Magazine Société

La Place Suisse, au Salon du Livre de Genève 2015

Publié le 03 mai 2015 par Francisrichard @francisrichard
La Place Suisse, au Salon du Livre de Genève 2015La Place Suisse, au Salon du Livre de Genève 2015

Le Salon du Livre de Genève est une excellente occasion de faire la connaissance des auteurs, avant et après les avoir lus. Cela m'oblige à vaincre ma timidité maladive pour les aborder, car je reconnais humblement que je suis beaucoup plus à l'aise derrière mon stylo (ou mon écran) que devant une personne (ou un public).

Toujours la peur (et le doute, qu'une histoire personnelle a renforcé) de ne pas savoir m'exprimer clairement, en tous les cas aussi clairement que je le voudrais... Toujours cette préférence pour l'écrit qui reste, à l'oral qui s'envole...

En principe, il m'est donc plus confortable de m'asseoir et d'écouter un débat depuis un coin de salle. A quatre occasions, vendredi et samedi,  je me suis retrouvé assis dans l'un des espaces du Salon, La place suisse, dédié aux écrivains suisses d'aujourd'hui, c'est-à-dire aux écrivains actuels que je connais peut-être le mieux maintenant, parfois personnellement.

Ainsi j'ai assisté vendredi 1er mai 2015, à dix-sept heures, à la remise du Prix de littérature de la SPG, la Société privée de gérance. Un prix qui ne pouvait que plaire au libéral que je suis, parce que décerné par une société privée...

Sur le plateau, les trois finalistes m'étaient connus, du moins par leurs livres: Raluca Antonescu, auteur de L'inondationJack Küpfer, auteur de Black Whidah et Olivia Gerig, auteur de L'ogre du Salève. Je comprends que le jury ait eu du mal à se prononcer pour décerner ce prix destiné à récompenser un premier roman...

Félicitations donc à Jack Küpfer et à son éditeur Olivier Morattel pour l'avoir emporté dans cette finale serrée! D'avoir été en finale doit être compris comme un sérieux encouragement à persévérer dans l'écriture, délivré aux deux autres finalistes... qui ont, toutes deux, bien des années devant elles.

La deuxième rencontre était un débat entre Stéphane Bovon, auteur de Gérimont et de Lueur bleue (Gérimont II), et Jean-Michel Olivier, auteur de L'ami barbare. Ils devaient débattre sur Lettres romandes, lettres gnan gnan.

L'animateur de ce débat, Jacques Poget, a essayé sur ce thème de l'audace et du gnan gnan, qui n'est guère inspirant, de faire parler les deux invités, mais il faut dire que malgré ses efforts louables la mayonnaise n'a pas vraiment pris, sans doute parce que ni l'un ni l'autre de ses deux interlocuteurs n'étaient vraiment enclins à balancer sur confrères ou consoeurs.

On a appris toutefois que l'aventure de Gérimont, dans laquelle s'est lancé Stéphane Bovon, se poursuivrait pendant encore huit volumes, dont le canevas est déjà dessiné, et qu'il y en aurait donc encore pour quelques années avant qu'elle ne s'achève, le troisième volume devant sortir à l'automne. Quant à Jean-Michel Olivier, il travaille à un roman épistolaire où de nombreux lectrices écrivent des lettres à un homme, homme de lettres, justement.

La Place Suisse, au Salon du Livre de Genève 2015
La Place Suisse, au Salon du Livre de Genève 2015

En nocturne, un débat animé par Fred Valet, qui s'en est bien sorti, a eu lieu avec quatre prétendues salopes suisses, c'est-à-dire quatre féministes: Sacha Després, Mélanie Richoz, Coline de Senarclens et Stéphanie Pahud.

Pour mériter ce qualificatif de salopes suisses, il fallait les présenter comme héritières des 343 signataires d'un manifeste, paru en 1971 dans Le Nouvel Observateur, rédigé par Simone de Beauvoir et intitulé: "Je me suis fait avorter". Ce qui était pénalement répréhensible à l'époque.

Ce manifeste devait inspirer la semaine suivante un dessin publié en une de Charlie Hebdo: "Qui a engrossé les 343 salopes du manifeste sur l'avortement?". Qu'en termes délicats ces choses-là étaient dites...

Je ne suis pas sûr, aujourd'hui, hors contexte, que l'expression soit des plus heureuse et qu'il faille la revendiquer. Mais, sans doute, ne suis-je pas compétent en la matière. Pour rester dans le ton, quand Fred Valet a demandé si quelqu'un de l'auditoire pouvait dire pourquoi il avait assisté à ce débat entre salopes, un homme s'est levé pour dire:

"Parce que je couche avec l'une d'entre elles..."

Dans ces conditions, il m'était difficile de dire que j'étais curieux d'entendre s'exprimer deux d'entre elles parce que j'avais lu de leurs livres: Mélanie Richoz (Le bain et la douche froide et Mue) et Sacha Després (La petite galère). C'était, à l'évidence, un ton bien en-dessous... du ton général.

Le lendemain, Tulalu!? intervenait pour la première fois au Salon du livre de Genève. Son animateur officiel, Pierre Fankhauser recevait Anne-Frédérique Rochat, auteur d'A l'abri des regards, et Pierric Tenthorey, auteur d'Aventures de, sur le thème: "Roman-Théâtre".

Anne-Frédérique et Pierric sont tous deux comédiens et romanciers. Ils se connaissent depuis longtemps: ils fréquentaient le même cours de théâtre. Bien que plus jeune, Pierric jouait en effet les rôles masculins avec ses aînées: il est bien connu que dans ces cours de théâtre, il y a davantage de filles que de garçons...

A l'abri des regards est un roman polyphonique, Aventures de est un roman sans histoire... Quand Pierre Fankhauser a demandé à Anne-Frédérique de résumer ce dernier livre, elle s'en est sortie admirablement, bien que ce soit une gageure. Il n'a pas demandé la pareille à Pierric, qui a avoué avoir acheté à sa maman les trois romans de sa consoeur... mais n'a pas dit qu'il les avait tous lus.

Dans les deux cas, le roman a permis à ces comédiens, de surcroît auteurs de théâtre, d'explorer davantage ce qui passe dans la tête de leurs personnages que ne le permet le théâtre. C'est surtout cette dimension du roman dont ils ont souligné l'intérêt qu'elle revêtait pour eux.

Francis Richard 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine