Magazine Culture

Belle helene peu audible au châtelet

Publié le 03 juin 2015 par Popov

Il y a plusieurs handicaps à la mise en scène bicéphale (vidéo et traditionnelle) du duo Corsetti-Sorin. La première impose au spectateur un ajustement perpétuel ,un peu comme ces verres progressifs qui fatiguent la lecture. Dans la seconde, le choix d’interprètes étrangers qui déclament un français avec un accent si prononcé qu’on peine à saisir sa propre langue (celle d’Offenbach) et achève d’épuiser le sens de l’audition. Bref on rate nombre de mots d’esprit de l’œuvre (comme ce magnifique « Ma femme est bavarde, renonçons à Cythère. » ou autres…) . Dans la distributio, tous n’ont pas hélas le talent d’un Jean-Philippe Laffont (augure jupitérien burlesque et audible) grand comédien et chanteur au sommet de son art…

Dommages

L’alternance écran-scène permet des jeux habiles mais ses effets s’usent rapidement .

La seconde (qui se déroule à l’avant-scène) laisse place à des cavalcades sympathiques qui finissent par essouffler. Des sous-titres nécessaires accentuent encore le trouble verre progressif. Côté chant il y a du talent dans le chant de cette Hélène( la bellement plantureuse Galle Arquez) et de son plantureux amant Merto Sungu, Parîs fils de Priam et sosie de José Garcia (surtout en travesti). Mme Arquez a un joi brin de voix même si on n’atteint les hauteurs d’une Felicity Lott . Même chose chez notre malicieux Ménélas admirable Gilles Ragon en cocu spartiate digne d’un Sénéchal, admirables Ajax (I et II)ou autre héros grec comme l’Achille énervé de Mark van Arsdale ou l’Agamemnon digne de ce nom de Marc Barrard. On déplorera par contre le systématisme des interventions d’un comédien burlesque (façon Jérôme Deschamps dans l’Etoile de Chabrier) omniprésent, drôle au début mais dont le décalage n’apporte rien à l’intrigue (d’où il  s’exclut de lui-même jusqu’à plus soif).

Bon, on s’amuse tout de même un peu à ce spectacle que Jacques Offenbach créa en 1864. Comment ne pas rire d’ailleurs devant ce monument de légèreté et d’esprit sans même qu’il soit besoin de le revisiter à coup de nouvelles technologies et surtout en rendant difficile le plaisir des mots d’auteur. Halévy et Meilhac les auteurs du livret avaient même imaginé dans le corps du texte un concours de mots rimés et de vers de mirliton. Ils n’imaginaient pas qu’un siècle plus tard, il faudrait tendre l’oreille pour en goûter la terrible sottise.

La Belle Hélène

Jacques Offenbach (1819-1880)

Théâtre du Châtelet

Du 2 au 22 juin 2015BEE


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Popov 46 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog