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Un peu, beaucoup, aveuglément

Publié le 16 mai 2015 par Cinephileamateur
Un peu, beaucoup, aveuglément

"Je peux vous dire une chose, c'est qu'on se voit mieux sans se voir."
A la base, si je voulais voir "Un peu, beaucoup, aveuglément", c'est surtout parce que c'était la première réalisation de Clovis Cornillac, un acteur que j'apprécie beaucoup et qui peux me faire déplacer en salles. Quand en plus, j'ai vu les nombreux bons retours que ce long métrage possédait lors de sa sortie, c'est sans trop d'hésitation que je me suis dirigé moi-même vers ma salle de cinéma.
Et je n'ai pas été déçu. J'ai énormément aimé ce scénario écrit par Lilou Fogli, Clovis Cornillac et Tristan Schulmann. Très théâtral dans son style d'écriture, moi qui m'attendais à un humour un peu lourdingue et facile (je n'ai rien contre ce type d'humour je le précise), j'ai été agréablement surpris de retrouver un humour plus subtil. Le film ne joue pas du tout sur des répliques types, il joue sur une sincérité je trouve. C'est cette sincérité et ses situations cocasses de théâtre qui font que j'ai passé un excellent moment.
L'humour y est vraiment très frais et de bout en bout, je me suis bien marré. On est ici en présence d'un feel good movie efficace qui en plus de me faire sentir bien, m'as furieusement donné envie de sortir et d'aller à la rencontre des gens. J'aime beaucoup quand un film me procure ce genre de sensation. Après, il y a bien sûr un petit côté prévisible mais j'ai quand même été happé par cette histoire qui m'a fait du bien. De plus, même si il est en sous texte, le thème des technologies qui prends le dessus dans notre société alors qu'on a un besoin évident de faire partie de la société avec un vrai contact humain m'a bien plu aussi.
Clovis Cornillac interprète en tout cas un très bon Machin. Charismatique à l'écran, ce que j'aime avec ce comédien, c'est que même si son personnage à des défauts, il réussit assez facilement à nous le rendre sympathique et ici, c'est une nouvelle fois le cas. Si je me suis un peu retrouvé dans Machin (pas que dans l'envie de distribuer parfois des claques), j'ai beaucoup aimé la façon dont est construit son personnage comme par exemple pour son passé tragique dont on fait référence à peine quelques secondes dans le film afin de ne pas tomber dans un pathos qui aurait pu rendre l'ensemble lourd. Clovis Cornillac est en tout cas parfait dans ce rôle et le joue avec beaucoup de conviction.
Face à lui, je suis tombé sous le charme de Mélanie Bernier en Machine. L'actrice, en plus d'être magnifique, incarne elle aussi son personnage avec une folie et une fraicheur qui fait plaisir à voir sans jamais tomber dans le ridicule. Elle aussi bénéficie d'un traitement que j'ai beaucoup aimé. J'ai apprécié ce côté déjanté et sensible à la fois qui va avoir pendant le film une évolution qui va l'aider en gagner en maturité. Machine n'est pas juste la jolie femme à conquérir, c'est aussi une femme à part entière qui va être très importante. La balance entre Clovis Cornillac et Mélanie Bernier est en tout cas très bien équilibré, les deux acteurs étant très complémentaire. On ressent leurs complicités à l'écran et c'est aussi cela qui fait que l'on se sent bien et qu'on sympathise avec eux.
Derrière ce duo attachant, on retrouve également des seconds rôles tout aussi bons à commencer par Philippe Duquesne en Artus qui m'a beaucoup fait rire. J'ai bien aimé son rôle qui n'est pas juste celui du pitre de service. Sa façon de le jouer nous donne en tout cas envie d'être pote avec lui. J'ai beaucoup aimé aussi Lilou Fogli (scénariste du film et épouse à la ville de Clovis Cornillac) qui en Charlotte est remarquable. Elle aussi est juste magnifique mais au-delà de ça, la comédienne donne un bon ton décalé à son rôle. J'ai vraiment aimé la folie de ses deux personnages qui apparaissent juste comme il le faut dans l'intrigue même si j'avoue que je n'aurais rien eu contre les voir un peu plus.
On peut également noter la présence dans cette distribution de Grégoire Oestermann en Evguénie qui fait un très bon salaud de service pour le peu qu'on le voit même si son rôle est très caricatural ainsi qu'une apparition de Jérôme Le Banner (l'homme au coup de boule) qui m'a fait sourire. Quant à Manu Payet en caissier Picard, sa présence fait plus caméo de luxe mais lors de ses deux ou trois scènes, il nous fait juste énormément rire et s'intègre très bien dans cet univers.
Curiosité qui m'a fait faire le déplacement en salles, j'avais hâte de voir ce que valait Clovis Cornillac à la réalisation. Ce dernier ne m'a pas déçu. Pour son premier film, il s'en sort vraiment avec les honneurs. Il n'y a pas de grande folie dans la mise en scène, la caméra est assez posée mais bon en même temps c'est une comédie qui n'a pas besoin de surenchère et cette réalisation est parfaite également. C'est très agréable à suivre, c'est très propre et les différents plans s'enchaînent avec beaucoup de fluidité grâce aussi à un montage réussi.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce style théâtral sinon. Visuellement, cela fonctionne et cela accentue aussi l'aspect comique du film tout en réussissant à garder son sérieux lorsque l'émotion doit prendre le dessus. Le dosage romance, humour et émotion est d'ailleurs bien maitrisé, c'est ce qui fait également que je n'ai ressenti aucun ennui durant ma projection. Si la photographie et la lumière sont très belles, j'ai beaucoup aimé les décors qui sont bien exploité et qui collent bien au caractère de nos héros.
Clovis Cornillac dit s'être librement inspiré d' "Indiana Jones" pour la pièce de Machin et des "Aristochats" pour celle de Machine. Si je comprends l'inspiration pour le premier (c'est vraiment qu'une inspiration ne vous attendait pas à tomber sur l'Arche d'Alliance), pour la seconde, je m'étais fait la réflexion durant mon visionnage. En effet, ce Paris un peu carte postale, ce décor de théâtre et ses toits de Paris m'ont fait pensé à plusieurs reprises aux "Aristochats" ce qui a aussi contribué à mon plaisir car niveau ambiance et atmosphère, ça marche très bien.
Le réalisateur a en tout cas su donner une âme à son film. D'apparence assez classique, Clovis Cornillac a su donner une identité à son film ce qui fait qu'il réussit à sortir un peu du lot de ce que la comédie française peut nous proposer tout en restant avec une base solide. Si il est encore tôt pour dire que la suite s'annonce prometteuse, pour un premier film il s'en sort vraiment bien et je serais curieux de le voir de nouveau derrière la caméra. Il a aussi su utiliser une bande originale composée par Guillaume Roussel que j'ai beaucoup aimé aussi et qui enrobe très bien ce cadeau de film.
Pour résumer, "Un peu, beaucoup, aveuglément" fut pour moi un véritable coup de cœur. Je savais qu'il y avait de fortes chances que j'accroche mais je ne pensais pas que j'aimerais autant. Véritable plaisir en salles, ce long métrage me fait me sentir bien et me donne envie d'aller à la rencontre des autres. J'ai énormément aimé les émotions qu'il véhicule et les sensations qu'il me procure. Cerise sur le gâteau, l'histoire est excellente en plus d'être drôle, le casting est impeccable et pour une première réalisation, Clovis Cornillac fait le boulot. En bref, c'est un film que je recommande chaleureusement et que je reverrais très certainement avec énormément de plaisir.
4.5


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