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BORE OUT: L'ennui n'est pas que mauvais pour la santé – Santé au travail

Publié le 19 mai 2015 par Santelog @santelog

BORE OUT: L'ennui n'est pas que mauvais pour la santé – Santé au travailIl y a le burn-out, et de plus en plus avec la crise et le manque de travail, le bore-out ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui. Le salarié, insuffisamment sollicité éprouve du désintérêt, une démotivation jusqu’à parfois se désocialiser. Si la littérature sur cet ennui professionnel est encore peu développée, si le bore-out devrait être mieux pris en compte en santé au travail, les études sont en revanche nombreuses sur l’ennui et ses effets sur la santé. Zoom sur quelques données qui expliquent aussi pourquoi l’ennui n’est pas que mauvais pour la santé (mentale).

Le bore-out, une sorte d’opposé du burn out est un mal émergent avec la crise, il fait une apparition médiatisée parmi les risques psychosociaux au travail. Causé par le manque de travail, il se traduit par l’ennui et l’absence de satisfaction au travail. C’est donc un trouble qui s’il se manifeste et s’entend sur le plan professionnel repose tout simplement sur l’ennui, une émotion caractérisée par le manque de plaisir et d’objectifs. Une étude de 2013 (1), d’une équipe italienne de l’Université d’Enna, publiée dans la revue Clinical Neuropsychiatry redéfinit la notion et propose une échelle d’évaluation nommée Boredom Proneness Scale (BPS), testée sur 312 étudiants, comme mesure fiable de la propension à l’ennui, capable de prendre en compte toutes les facettes de cette prédisposition.

 

Trop d’ennui, des effets néfastes pour la santé et …le travail: Trop d’ennui ou un ennui chronique impacte la qualité de vie et a été associé au risque de dépression, d’anxiété et de comportements à risque comme l’excès d’alcool et autres substances, aux troubles compulsifs alimentaires, de l’humeur, de la communication sociale, …et à un plus faible rendement au travail. Un neuroscientifique à l’Université de Waterloo (2,3) a identifié des indices sur les causes sous-jacentes de l’ennui chez des patients souffrant de blessures traumatiques au cerveau et qui vont adopter, fréquemment des activités plus risquées après leurs accident  » dans une tentative de faire face à leur ennui chronique « . En bref, l’ennui élève aussi le seuil de la récompense.

L’ennui et la créativité : Mais tout n’est pas forcément négatif. Les dernières études (3) montrent sous condition de ne pas adopter une réponse d’évitement face au bore-out, que cet ennui peut favoriser la capacité à faire des associations d’idées créatives et à adopter une approche favorisant un désir d’expériences nouvelles. L’ennui modifie la pensée, la rend plus créative, mais cet effet dépend de la propension de chacun à tenter de nouvelles expériences. Une étude (4) de l’University of Central Lancashire (UK) montre ainsi que si l’ennui est traditionnellement associé à une série de résultats négatifs, que ce soit au travail ou dans la vie personnelle, il peut favoriser la créativité. L’étude (5) qui examine précisément la relation entre l’ennui et le potentiel créatif sur un éventail de tâches suggèrent que les tâches ennuyeuses ont abouti à une créativité accrue et désigne la rêverie comme un médiateur entre l’ennui et la créativité.

L’ennui et la mise en perspective : Plus récemment, dans la revue Frontiers in Psychology (6), s’appuyant sur une revue complète de la littérature sur le sujet, l’auteur, du département de philosophie de l’Université de Louisville (US) rejette également la vision totalement négative de l’ennui. Andreas Elpidorou propose l’image suivante:  » en raison de ses aspects affectifs, volontaires et cognitifs, l’ennui motive la poursuite d’un nouvel objectif lorsque l’objectif actuel cesse d’être satisfaisant, attrayant ou rémunérateur « . L’ennui contribue ainsi à  » remettre en quelque sorte  » les choses à leur place en améliorant la perception de l’importance ou de l’intérêt d’une tâche ou d’un travail. Selon l’auteur, l’ennui agit donc comme un facteur régulateur qui maintient un choix en ligne avec un projet ou un objectif. Ainsi, en l’absence d’ennui, on resterait pris au piège d’une situation non satisfaisante, on risquerait de passer à côté de beaucoup d’expériences émotionnellement, cognitivement et socialement gratifiantes.

L’ennui est un avertissement et une motivation, car il nous pousse vers nos objectifs. Et ni l’apathie, ni l’aversion, ni la frustration ne peuvent remplir la fonction de l’ennui (7).

S’il n’est pas simple dans le contexte actuel de prendre la liberté d’aller vers d’autres objectifs professionnels, l’issue, à la lecture de ces études, est probablement dans la prise de conscience de cette émotion qu’est l’ennui et l’autorisation à se laisser aller à la rêverie, une voie qui peut mener à un nouveau projet.

Sources:

1.   Clinical Neuropsychiatry (2013) A FACTOR ANALYTIC STUDY OF THE BOREDOM PRONENESS SCALE (BPS)

2.   Behavioural Sciences doi:10.3390/bs3030434 Traumatic brain injury, boredom and depression

3.   Experimental Brain Research Characterising the psychophysiological signature of boredom.

4.   Journal of Experimental Social Psychology doi:10.1016/j.jesp.2013.12.007 Approaching novel thoughts: Understanding why elation and boredom promote associative thought more than distress and relaxation

5.   Creativity Research Journal DOI:10.1080/10400419.2014.901073 Does Being Bored Make Us More Creative?

6.   Front. Psychol. Doi:10.3389/fpsyg.2014.01245 The bright side of boredom

7.   J. Soc. Clin. Psychol. doi: 10.1521/jscp.2011.30.6.647 Boredom: an emotional experience distinct from apathy, anhedonia, or depression.


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