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La Démantèlement du coeur, de Daniel de Roulet

Par Lacritiquante

Shizuko et Max se sont connus il y a quarante ans. De l’union entre ce Français architecte et cette Japonaise née le jour de la bombe atomique est né un fils.

Aujourd’hui, après des décennies sans s’être vus, ils se sont donné rendez-vous. Max est alors censé venir en Europe pour assister à la dynamitation d’un immeuble londonien de sa création et Shizuko est envoyée par les hautes autorités de la surveillance nucléaire pour superviser le démantèlement du cœur du surgénérateur de Malville, en France. Quant à leur fils, il est à l’autre bout du monde, il travaille, grâce à la mafia, dans la centrale de Fukushima.

Tout pourrait bien se passer, mais c’est sans compter sur les caprices de notre Terre. Un tremblement de terre et un tsunami plus tard, Shizuko se rend en urgence dans son pays d’origine, ignorant que son propre fils, qui croit aveuglément en Tepco et en la sûreté du nucléaire, s’est porté volontaire pour aller dans la salle de contrôle du réacteur, afin d’éviter la fusion d’un autre cœur.

La Démantèlement du coeur, de Daniel de Roulet

Voici en quelques lignes ce qui vous attend dans Le Démantèlement du cœur (quel beau titre!) de Daniel de Roulet. J’ai vu cela comme une succession de rencontres manquées. La mère et son fils, Max et Shizuko, Mirafiori – le fils – et son père, l’architecte et sa tour, et encore, je n’évoque pas les multiples personnages secondaires.

J’ai été un peu surprise en lisant ce roman car je m’attendais à quelque chose de plus concerné par l’action, pour la situation catastrophique de Fukushima, mais en réalité l’auteur consacre essentiellement son histoire à ces personnages, c’est l’essence même de ce récit. Pour mieux comprendre cela, il faut remettre ce livre dans son contexte (ce que je n’avais pas fait avant de l’entamer) : ce récit est le dernier opus d’un cycle de dix romans, commencé il y a vingt ans par Daniel de Roulet. Il y a même un petit arbre généalogique pour replacer les personnages. Avoir lu les précédents livres n’est pas nécessaire pour comprendre cette histoire. Il ne s’agit pas de tomes qui se suivent, mais les personnages, leur passé, leur évolution se découpent dans ces récits. Commencer par la fin est assez perturbant (même si pas impossible), j’ai eu l’impression de manquer de clés pour bien tout comprendre. Heureusement, l’auteur prend son temps.

La Démantèlement du coeur, de Daniel de Roulet

Je dirais même qu’il prend beaucoup son temps en comparaison de l’urgence de la situation due à cette catastrophe japonaise. Je me suis ennuyée par moment, même si l’écriture et le style ne sont pas dénoués d’un certain intérêt : une écriture assez descriptive, mais douée d’une certaine émotion, une sorte d’empathie envers ses personnages.

A la radio, informations dramatiques, Max augmente le volume : il est question de l’océan contaminé, de populations évacuées, de traces de césium, de strontium et d’un combustible livré par la France, enrichi au plutonium. Shizuko ne commente pas, Max non plus, ils échangent leurs points de vue sur les années passées chacun pour soi, à essayer de s’oublier l’un l’autre, mais voilà, pas si simple. Ils l’avouent à tour de rôle : à l’échelle d’une vie leurs rencontres munichoises ne représentaient que quelques heures, mais du point de vue des sentiments, ça remplissait tout.

L’œuvre de Daniel de Roulet est très impressionnante : une telle « saga », à raison d’un roman tous les deux ans, qui suit l’évolution de notre monde, qui fait grandir ses personnages sans en perdre le fil… ça mérite d’être applaudi. Toutefois, en ce qui concerne ce dernier roman, lu seul, je ne lui ai pas trouvé un intérêt vertigineux. Il est agréable à lire mais les longueurs à chaque chapitre gâchent souvent ce plaisir. Un avis mitigé, donc.

Daniel de Roulet, Le Démantèlement du cœur, aux éditions Buchet Chastel, 16€



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