Stardom : l'envers du décor

Publié le 20 avril 2015 par Urbansoul @urbansoulmag

Si vous me suivez sur Instagram, vous savez sans doute que j’ai clamé, la semaine dernière, avoir temporairement déménagé les bureaux d’Urban Soul à Porto. C’est en effet pleine de bonne volonté que je me suis envolée vers le Portugal, les brouillons de mes articles de la semaine dans la boîte, déterminée à mettre tout ça en forme le temps du vol. Mais j’ai préféré rattraper le temps perdu avec mon amie, oui je l’avoue, et tout au long du séjour, à chaque fois qu’on rentrait à l’appart, je ne rêvais que d’un massage et d’un masque pour mon visage et mes cheveux (les montées et l’air de Porto m’ont tuée).

Ceci dit, je prévois de publier deux posts en ce beau lundi pour me rattraper (voilà, c’est dit, je ne peux plus me rétracter), à commencer par un article quelque peu inhabituel sur ce blog. Amis cinéphiles : on parle film aujourd’hui, et plus précisément, de documentaire.

Si vous les noms d’Aaron Camper, Gene Noble, Neka Brown ou encore Kristal Lyndriette vous sont familiers, vous connaissez probablement déjà ma fascination pour les choristes et l’envers du décor. Étrangement, je n’avais pourtant jamais entendu parler de 20 Feet From Stardom qui s’intéresse à ces talents évoluant à quelques mètres du centre de la scène et des plus gros projecteurs. Il faut croire que je m’étais déjà assoupie quand la réalisation de Morgan Neville a été récompensée de l’Oscar du Meilleur documentaire l’année dernière. Ne me demandez pas non plus comment j’ai pu passer à côté de sa victoire aux Grammy Awards 2015 dans la catégorie du Meilleur film musical en février. Mais mieux vaut tard que jamais.

Entre les récits de Stevie Wonder, Bruce Springsteen, Sting et Sheryl Crow (elle-même ancienne choriste), l’un des intervenants confie à quel point de bons choristes peuvent être émouvants et vous prendre aux tripes. Et je suis tellement d’accord. Car si le film évoque aussi la fonction d’eye-candy de certaines choristes féminines de l’époque, il souligne également que le rock’n’roll (et notamment la scène britannique avec Joe Cocker) a offert à ces artistes une liberté, leur laissant beaucoup d’espace pour exprimer toute l’étendue de leur talent, là où leur rôle consiste généralement à se fondre dans le paysage pour ne pas faire de l’ombre à la vedette principale. On découvre ainsi le parcours de Claudia Lennear, ancienne Ikette désormais professeur d’espagnol depuis plus d’une décennie qui a travaillé avec George Harrison et les Rolling Stones. Mick Jagger et sa bande ont collaboré bien plus longuement encore avec l’extraordinaire Lisa Fischer qui est la voix féminine lead de toutes leurs tournées depuis les années 90. Si l’impressionnante chanteuse a remporté en 1992 le Grammy Award de la Meilleure performance féminine vocale de R&B pour l’excellent How Can I Ease The Pain, elle n’aura finalement pas fait long feu en solo, ce qui n’est pas forcément pour lui déplaire. « Certaines personnes le font pour être célèbres, et d’autres veulent juste chanter. Rien n’est alors plus important que de partager cet espace particulier avec des gens et, pour moi, c’est ça la plus grande des vocations« , explique-t-elle dans le documentaire.

Sans son amour pour la musique, Darlene Love aurait sans doute elle aussi jeté l’éponge depuis longtemps. Plus radieuse que jamais du haut de ses 73 ans, cette grande dame a notamment fait partie des Blossoms, trio de choristes qui a enregistré le hit des années 60 He’s A Rebel et pourtant crédité au nom du groupe The Crystals. Le producteur Phil Spector lui en a fait voir de toutes les couleurs, refaisant le coup à Darlene – qui avait pourtant signé avec lui en tant qu’artiste solo – en donnant He’s The Boy I Loved, censée être SA chanson, aux Crystals et relayant Darlene au poste de « voix fantôme ».

Le film récolte d’autres anecdotes de Merry Clayton, ainsi que de la famille Waters très connue dans le métier : on leur doit le générique de Quoi de neuf docteur ?, les choeurs du Thriller de Michael Jackson, du Bad Girls de Donna Summer, du Roi Lion et même les bruits d’oiseaux dans Avatar ! On y retrouve aussi les confessions de Judith Hill que j’avais découverte dans le documentaire This Is It et qui avait interprété Heal The World avec beaucoup de classe lors de la cérémonie d’hommage à Michael Jackson en 2009. La belle de 30 ans a choisi depuis de se consacrer à sa carrière solo et, après un passage dans The Voice en 2013, la voilà à présent avec un premier album, Back In Time, produit par Prince ! Et son titre Desperation (figurant sur la bande originale de 20 Feet From Stardom), on en parle ? Une merveille.

Profitez bien du soleil cette semaine mais dès que la pluie reviendra (on est en Belgique, il ne faut pas se leurrer), souvenez-vous de cette petite pépite à voir sur Netflix, si vous êtes suffisamment habile que pour changer de territoire… ou à commander en DVD ou Blu-Ray sur Amazon et à 9,99€ sur iTunes. Si vous avez énormément de patience, notez qu’il sera également disponible en location sur la plateforme à partir du 27 juillet.


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