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J’étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Epilogue)

Publié le 10 mai 2015 par Philostrate
J’étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Epilogue)

Vainqueur du Tour de France cycliste 1909, le jovial François Faber était avant la Grande Guerre un champion populaire. Grandi en banlieue parisienne, le « Géant de Colombes », généreux et bon vivant, avait opté pour la nationalité luxembourgeoise de son père, mais était considéré par le public comme un enfant du pays. Quand la guerre éclate pendant l’été 1914, il s’engage dans la Légion étrangère pour défendre la France, qui avait fait « sa fortune ».

Son "Grand match" dans l'Artois, le "Géant de Colombes" n'aura pour ainsi dire pas le temps de le livrer. Quand à dix heures, le 9 mai 1915, le 33e corps d'armée commandé par le général Pétain sort d'un seul bond de ses tranchées, "Le Grand", comme l'appelaient affectueusement ses frères d'armes, est presque instantanément fauché par la mitraille, à l'entrée des Ouvrages Blancs. Témoin de la scène, un autre légionnaire se rappellera l'avoir vu dans le chaos de l'assaut porter ses mains à l'abdomen et crier "Je suis touché !". Il ne sera pas la seule victime de cette terrible journée. Quand au terme de leur furieuse poussée les légionnaires atteignent à onze heures trente la cote 140 et la crête de Vimy, ils n'ont plus guère qu'un sergent de valide pour les commander. Tombés les capitaines Leliagre, Boutin, Jourdeuil et Osmont, idem pour les commandants Noiré, Muller et Gaubert. Comble de l'ironie, toutes ces pertes auront pour ainsi dire été vaines. Faute de soutien, les légionnaires doivent en effet se résoudre à abandonner la crête de Vimy pour se replier sur des positions plus sûres. Elle ne sera reprise qu'en 1916 par les Canadiens. Sur le champ de bataille des Ouvrages Blancs, le corps du caporal Faber ne sera jamais retrouvé au grand désespoir de tous ceux qui l'aimaient, et ils étaient nombreux… "La caractéristique de Faber, écrit, meurtri, Henri Desgrange dans L'Auto du 19 mai 1915, était sa bonté. Celle-ci se manifestait partout, aussi bien dans ses relations de vie courante que dans les courses. On peut dire de lui qu'il n'avait en course aucun adversaire, seulement des concurrents (...) Il était unanimement aimé et estimé". "Pauvre Grand, nous l'admirions tant !" résument ses compagnons d'arme dans le mot de condoléance adressé à sa veuve, à qui revient désormais la responsabilité d'élever seule leur bébé, qu'il n'aura jamais vu. Ainsi se fracassait, à 28 ans, le destin d'un des champions les plus populaires d'avant la Grande Guerre. N'oublions jamais ceux tombés dans l'Artois et ailleurs en ce funeste printemps 1915.


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