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Confidences part #2 : Deuil périnatal

Publié le 07 juin 2015 par Christele

Suite de Confidences part#1 : Fausse couche tardive.

J’en étais donc au fait que j’avais du accoucher d’un enfant né sans vie à 4 mois et demi. J’ai du rester une nuit en observation. A ce moment là, c’est comme si le temps s’était arrêté… Il y a quelques heures, j’avais un bébé que je portais depuis 4 mois et demi. Là mon ventre est tout plat, je me sens vide. Il y a quelque chose d’irréel et je ne comprenais plus ce qui était en train de se passer. Je planais, j’avais l’impression de ne plus exister. Beaucoup de personnes ne comprennent pas la douleur car ils pensent que ce n’est pas grand chose; que nous ne l’avons pas connu, pas vu, pas parler, que nous n’avons pas de souvenirs avec ce petit « être » … Mais l’amour qu’une mère peut ressentir lorsqu’elle porte un enfant est indescriptible. Seules les mères peuvent le comprendre. A certains moments, oui je l’avoue, je me suis dis vouloir partir avec lui mais heureusement, mon compagnon était là et m’a soutenu du mieux qu’il pouvait. J’ai énormément de chance car lui comprenait et ne minimisait pas les choses. Malgré qu’il ne puisse pas ressentir la même douleur que moi, il a quand même beaucoup souffert de perdre notre enfant. Il s’y était également beaucoup attaché.

Le matin de mon départ, une psychologue (que j’avais demandé à consulter pendant mon hospitalisation et qui n’est jamais venue) est enfin arrivée pour nous parler. Mais à ce moment, je n’avais plus envie de lui parler. Je voulais juste rentrer chez moi, c’était trop tard. J’aurais voulu la voir plus tôt. Une infirmière lui avait dit que je n’avais pas besoin de consulter… Puis la chef de service nous donne des papiers à signer et nous demande ce que l’on veut faire du corps. Honnêtement, nous n’y avions pas réfléchi. Soit on laisse l’hopital s’en occuper, soit on le prend en charge nous-même avec une société de pompes funèbres (pour un enterrement ou une crémation) et dans ce cas-là il faut aller le déclarer à la mairie. A ce moment là notre décision n’est pas mûrement réfléchie et est prise dans la précipitation. En croyant penser l’un à l’autre, nous décidons de laisser l’hôpital s’en occuper. Sans forcément l’oublier, on voulait vite tourner la page et ne plus y penser. Mais c’était trop prétentieux de notre part. Car nous ne sommes pas si forts que ça dans ce genre d’épreuves. La douleur est restée et est toujours là quoique l’on décide. On rentre et je ne fais que pleurer. Pas en sanglots mais le larmes coulent toutes seules, sans arrêt, je ne contrôle plus rien. Je ne comprends pas pourquoi je suis rentrée. Sans mon bébé. J’aurais tellement préféré rester à l’hôpital, allitée jusqu’à Noël et mettre mon enfant au monde. Mais je réalise qu’à Noël il n’y aura pas d’enfant. Et je me sens seule, terriblement seule. Je me sens vide. Je ressens un manque tellement fort qu’il est impossible de le combler. Personne ne peut rien faire pour moi. Et même si mes proches font tout ce qu’ils peuvent, rien ne peut me redonner espoir et confiance en la vie. On dit aux femmes qui font des fausses couches qu’elles ne doivent pas se sentir coupable mais moi je me sentais abandonnée. Abandonnée par mon propre enfant. C’est dur car bien évidemment je sais qu’il n’y est pour rien mais ce drame avait fait ressurgir en moi toutes les douleurs de mon passé. Deux jours plus tard, mon conjoint et moi, sommes tracassés. Nous avons le sentiment d’abandonner notre enfant. Le fait d’avoir laissé notre bébé à l’hôpital. Nous pensions l’avoir fait l’un pour l’autre mais nous tombons rapidement d’accord pour changer d’avis. Heureusement, il y a un délai de rétractation de 7 jours. On était largement dans les temps mais j’avais tellement l’impression de laisser notre bébé partir seul que j’ai pris le premier bus, et j’ai couru jusqu’au bureau des infirmières pour demander mon dossier (avec les photos du bébé après sa naissance) et pour les prévenir que je me retractais. Puis les démarches s’enchainent, pompes funèbres, déclaration en mairie. Et même encore à ce niveau, il a fallu que l’hopital nous fasse « galérer ». Ils m’ont donné une photocopie au lieu du papier original qu’il faut pour la mairie donc j’ai encore du y retourner. Transport du corps, crémation et nous sommes aller chercher la petite urne. Ca y est, il est parti au ciel, mais ses cendres sont dans mes bras et je me sens soulagée. C’est comme s’il veillait maintenant sur nous. Puis nous avons décidé de regarder les photos (ses photos à la naissance). Nous avions peur de ce qu’on nous allions découvrir. Si ça allait nous choquer ou nous faire mal. Mais non pas du tout, c’est notre enfant. Tout petit mais notre enfant quand même. Parti trop tôt.

