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Traverser le Monde pour se rendre au Vietnam

Publié le 22 mai 2015 par Xylophon

"Pour les vagabonds de l'écriture, voyager, c'est retrouver par déracinement, disponibilité, risques, dénuement, l'accès à ces lieux privilégiés où les choses les plus humbles retrouvent leur existence plénière et souveraine." Nicolas Bouvier

Les lumières sont tamisées. Tout le monde dort où presque. Je suis dans un A380 entre Doha et Hanoi. Je regarde l'écran de vol. Nous sommes quelque part entre l'Inde et la Thailande. Tout cela semble irréel. Moi qui il y a 5 ans avait peur de l'avion, je suis en vol pour 14h00 de trajet vers un pays imaginaire.

J'aime tout dans le voyage, mais plus que tout, je crois, que j'aime ces temps intermédiaires entre le départ et l' arrivée, ces temps de suspension, de réflexion, d'appréhension qui vous mènent vers l'ailleurs.

On ne voyage pas pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend avec un éclat de savon dans les bordels.

La nuit tombe vite au Vietnam. Hanoi, le soir pour une première fois en asie, c'est forcement destabilisant. Il y a des motos-bikes partout: sur les trottoirs, sur la route. Elles klaxonnent, vrombissent, puis deviennent presque rassurantes et jalonnent votre itinéraire. Le premier repas est une soupe Pho, une aventure culinaire en soi. D'autres suivront.

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Pagodes, temples, quartier français, lacs, Hanoi est une ville étonnante par ses contrastes. A la fois vivante très tôt le matin mais aussi intrigante et presque kischt la nuit tombée. Je ne sais pas bien si j'ai aimé cette ville mais je ne l'ai pas détestée non plus.

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Un compartiment de train et des images, à travers les rideaux, de villes qui défilent en continue. Des arrêts en sursauts, mais des couchettes confortables. C'est aussi une aventure que de se rendre d'abord à Lao Cai puis à Sapa. Il fait humide et froid, il pleut mais les paysages se découvrent au fil de la journée et on appréhende alors la beauté du Vietnam: Les villages, les rizières, les buffles à un million de dong et les ethnies qui vivent sur les hauteurs non loin de la frontière chinoise.

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Dormir dans cette famille a quelque chose de rendez-vous en terre inconnue. Au début, on est un peu timide mais l'accueil est chaleureux. On regarde la préparation du repas dans ce grand wok qui chauffe avec une combution de canne à sucre. On s'installe à table pour boire de l'happy water, puis on discute au coin du feu avec la belle mêre de la famille qui parle un anglais approximatif. Les crêpes maison nous attendent le lendemain avant de repartir pour un trek "boue et pancho".

Départ en bus-couchette pour Bay chai et Halong Bay. La particularité ici, c'est qu'il faut enlever les chaussures et que tous les bus sont équipés d'écran plat. Il faut alors supporter la musique vietnamienne jusqu'à deux heures du matin. Une journée sur la Baie d'Halong et découvrir les paysages mysterieux de ces immenses rochers sortis de nulle part puis départ en tape-cul sans amortisseurs vers Ninh Bhi pour découvrir les splendeurs de la baie d'Halong terrestre.

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12h00 de train pour rejoindre Hué. C'est lent mais les paysages compensent aussi le sacrifice de l'effort. La visite de la cité impériale est magique. La visite des temples impériaux en bateaux est bien agréable car Hué a un seul défaut, il y fait trop chaud. La chaleur vaut bien quelques récompenses: mon premier bain en mer de chine et une dégustation d'un bouillon de palourde à la citronnelle sous le parasol.

Puis après Hué, direction Hoi an. La ville aux lampions a du charme. On peut y déambuler tranquillement l'après-midi avant qu'elle soit bondée le soir, y siroter un jus d'ananas frais, aller à la plage en vélo pour se baigner et profiter d'un coucher de soleil extravagant à hauteur des feuilles de palmiers.

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La dernière étape du voyage s'appelle Saigon. La ville est immense. Tout est en construction. Une journée sur le mékong puis visite de la ville, du palais de la réconciliation aux musées des atrocités de la guerre sans oublier la gare construite pendant l'occupation française.

En revenant de voyage nous sommes comme des galions pleins de poivre et de muscade et d’autres épices précieuses, mais une fois revenu au port, nous ne savons jamais que faire de notre cargaison.

Le vietnam n'est pas ce pays calme que je m'imaginais. Bien sûr, il y a des temples bouddhistes, des gens qui font du thai chi à 6h00 du matin, mais,ici, tout semble aller vite. On sent une énergie d'un pays qui se développe avec frénésie et enthousiasme, un pays qui ne dormirait pas par peur,peut être, de ne être à la hauteur de son destin.

Il me reste moi comme un sac à dos d'images de ces enfants de sapa dans les villages, des sueurs froides de mon périple en vélo vers la plage et aussi des gens croisés sur la route. Une route qui donne envie plus que jamais de repartir.


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