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Entretien avec Giulio Ricciarelli, le réalisateur du Labyrinthe du silence.

Par Mickabenda @judaicine
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Giulio Ricciarelli, né à milan en 1965, est scénariste, réalisateur et acteur. Le Labyrinthe du silence est son premier long métrage en tant que réalisateur et scénariste.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez découvert l’histoire du procès de Francfort ?


J’avais du mal à croire qu’autant d’Allemands, dans les années 1950, n’aient jamais entendu parler d’Auschwitz. J’étais persuadé que ce chapitre de l’histoire allemande avait été amplement étudié durant la période d’après-guerre. Mais en réalité, durant les années qui suivirent la fin de la guerre, ce sujet n’a quasiment pas été traité. Au contraire, la population tentait d’oublier cette sombre partie de l’histoire : ni les victimes ni les criminels n’évoquaient ce sujet et la majorité des Allemands ne connaissaient pas Auschwitz. Ce chapitre aurait pu tomber dans l’oubli si quatre personnes courageuses – un procureur général et trois jeunes procureurs – n’avaient pas surmonté tous les obstacles pour faire éclater la vérité au procès de Francfort. Ces quatre héros ont changé l’Allemagne à jamais.

Comment caractériseriez-vous
le personnage principal, le jeune procureur Johann Radmann ?

Johann est un homme de loi, plutôt sûr de lui, formaliste, humaniste et détenant des valeurs morales fortes.

Son esprit rigide et manichéen est son talon d’Achille. Au début du film, il est certain de savoir ce qui est juste. C’est seulement au cours des événements qu’il réalisera que ce n’est pas à lui de juger autrui et qu’il devra conduire ce procès avec humilité.

Dans votre film, vous évoquez également la position adverse ?


Oui, c’était important pour nous. Évidemment, nous souhaitions affronter notre passé à travers cette histoire, mais la position opposée était aussi intéressante. Le chancelier fédéral allemand Konrad Adenauer avait mis en place une doctrine qui consistait à garder silencieux ce chapitre de l’histoire et c’est cette position officielle que Fritz Bauer et ses compagnons d’armes devaient faire tomber. C’est le sens de la question du Procureur Friedberg à Johann Radmann : «Voulez-vous que chaque jeune se demande si son père était un meurtrier ?»

Dans quelle mesure avez-vous pu emprunter des citations originales lors de l’écriture des dialogues ?

Beaucoup de déclarations du procureur Bauer ont été conservées grâce aux travaux de l’Institut Fritz Bauer. Nous avons également pu nous baser sur des témoignages de témoins du procès. D’autre part, l’argumentation du procureur Lichter, qui expose que «la sélection était un acte d’humanité destiné à sauver des vies humaines», découle vraiment de la stratégie de défense du procès de Francfort.
 Nous avons tenté de relater les faits historiques le plus précisément possible. Par contre, nous nous sommes permis des libertés narratives concernant à vie intérieure des personnages afin d’apporter au public une vraie expérience émotionnelle.

Giulio Ricciarelli, né à milan en 1965, est scénariste, réalisateur et acteur. Le Labyrinthe du silence est son premier long métrage en tant que réalisateur et scénariste.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez découvert l’histoire du procès de Francfort ?


J’avais du mal à croire qu’autant d’Allemands, dans les années 1950, n’aient jamais entendu parler d’Auschwitz. J’étais persuadé que ce chapitre de l’histoire allemande avait été amplement étudié durant la période d’après-guerre. Mais en réalité, durant les années qui suivirent la fin de la guerre, ce sujet n’a quasiment pas été traité. Au contraire, la population tentait d’oublier cette sombre partie de l’histoire : ni les victimes ni les criminels n’évoquaient ce sujet et la majorité des Allemands ne connaissaient pas Auschwitz. Ce chapitre aurait pu tomber dans l’oubli si quatre personnes courageuses – un procureur général et trois jeunes procureurs – n’avaient pas surmonté tous les obstacles pour faire éclater la vérité au procès de Francfort. Ces quatre héros ont changé l’Allemagne à jamais.

Comment caractériseriez-vous
le personnage principal, le jeune procureur Johann Radmann ?

Johann est un homme de loi, plutôt sûr de lui, formaliste, humaniste et détenant des valeurs morales fortes.

Son esprit rigide et manichéen est son talon d’Achille. Au début du film, il est certain de savoir ce qui est juste. C’est seulement au cours des événements qu’il réalisera que ce n’est pas à lui de juger autrui et qu’il devra conduire ce procès avec humilité.

Dans votre film, vous évoquez également la position adverse ?


Oui, c’était important pour nous. Évidemment, nous souhaitions affronter notre passé à travers cette histoire, mais la position opposée était aussi intéressante. Le chancelier fédéral allemand Konrad Adenauer avait mis en place une doctrine qui consistait à garder silencieux ce chapitre de l’histoire et c’est cette position officielle que Fritz Bauer et ses compagnons d’armes devaient faire tomber. C’est le sens de la question du Procureur Friedberg à Johann Radmann : «Voulez-vous que chaque jeune se demande si son père était un meurtrier ?»

Dans quelle mesure avez-vous pu emprunter des citations originales lors de l’écriture des dialogues ?

Beaucoup de déclarations du procureur Bauer ont été conservées grâce aux travaux de l’Institut Fritz Bauer. Nous avons également pu nous baser sur des témoignages de témoins du procès. D’autre part, l’argumentation du procureur Lichter, qui expose que «la sélection était un acte d’humanité destiné à sauver des vies humaines», découle vraiment de la stratégie de défense du procès de Francfort.
 Nous avons tenté de relater les faits historiques le plus précisément possible. Par contre, nous nous sommes permis des libertés narratives concernant à vie intérieure des personnages afin d’apporter au public une vraie expérience émotionnelle.


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