Les semaines qui ont suivi ont été très dures pour nous et surtout pour moi. J’ai eu de graves moments où je touchais le fond, où je ne voulais plus vivre. C’est une douleur qui vous empêche de respirer, qui vous tue à l’intérieur. Il n’y avait plus d’espoir, plus d’avenir. J’ai toujours pensé bien évidemment que c’était plus dur de perdre un enfant qu’on avait connu, avec qui on a partagé des choses et avec qui on a des souvenirs. Mais lorsqu’on a mis au monde un enfant qui est décédé à l’intérieur de notre corps, alors là il y a une tout autre dimension. C’est totalement différent. Nous devions apporter la vie et on nous a pris la vie. Il y a quelque chose de surréaliste.

Forcément, la douleur se répercutait sur notre vie de couple. Car même si nous nous comprenions, je voulais que mon compagnon porte toute son attention sur moi. Qu’il comble mon manque, qu’il me guérisse et me répare. Car c’est ça, je me sentais « souillée ». J’avais perdu toute confiance en moi et je n’avais plus aucune estime pour moi. Peut-être même que je me détestais. Lorsque j’étais enceinte, je ne me sentais plus femme mais juste mère. Après cette perte je ne me sentais ni femme, ni mère. Je ne savais plus qui j’étais. Je me suis vue « péter les plombs ». Si j’avais pu tout cassé, tout brisé. Et à côté de ça, nous nous aimions quand même. Nous voulions à tout prix de cette famille qui nous avait échappé. Et je me souviens de toutes les étapes du deuil. Si vous y êtes confronté, allez voir ce site, tout y est très bien expliqué : Institut National de Santé Publique du Québec.

Je suis devenue très jalouse; lié à mon manque de confiance en moi, presque paranoïaque. J’étais sûre et trouvait ça normal qu’il devait me quitter et être avec quelqu’un d’autre. Au fond de moi j’ai pensé, quelqu’un d’autre qui aurait pu mettre son enfant au monde. Mais à ce moment là il ne s’agissait plus de cet enfant parti trop tôt. Il s’agissait de moi, du choc que j’avais subi et des répercussions que ça avait dans ma vie. Je savais que tant que je ne serai pas de nouveau enceinte, je ne me retrouverai pas. Et nous en avions envie.

Dans ce genre d’épreuve, nous ne pouvons en parler qu’à notre compagnon car en général, les gens fuient le sujet. Ce n’est pas un reproche car ils ne comprennent pas ou tout simplement sont gênés. Ils ne savent pas comment réagir. Mais ça fait beaucoup de mal de voir que vos proches ou connaissances font comme s’il n’y avait jamais eu de bébé. Ou lorsque vous essayez d’entamer le sujet, ils changent rapidement de conversation. Et ça se répercute sur la vie de couple car vous êtes frustrée de ne pouvoir en parler. De ne pas être ni écoutée, ni comprise. Alors je me vengeais sur lui… Il est quand même resté. Avec moi. Dans l’espoir de me retrouver, un jour.

Nous avons donc acheté les tests d’ovulation. Et le 31/12/2014 ! Bébé 2 a fait son nid !!! Mais tout ça je vous en parlerai dans la prochaine partie « Confidences part#3« . Je vous ferai part de toutes les inquiétudes que l’on peut avoir suite à une fausse couche et comment continuer son deuil périnatal en étant à nouveau enceinte.


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