Déjà posté sur ce blog, mais tellement beau. Un poème de la mystique Hadewijch d'Anvers
"Une noble clarté brille doucement en nous
et veut être accueillie dans le loisir fidèle.
La pure étincelle,
Vie de la vie de notre âme,
qui reste unie à la Source divine,
où Dieu fait briller sa lumière éternelle.
Révélation au plus secret de nous-mêmes,
que ni raison ni sens ne peuvent comprendre,
sinon dans l’amour nu:
Ils sont transformés, ceux qui la reçoivent,
surnaturellement, de l’étincelle intime,
en une connaissance divine simple.
L’accident et le multiple
nous enlèvent notre simplicité.
Comme le dit saint Jean l’Évangéliste,
cette lumière luit dans les ténèbres
et sa clarté n’est point comprise
par l’obscurité.
Si nous étions venus à cette clarté
devant sa face, vacants et libres
de tout mode, de toute chose
qui s’apprend, se conte ou se compose,
au sein de l’abîme sans fond
nous verrions la lumière dans sa lumière.
Rougissez d’avoir tenu si longtemps
votre âme en soucis de l’accident,
au ras de terre et privée de l’essence.
Si la simplicité vous eût accoutumée à elle-même,
cachée dans sa lumière,
vous seriez franche de formes et d’images.
Vous devez être en grande erreur
de chercher au dehors la lumière en parties,
alors qu’elle est toute en vous et vous libère totalement.
Si vous voulez devenir maître
en cette philosophie, ne vous affirmez pas:
laissez toute chose, avec vous-même.
Ah! Dieu, quelle noblesse
Que cette libre vacuité,
où l’amour abandonne amoureusement tout le reste
et ne cherche rien hors de Lui-même,
puisque dans sa pure Unité,
il enclôt l’éternité bienheureuse."
Hadewijch d'Anvers, mystique et poétesse flamande du XIIIe siècle
Ecrits mystiques des béguines, Seuil.