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Faire évoluer l’espace de travail par le tiers lieu, une urgence ?

Publié le 09 juin 2015 par Pnordey @latelier

Les espaces de travail alternatifs, les tiers lieux ou espaces de coworking se multiplient ces dernières années. Mais pas assez rapidement au goût des experts et des professionnels.

« Le bureau est devenu une contrainte pour beaucoup » annonce dès le début de son intervention Nicole Turbé-Suetens, experte sur le télétravail. Lors de la conférence « Tiers Lieux : quels usages pour l’entreprise » organisée par L’Atelier, les intervenants se sont succédés, tous soulignant – avec plus ou moins d’insistance – l’urgence de développer des solutions nouvelles pour changer le bureau. Au cœur de ce problème : les nouvelles générations d’employés et de professionnels. « 93 % des jeunes ne veulent plus travailler dans un bureau classique » détaille Nathanaël Mathieu du cabinet d’études LBMG Worklabs. Ceci dans un contexte où « la dichotomie entre monde du travail et vie privée tend à se restreindre » selon le sociologue Antoine Burret pour qui il y a donc une urgence sociétale. Les tiers lieux, ces nouveaux espaces entre monde du travail et monde privé, apparaissent donc comme une solution viable pour adapter l’entreprise à l’ère numérique.

Il y a plus de 330 espaces de coworking en France. Ce sont les laboratoires de l'entreprise de demain @NathanaelMat @LBMG_Worklabs #ATlieux

— L'Atelier (@latelier) 4 Juin 2015

S’adapter aux nouvelles attentes

Tout l’enjeu des tiers lieux sera donc de s’adapter aux nouvelles générations avec leurs attentes multiformes. D’abord le numérique sous-exploité selon Nicole Turbé-Suetens : « les processus ne sont pas encore suffisamment digitalisés ». Mais au-delà de l’adaptation au digital, les intervenants ont insisté sur un point : les attentes sont diverses.

« Les entreprises vont devoir proposer un ensemble de solutions »

Les utilisateurs des tiers lieux sont en effet d’horizons variés. Ainsi Maya Sérigne qui s’occupe de la villa Bonne Nouvelle d’Orange détaille la population qui fréquente l’espace ouvert l’an dernier : « Pour le moment, nous avons essentiellement des cols blancs ». Les cadres sont donc les premiers utilisateurs des tiers lieux. Parmi ceux-ci, 62 % sont des indépendants détaille le cofondateur de LBMG Worklabs. 28 % sont des petites ou moyennes entreprises. Entre les deux, les attentes sont donc très différentes. « Les entreprises vont devoir proposer un ensemble de solutions » insiste Nathanaël Mathieu. Car pour le moment, seuls 6 % des utilisateurs de tiers lieux sont des grandes entreprises. 

Un retard des entreprises ?

Ces grandes entreprises auraient-elles donc un certain retard dans le domaine ? La vision et les objectifs des directions des ressources humaines semblent bien loin des attentes des salariés si l’on en croit les différents intervenants de la conférence. « Pour l’instant la pensée du tiers lieu dans les entreprises se fait soit au niveau du télétravail soit au niveau d’une R&D externalisée » nous explique Antoine Burret. Les entreprises n’intègrent donc pas encore complètement le tiers lieu à leur politique de ressources humaines. Pour elles, la demande doit venir du salarié, même si elles ne sont pas inconscientes de cette évolution du lieu de travail. Nicole Turbé-Suentens rappelle en effet que 91 % des entreprises veulent tendre vers une stratégie de travail mobile.

Faire évoluer l’espace de travail par le tiers lieu, une urgence ?

Malgré tout demeure un flou juridique entourant les espaces de coworking qui peut expliquer la frilosité des entreprises à prendre des initiatives. « Il n’y a pas de définition juridique du tiers lieu, cela n’existe pas en droit » explique l’avocat Garance Mathias. En conséquence, de nombreux problèmes peuvent apparaître en matière de propriété intellectuelle notamment. Pour le moment la seule protection prévue par le droit est celle du télétravail précise maître Garance Mathias. Reste donc à définir des règles plus précises pour « ne pas laisser le droit en friche et anticiper pour créer la confiance » selon l’avocat. Pour cela comme pour le développement plus général des tiers lieux « nous n’avons pas dix ans devant nous pour franchir l’étape suivante » insiste Nicole Turbé-Suetens.


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