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Luttes sociales et luttes contre les discriminations raciales sont à mener de front

Publié le 24 avril 2015 par Lepinematthieu @MatthieuLepine

   « Tous les racismes sont condamnables, mais le racisme anti-arabe et anti-noir n’a pas les mêmes ressorts que l’antisémitisme dans sa violence ». Hiérarchiser les haines et les souffrances, voilà la dernière trouvaille du tout nouveau délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Gilles Clavreul). Pendant ce temps, des citoyens français se voient chaque jour refuser un emploi, un logement ou humilier lors d’un énième contrôle d’identité, parce qu’ils n’ont pas la bonne couleur de peau ou la bonne religion. Malheureusement, force est de constater que si le PS échoue lamentablement à diagnostiquer ces pratiques et donc à lutter contre elles, la gauche radicale, à laquelle j’appartiens, n’ouvre pas de son coté la voie du combat .

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La discrimination raciale obstacle à l’accès à l’emploi et au logement

   « La politique n’a de sens et de valeur qu’appliquée à résoudre le problème social ». Ces mots de Jaurès sont un phare. Ils tracent depuis maintenant plus d’un siècle la route à prendre par tout mouvement citoyen épris de justice. Ils ne nous empêchent cependant de voir ce qui se trouve sous nos yeux. Dans cette France du XXIe siècle, la question sociale et celle des discriminations raciales sont intimement liées.

Elles ne peuvent être traitées séparément et encore moins de façon hiérarchique. Une étude réalisée en 2013 rapporte qu’à « candidature identique, un candidat issu de l’immigration (maghrébine ou d’une origine qui n’est pas clairement identifiée par les employeurs) reçoit 40 % de moins de convocations à un entretien d’embauche qu’un candidat français identifié comme « natif » ».

Un constat qui n’a rien de nouveau. En 2007, un testing réalisé par le Bureau international du Travail (BIT) démontrait que « près de 4 fois sur 5, un candidat à l’embauche d’origine hexagonale ancienne sera préféré à un candidat d’origine maghrébine ou noire africaine« . Celui-ci rajoute que « près de 90% de la discrimination globale est enregistrée avant même que les employeurs » ne reçoivent les candidats.

En parallèle, on constate que le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les jeunes issus de familles immigrés africaines que chez ceux issus de familles européennes. Au delà des obstacles liés au niveau de qualification ou à la réalité du marché du travail, le poids des discriminations raciales est conséquent. Ainsi, selon leurs couleurs de peau ou leurs origines, deux citoyens français ne sont égaux face à l’emploi.

Dans le domaine du logement, le constat est le même. En 2014 par exemple, le bailleur HLM Logirep qui gère pas moins de 36 000 logements en région parisienne, était condamné par la justice pour le fichage ethnique de ses locataires. Une pratique qui avait notamment conduit une employée de la société à refuser un logement à un homme au motif qu’il y avait « déjà assez de Noirs dans cette tour ».

Repenser la lutte contre la haine et les discriminations

   Pouvoir travailler, pouvoir se loger, voilà deux des droits fondamentaux de l’Homme. Les bafouer, c’est porter atteinte à la République. Le faire parce qu’on se laisse guider par la haine, c’est nuire à l’humanité toute entière. Chaque jour pourtant, des personnes se voient refuser un emploi ou un appartement en raison de leur origine ou de leur couleur de peau. Ces situations reflètent des problèmes d’ordres multiples (sociaux, raciaux…). Des problèmes qu’il faut affronter de front et non séparément.

Cependant, nous échouons à le faire. Cet échec, nous le devons je pense en partie à notre manière de mener la lutte contre les discriminations et plus globalement contre le Front national. Je suis le premier à écrire et publier régulièrement pour dénoncer la supercherie que représente le « nouveau » FN de Marine Le Pen. Nous sommes des centaines, des milliers, à dénoncer la violence du père, la sournoiserie de la fille et le danger que cette famille représente pour la République.

Au delà du fait que le résultat de notre lutte soit à ce jour famélique, j’ai de plus en plus l’impression que nous passons à coté de l’essentiel. Et cela me laisse un gout amer. En effet, trop occupés à taper sur les Le Pen, nous nous sommes petit à petit coupés du réel. A force de vouloir lutter contre le FN, nous avons fini par négliger celles et ceux qui subissent quotidiennement la haine qu’il propage.

Notre combat doit redevenir pragmatique, ancré dans la réalité. C’est aux cotés de ceux qui souffrent, qui subissent l’exclusion, que nous devons être et non sans cesse à arpenter les plateaux télé pour réagir à la dernière provocation d’untel ou d’un autre. Écoutons celles et ceux qui subissent la violence de la discrimination. Une discrimination qui enferme. Une discrimination qui précarise. Une discrimination qui accentue les effets de la domination sociale.

Donnons leur la parole. Soutenons-les lorsqu’ils portent une action en justice contre leurs recruteurs, leurs employeurs ou leurs bailleurs. Travaillons avec les associations qui pratiquent le testing pour dénoncer la discrimination à l’embauche et faire condamner ceux qui la  pratiquent. Notre rôle ne doit plus se limiter à distribuer des tracts, écrire des articles et diffuser des belles paroles. Il est temps d’agir !


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