Magazine Société

Le Brésil, entre espoir et désespoir

Publié le 09 juin 2015 par Vincentpaes
les méandres de la corruption et de la récession. Le PIB est ainsi attendu en recul de 1% cette année, et le taux d’inflation, au-dessus des 8%, est au plus haut depuis plus d’une décennie. Dans ce contexte, la Banque centrale brésilienne vient de décider un nouveau resserrement monétaire (le sixième depuis octobre dernier), relevant son taux de référence, de 13,25 % à 13,75 %. Une politique qui n’est pour le moment pas parvenue à endiguer la chute du real. Crédit : Brésil par Shutterstock Crédit : Brésil par Shutterstock En premier lieu, par la structure des échanges commerciaux du Brésil, qui repose principalement sur la Chine, son principal partenaire. Viennent ensuite les Etats-Unis, puis l’Argentine. Le ralentissement de la croissance chinoise et l’effondrement de l’économie Argentine ont ainsi précipité la chute de l’activité économique brésilienne. Et pourtant, malgré l’importance de ses ressources naturelles, le Brésil est plutôt bien diversifié en termes de secteurs d’activité. En effet, l’agriculture ne représente que 6% du PIB, l’industrie 27% et les services 67%.  

Cependant, le secteur industriel est lui-même fortement dépendant des matières premières, puisqu’il repose essentiellement sur l’exploitation des ressources minières, notamment fer et aluminium, et dispose également d’importantes réserves pétrolières. Les secteurs du textile, de l’aéronautique, de la pharmacie, de la sidérurgie et de l’automobile contribuent également à la diversification sectorielle du pays.
Autres articles
  • Brésil, la colère gronde !

  • Lula facture 200 000 euros sa prestation

  • Brésil : la fin d’un cycle ?

  • Les cinq défis économiques du Brésil

  • Un documentaire sur la crise économique argentine de 1998-2002

Mais les pays « clients » du Brésil font pâle figure et les marchés de prédilection sont trop corrélés aux commodités touchées de plein fouet par une crise de surproduction et une faible demande. Le résultat ne se fait pas attendre : fuite des capitaux, effondrement de la devise, hausse des taux, risque de dégradation du rating du pays et donc nécessité de réduire le poids de l’état providence dans l’économie brésilienne, entrainant une baisse du pouvoir d’achat avec comme corollaire une baisse généralisée de l’activité économique.

L’arrivée du nouveau gouvernement, renforcé par un ministre de l’économie compétent et déterminé à sortir le pays de l’ornière, est un espoir pour cette nation. Il est décidé à ne plus intervenir sur les devises pour soutenir le Réal, afin de préserver les réserves de changes et laisser l’ajustement se produire naturellement. Mais le bilan reste médiocre : Inflation à 7%, déficit public proche de 6%, taux court terme à 13,25%, balance des comptes courants à -4,20% du PIB représentant 91 milliards de dollars de déficit et balance des revenus déficitaire de 40 milliards de dollars. Et la balance brésilienne commence à gronder.

La balance des paiements est constituée essentiellement de deux postes : la balance des biens et des services (-91 milliards de dollars) majorée des flux de capitaux (+97 milliards). Le premier poste relève de l’activité propre du pays, le second des investisseurs internationaux plus volatiles et moins contrôlables. Le souci est que la balance des paiements n’est équilibrée que par les flux de capitaux, ce qui traduit l’état de dégradation du pays. En parallèle, la balance commerciale est  dans le rouge de 40 milliards de dollars pour la première fois depuis 13 ans et l’ambiance générale peu rassurante a également provoqué un retrait de capitaux de 40 milliards, dû aux rapatriements massifs de bénéfices et dividendes. Alors comment sortir de l’impasse quand votre économie s’appuie sur trop peu de pays à l’export et sur quelques secteurs eux-mêmes dépendants de facteurs exogènes tels que la météo ? L’équation n’est pas simple mais elle est solutionnable, car le potentiel démographique, naturel et économique, même s’il est fragilisé aujourd’hui par une  diversification réelle mais encore insuffisante, ne doit pas être sous-estimé. En effet, les investisseurs « économiques », c’est-à-dire ceux qui s’implantent et apportent de l’emploi durable ne s’y trompent pas et continuent d’investir dans cette économie, car ils ont une vision long terme et comprennent bien les enjeux de demain.

Pour s’en convaincre, il faut observer que le montant des investissements directs étrangers dépasse les 40 milliards de dollars. Ceci est à nos yeux la preuve du potentiel de redéploiement d’un tel pays. Alors, si le moment opportun pour revenir sur le Brésil ne sera pas encore en vue au cours des 12 prochains mois, il semble se rapprocher. Le Brésil est à la croisée des chemins, entre les court-termistes qui se sauvent et les visionnaires qui comprennent bien l’intérêt économique qu’une telle nation représente,  sur un continent d’avenir et en pleine reconfiguration.


A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection. stratégiste d'Intersélection. Il est également économiste et membre diplômé de l’Institut des Actuaires Français.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vincentpaes 175842 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine