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RÉTENTION URINAIRE : Le cas de Monsieur T. atteint de sclérose en plaques – Cas patient

Publié le 18 juin 2015 par Santelog @santelog

Monsieur T. né le 31/08/1956, qui pèse 87 kg pour 1m83, est atteint de sclérose en plaques. Il présente une rétention urinaire, pratique des auto-sondages depuis 3 ans et souffre d’infections urinaires à répétition.

RÉTENTION URINAIRE : Le cas de Monsieur T. atteint de sclérose en plaques – Cas patient
Antécédents :

Monsieur T. a été diagnostiqué avec SEP en 2000 et, depuis 2009, pratique des auto-sondages 3 à 5 fois par jour.

Le patient a vécu plusieurs prostatites (infection de la prostate) et présente une hyperplasie (hypertrophie) de la prostate, une neuropathie périphérique de la jambe droite, des épisodes de lumbago. Il a également subi une cholécystectomie (ablation de la vésicule biliaire) et a été opéré d’un phimosis (affection du pénis) dans l’enfance.

Monsieur T. fume très peu, est en invalidité et ne pratique aucune activité physique : il se déplace en fauteuil roulant depuis 3 ans.

Examens : L’échographie vésico-rénale s’est avérée normale; pas d‘imagerie de la prostate transmise.

Traitement :

Antibiothérapie : Cefixime® 200mg x2/jour, depuis avril 2015  

Laxatif : Eductyl® suppositoire si besoin

Stimulation sexuelle : Cialis®

Recueil clinique : Le patient vient pour un bilan de rétention urinaire et plusieurs épisodes d’infection urinaire dans le cadre d’une sclérose en plaques.

·   Il ne présente pas de fuites urinaires sauf s’il attend trop longtemps entre 2 sondages.

·   Les troubles urinaires remontent à 6 ans et s’aggravent.

·   Le patient ne porte pas de protection. La gêne sociale éprouvée est importante.

·   Le besoin est parfois présent (l’auto sondage ramène un volume supérieur ou égal à 600 ml), mais le plus souvent absent.

·   Il ne décrit ni pesanteur, ni brûlure, ni douleur.

·   La progression du besoin n’est pas ressentie.

·   La miction est déclarée impossible (auto-sondages 3 à 5 fois/jour).

·   Le patient présente des infections urinaires à répétition avec des écoulements purulents pendant +/- 2 jours.

·   Le patient ne présente le jour de l’examen ni brûlure, ni hématurie macroscopique.

-   L’ECBU (Examen cytobactériologique des urines) présenté est positif à Klebsiella Pneumoniae, le patient est sous traitement antibiotique Céfixime® depuis 5 jours.

-   Le patient présente des troubles génito-sexuels et prend un traitement par Cialis®.

-   Le transit intestinal est ralenti. Les apports hydriques sont estimés à plus de 2 litres par jour dont 1 litre de thé (parfois plus).

 

Examen neurologique et aspect du périnée : Le tonus anal est normal. Tous les réflexes sont retrouvés sauf celui à l’étirement et le nociceptif qui sont absents. Absence d’anomalie sensitive. Le testing musculaire périnéal est de bonne qualité, la prostate augmentée de volume mais homogène au toucher rectal.

Etude des réflexes et des sensibilités aux membres inférieurs : Les réflexes cutanés plantaires sont présents en extension bilatérale, les achilléens sont bien retrouvés à gauche et moins vif à droite, les rotuliens sont vifs. Il y a absence d’anomalie des sensibilités superficielle et profonde. On note un déficit net de la force musculaire au membre inferieur droit et une force musculaire normale à gauche.      

Conclusion du bilan urodynamique: Vessie de grande capacité, très hypo-esthétique, normocompliante (pression vésicale normale avec le remplissage de la vessie). Valeur élevée de la pression urétrale. Les auto-sondages sont bien maîtrisés.

Conduite à tenir :

- Réguler le transit intestinal avec Movicol® et Eductyl® (cure de 10 jours puis espacer la prise tous les 2 ou 3 jours pour obtenir une exonération plus facile), 

- réguler les apports hydriques,

- poursuivre l’antibiothérapie pendant 21 jours au total (prostatite),

- augmenter la fréquence des auto-sondages à 6 fois/jour régulièrement sans tenir compte des apports hydriques et sans attendre la perception d’une pesanteur vésicale, avec un auto-sondage le plus tardif possible le soir et un le plus précoce possible le matin puis toutes les 3 heures,

- conseiller au patient le port d’une protection lui permettant de retrouver une vie sociale. En fonction de l’intensité des fuites, il sera préconisé soit une protection anatomique pour hommes (du type TENA Men), soit une protection pour des fuites plus importantes du type change complet (TENA Slip ou TENA Flex). On évitera le sous-vêtement, moins pratique puisque le patient est en fauteuil.

- poursuivre le suivi neurologique de sa maladie (SEP) auprès d’un centre de neurologie adapté.

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RÉTENTION URINAIRE : Le cas de Monsieur T. atteint de sclérose en plaques – Cas patient

Auteur: Dr Lamia Fourni Consultation d’urodynamique – Unité de Gériatrie Aiguë Hôpital Antoine-Béclère, Clamart (AP-HP)

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