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100 migrants expulsés de La Chapelle hébergés par les militants

Publié le 04 juin 2015 par Asse @ass69014555

L'expulsion du camp du Pont de la Chapelle a eu lieu le mardi 2 juin au matin. Sur une liste de trois cent quatre-vingts personnes, la moitié rempliraient les conditions d'une présentation de leur dossier à l'Ofpra, selon les diagnostiques sociaux de France Terre d'Asile et de l'Ofii et certaines auraient même déjà le statut de réfugié.

Le préfet de police Bernard Boucault affirme que " l'évacuation " sera accompagnée de propositions d'hébergements individualisées en fonction de la nature des publics :

  1. Les femmes avec enfants relèvent de l'aide sociale à l'enfance de la Ville
  2. Les demandeurs d'asile seront pris en charge par le dispositif national d'accueil en fonction de leur lieu de dépôt de demande
  3. Les autres personnes en transit vers d'autres destinations et qui ne veulent (peuvent) pas demander l'asile se verraient proposer " une mise à l'abri temporaire ".

La preuve par neuf de l'enfumage...

  1. Nous avons retrouvé dans la rue aujourd'hui même deux femmes avec leurs enfants, dont un bébé de six mois !
  2. Personne n'est en mesure de dire où se trouvent les candidats à la demande d'asile et combien ils sont en réalité : 150 selon les uns, 190 selon les autres... Des représentants associatifs et des élus interrogés nous ont affirmé, parfois avec colère et inquiétude, n'avoir reçu aucune information à ce sujet.
  3. Quant à la dernière catégorie de personnes, sa situation d'aujourd'hui permet de mesurer l'élasticité de la notion de mise à l'abri temporaire... Le soir même, on découvrait ici et là, à proximité du camp, des personnes recroquevillées sur un bout de trottoir, une porte cochère... Le mercredi matin, ils se massaient devant la mairie du XVIIIe pour demander une solution. Et le soir même, une bonne centaine s'était regroupée, sans solution !

Retour à la rue en moins de 24h

100 migrants expulsés de La Chapelle hébergés par les militants
Au moment de l'expulsion, la police fait entrer petit à petit les migrants dans des autobus en partance pour toute l'Ile-de-France, mais beaucoup restent coincés derrière le cordon de sécurité que personne ne peut franchir ni dans un sens ni dans l'autre... " Ils se lèvent tôt et certains partent prendre leur petit-déjeuner dans des associations, ou quittent un moment le camp ", explique une Christine, l'une des bénévoles de notre association au journal Le Monde. A ceux là, il est interdit de rejoindre leur tente pour y récupérer leurs affaires. Elles seront détruites en fin de matinée... Ce qui, rappelons-le, est une atteinte au lieu de vie des sans-abris.

La LDH du 18e avait prévu une réunion autour des problématiques d'accès au soin des migrants de la Chapelle le mercredi 3 juin. En dépit de l'expulsion du camp la veille au matin, cette réunion à laquelle étaient invités des représentants de Médecins du Monde (mission SDF et mission France), d' Emmaüs, de l' Espace Santé Droits (Cimade/Comede), de l' Uraca, d' Espoir Goutte d'Or, de Paris Goutte d'Or, du Point d'Accès aux Droits rue de Suez, du PASS (Saint Louis et APHP), de l' Association santé Goutte d'Or, du Collectif des exilés du 10e et d' Entraides-Citoyennes était maintenue.

Une vingtaine de migrants et de demandeurs d'aile de toute nationalité participaient à cette réunion à l'invitation de sœur Marie-Jo Biloa, qui les connait bien en raison des distributions de petits déjeuners du week-end qu'elle organise. Au bout d'une heure, l'un d'entre eux explique : " que pour le moment, ce qui compte c'est de manger parce qu'ils ont faim. " Et comme la faim et un toit sur la tête sont des besoins concomitants à la santé, nous avons organisé une distribution de repas que nous imaginions mettre en place devant l'église Saint-Bernard. En Chemin, certains militants ont eu l'idée de pousser la porte de la salle Saint-Bruno et d'y faire entrer tous les migrants. Prise de court par cette " réquisition ", l'équipe de la salle associative a évoqué les problèmes de sécurité. Entraides-Citoyennes a donc eu l'idée de proposer une convention de partenariat jusqu'à ce jeudi matin. Quatre bénévoles dorment sur place avec une centaine de migrants.

Alentours, la police veille : il ne faudrait pas que ce court hébergement ne se déplace vers l'église et que se rejouent la solidarité - mais aussi les horreurs - de 1996 (voir vidéo)...

A suivre...

Église Saint-Bernard, 1996

Des centres d'hébergement d'urgence où aucune épidémie ne saurait être enrayée (humour noir)


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