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Pourquoi les livres autoédités sont-ils mauvais ?

Publié le 04 juin 2015 par Thibaultdelavaud @t_delavaud

Votre sang n’a fait qu’un tour à la lecture du titre de cet article et vous pensez que je suis un traître à la cause des auteurs indépendants. Le titre est provocateur mais en toute honnêteté, c’est une question que je me suis réellement posée (en fait, je me suis posé comme question : « pourquoi les livres autoédités sont-ils aussi mauvais ? »).

Vous avez dit mauvais ?

Précisons tout d’abord que les livres autoédités ne sont pas tous mauvais, loin de là mais dans leur grande majorité, ils le sont. Je distingue trois facteurs de non-qualité des livres autoédités :

  1. L’orthographe et la maîtrise de la langue française. Pas besoin de détailler, je pense que c’est assez clair.
  2. Le traitement de l’histoire et des personnages. Celui-ci est très souvent médiocre : clichés, dialogues creux ou qui sonnent faux, personnages caricaturaux, aucune originalité…
  3. La fadeur. Il s’agit de livres qui sont plutôt assez bien écrits et qui « tiennent la route ». Mais leur lecture laisse indifférent, elle ne suscite ni enthousiasme, ni passion. Ces livres n’apportent pas grand-chose et sont complètement oubliés aussitôt leur lecture achevée.

Soyons honnêtes, même si beaucoup d’auteurs n’ont jamais envoyé leurs livres à des maisons d’édition, ceux-ci n’auraient jamais été acceptés et auraient été « éliminés d’office ».

Failure

Photo de Behrooz Nobakht (CC-BY-NC-ND)

Être (ou ne pas être) un véritable auteur

L’autoédition permet à n’importe qui de publier n’importe quoi sur Internet. Les plateformes comme Wattpad marquent une nouvelle étape puisqu’il n’y a aucun filtre, l’auteur publie un texte sur Internet et tout le monde peut le lire. Alors oui, c’est une grande liberté, peut-être même un progrès. Mais ne nous voilons pas la face non plus, l’autoédition génère une immense pollution, constituée de textes qui, au mieux, ne sont pas intéressants et qui, au pire, sont truffés de fautes, illisibles. Derrière le label « livre autoédité / livre d’un auteur indé », appelez-le comme vous voulez, on trouve une immense variété de textes, très hétérogènes les uns des autres, dont la plupart sont mauvais. Dans ces conditions, il est très difficile pour un lecteur de trouver les bons textes et la conclusion logique s’impose à lui : les livres autoédités sont mauvais.

L’autoédition génère une immense pollution, constituée de textes qui, au mieux, ne sont pas intéressants et qui, au pire, sont truffés de fautes, illisibles.

On peut rétorquer que l’autoédition se professionnalise, que des auteurs indépendants ont une démarche artistique, un vrai talent, que jamais ils n’ont eu autant d’outils à leur disposition. C’est tout à fait vrai. Je pense cependant que cela ne concerne qu’une petite minorité car le mal est plus profond.

Beaucoup d’auteurs indépendants se heurtent à un plafond de verre impossible à briser : accéder au statut de véritable auteur. Je vous vois tout de suite venir : qu’est-ce qu’un « véritable auteur » ? Vaste débat… Selon moi, un véritable auteur est un auteur qui a un lectorat conséquent et dont la qualité des textes et le style sont reconnus par les lecteurs, les critiques etc. Or, beaucoup d’auteurs indépendants ne briseront jamais ce plafond de verre car force est de constater qu’ils ne sont pas au niveau et ne le seront jamais. Dès lors, l’autoédition est condamnée à accueillir les mauvais écrivains et les aspirants auteurs. Ces derniers seront un jour peut-être de véritables auteurs mais ils seront peu nombreux et devront travailler dur.

L’autoédition est condamnée à accueillir les mauvais écrivains et les aspirants auteurs.

Author

Photo de Matt Zhang (CC-BY-NC-ND)

Et les maisons d’édition ?

On pourrait adresser les critiques énoncées dans le paragraphe précédent à des livres publiées par des maisons d’édition. Pour beaucoup, Marc Lévy ou Guillaume Musso (les usual suspects) ne sont pas de vrais auteurs.

Cependant, les maisons d’édition offrent une garantie au lecteur. La qualité sera quasi-parfaite sur la forme : présentation impeccable et absence de fautes de français… Il y a quelques coquilles, inévitables, mais celles-ci demeurent marginales. Et l’on peut s’attendre à un minimum de sérieux concernant l’histoire, puisque l’éditeur sait a priori qu’elle va plaire.

L’édition traditionnelle a d’ailleurs une approche assez cynique par rapport à l’autoédition. D’une part elle l’ignore, en faisant comme si elle n’existait pas et d’autre part, elle se contente de recycler les textes ayant eu le plus de succès, les plus « bankables » : 50 shades of Grey hier, After aujourd’hui, pour les rendre lisibles et accessibles à tous.

Améliorez votre plume, travaillez vos textes, créez des liens forts avec votre lectorat, faites tout pour sortir du lot et pour affirmer votre identité d’auteur.

Devenir auteur

La conclusion est donc sans appel. Auteurs indépendants, si vous croyez en votre talent, si vous êtes prêts à devenir de meilleurs écrivains, améliorez votre plume, travaillez vos textes, créez des liens forts avec votre lectorat, faites tout pour sortir du lot et pour affirmer votre identité d’auteur. Avant d’être un auteur indépendant, soyez tout simplement un auteur.


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