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Amérique, virtuelle tu retourneras au virtuel !

Publié le 03 juin 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

Préparés au monde en général et à la guerre en particulier au travers de la représentation faussée des jeux vidéos, voilà que les Américains de retour du monde (le vrai, tel qu'il a toujours été et restera) et de la guerre (la seule possible dès lors qu'on veut la faire) sont soignés par des jeux vidéos. La boucle est bouclée. Non seulement l'Amérique est hors du monde, mais quand elle s'y frotte un tout petit peu elle retourne vite se blottir tout au fond de son continent-utérus.

Extrait de France 24, mis en ligne le 3 juin 2008

L'armée américaine a créé un monde virtuel qui ressemble à l'Irak pour y guérir ses vétérans de leur névrose post-traumatique. Mais revivre cette violence, même dans un jeu vidéo, aide-t-il vraiment les soldats à dépasser leurs angoisses ?

Virtual Irak est l'un des trois jeux vidéos créés par le Pentagone pour soigner ses soldats en leur faisant revivre certaines expériences traumatisantes auxquelles ils ont été confrontés : embuscade, camarade blessé, arrestation de civils, etc. Mais, à la différence de ce qu'il a vécu au combat, le soldat n'est jamais autorisé à se servir de son arme. Virtual Irak est actuellement testé par le département de la Défense américain, qui affirme qu'il pourrait être utile à 20% des vétérans d'Afghanistan et d'Irak.

« Cela peut (…) détruire le petit monde protecteur que vous vous étiez créé. »

Andy a servi dans l'armée britannique pendant neuf ans. Depuis une mission en Bosnie, en 1993, il souffre de névrose post-traumatique. Il s'occupe aujourd'hui d'un site d'information sur ce syndrome à destination des militaires. Aujourd'hui encore, il souffre de cauchemars, de crises d'angoisses et de paranoïa. Il explique que les sentiments de honte et de culpabilité qu'il ressent l'ont conduit plusieurs fois au bord du suicide.

« Ce genre de jeu peut être efficace dans certains cas. Mais si vous êtes un vétéran et que l'on vous remet dans ce type de situation, sans assistance, cela peut aussi vous déstabiliser complètement et détruire le petit monde protecteur que vous vous étiez créé. Sans cette carapace qu'il s'est construit, le soldat peut préférer la mort plutôt que de laisser revenir ses cauchemars.

Il m'arrive encore de penser qu'il serait mieux que je sois mort là-bas. Je n'aurais pas eu à vivre cet enfer toutes ces années. La thérapie comportementale cognitive [CBT] m'a aidé à gérer mon quotidien, à contrôler mon angoisse et à comprendre comment ma psychologie a été affectée. Mais mon angoisse et certaines émotions profondes sont toujours là. Je ne veux pas [en jouant à ce jeu] briser le fragile équilibre que je me suis créé. »


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