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un homme seul

Publié le 11 mai 2015 par Dubruel

~~d'après LUI ? de Maupassant

Oui, Voilà, Je me marie. Tu ne comprends pas ? Tu me crois devenu fou ? Non. Je n'ai pas changé du tout. Huit maris sur dix Sont cocus ou ont une vie Définitivement enlacée Ou à l'amour libre, ils doivent renoncer. Je suis incapable d'aimer une seule femme Quand pour toutes les autres je me damne. L'accouplement légal est une bêtise. Je voudrais avoir mille bras, mille flancs, Mille lèvres et mille...tempéraments Pour étreindre mille femmes exquises. Tu me prends pour un infâme, Un misérable Qui préfère les autres femmes À celle dont je vais devenir le mari... Tu me trouves déraisonnable ? Pourtant, c'est ainsi : je me marie !

En fait, je me marie Pour ne plus être seul. Tu me trouves veule ? Tu ne saisis pas mon état d'esprit : Eh bien, rester seul me fait peur ! J'ai peur de la peur. Ris si tu veux Mais je suis inguérissable. C'est affreux. J'ai peur du trouble de mes pensées, De ma raison bouleversée. J'ai peur Parce que je ne comprends pas ma peur. Je parle, j'ai peur de ma voix. Je marche, j'ai peur de qui est derrière moi. N'est-ce pas terrible d'être ainsi ? Autrefois je n'éprouvais rien de ceci. J'allais et venais sereinement Et rentrais chez moi tranquillement. À l'époque, si l'on m'avait dit Qu'une maladie de peur Devait me saisir à cette heure, J'aurais bien ri.

Tout a commencé l'année dernière Et de façon bien singulière Par un soir humide d'automne. Après le départ de ma bonne, Je suis sorti Pour aller voir un ami. Ne l'ayant pas trouvé, j'ai erré Jusqu'à minuit. En rentrant, je fus surpris : Ma porte n'était pas fermée Alors, qu'en partant, je l'avais verrouillée. Un homme était installé Dans mon salon ! J'ai immédiatement pensé : ''Il est sans doute de mes relations. La concierge a dû ouvrir Et lui dire : Restez au chaud et attendez. Monsieur ne va pas tarder.'' Il dormait devant mon feu. On n'y voyait guère dans la pièce. Je me suis demandé : ''Qui est-ce ?'' Je n'apercevais que ses cheveux. Inquiet, Je me suis avancé. Personne !

Le salon était vide ! C'était une hallucination stupide ! Je ne constatais pas de faits anormaux. Je ne ressentais aucun trouble côté cerveau. Mes yeux seuls m'avaient abusé, Avaient trompé ma pensée. Rassuré, je me mis au lit Et le sommeil bientôt m'envahit. Pourtant, depuis ce jour, j'ai peur : Angoisses, appréhensions, frayeurs... J'ai beau me raisonner, je n'en peux plus. Je ne supporte plus la solitude. Comment pourrai-je avoir la certitude Qu'Il ne se montrera plus ? Je me suis dit : ''Allons, c'est assez !'' Mais Il reste demeure dans ma pensée. Il est derrière la porte, sous le lit Ou dans l'armoire. Il est ici ! Il est là parce que je suis seul, Uniquement parce que je suis seul ! Mais si nous étions deux chez moi, Je sens qu'Il n'y serait plus... Tu vois ?


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