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la petite fille chez les mâles rutilants

Publié le 06 mai 2015 par Fashionmama @lafashionmama

Il était une fois une petite fille qui vivait dans un monde de mâles rutilants.

Parfois femelle, parfois elle, elle réalisa bien trop tôt que la rue semblait appartenir aux bruyants mâles.

« Ah Zine, Ay fayne » « Que bella raggaza » « la lune est une voleuse, elle a pris les étoiles pour les mettre dans tes yeux »

Quand ce n’était pas verbal, c’était visuel. De longs regards concupiscents, explicites, suivaient ses mouvements.

Parfois, il lui arrivait de se sentir sale, dénudée, honteuse.

Petit à petit elle en venait à en avoir le cœur serré lorsqu’elle traversait certaines rues à l’idée des réflexions et regards appuyés sur ses formes.

Que regarderaient-ils cette fois ? que souligneraient-ils ?

La longueur de sa jupe ? Elle n’avait pas osé en porter. Sa chute de reins ? son postérieur ? elle avait pris soin de se couvrir d’une veste large pour éviter tout malentendu.

Ce serait peut-être ses cheveux, oui, elle sortait de chez le coiffeur…où sa démarche ? elle portait des talons qui l’obligeaient à chalouper légèrement sa démarche.

Finalement, elle passera inaperçue…c’est à n’y rien comprendre. La veille, elle sortait en jogging, fatiguée, informe, pas coiffée, se croyant protégée,…

Rien à faire, elle s’est pris une salve de remarques en tous genres. Un record du monde d’ignominies insalubres en 3 minutes.

Ce n’était pas de sa faute alors ?

Cela ne dépendrait pas de sa façon de s’habiller, de se tenir ?

Qu’est ce qui les nourrissait ? Que pouvait-elle donc bien faire pour changer cela ?

Les regarder avec un air de Gary Cooper ?

Porter un sniper sous son trench ?

Avoir un sac d’insultes ?

Se trimbaler avec des pancartes « et ta mère ? »

Elle se pressait pour se réfugier à l’intérieur. Où ? au boulot, au resto, peu importe.

Là, elle découvrait que si le harcèlement était moins mainstream, il était pourtant bien là…

Au boulot au-delà du 95C, c’était la règle des RMDLY « Regarde-Moi Dans Les Yeux ».

Elle se prendrait des remarques grivoises sur sa tenue du jour, mais toujours sous couvert de l’humour.

Quand elle y pensait, l’autre consultant là bas, il était pas mal…mais quand elle regarde, c’est toujours discret. Un petit regard quand il ne regarde pas….un contact…Rien d’ostentatoire…

C’est ainsi qu’elle fut éduquée.

La séduction, c’est une chose, vouloir plaire, en est un autre, se sentir belle, encore une autre.

A ne pas mélanger avec la gratuité du harcèlement.

Car finalement, elle n’était pas la seule.

Finalement, sans doute qu’elle n’était pas la seule à ne pas oser manger de banane au bureau, ni de glace dans la rue…

Son âme bienveillante et bisounours se plaisait à penser que ces hommes ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Qu’il fallait leur apprendre, leur expliquer.

Être pédagogue.

On leur appris ça tous petits, ils ont vu, imité, reproduit, réappris, que pouvaient-ils y faire ?

Alors on leur apprendra.

Moralité : « Pardonnez-leur, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ».


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