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Mademoiselle Liberté - Alexandre Jardin

Par Melusine1701

mademoiselle libertéHorace, proviseur de lycée est marié depuis des années à Juliette. Mais Horace a toujours été un esthète, avide de perfection, d’absolu. Il ne s’est marié que par défi: il a sciemment choisi d’être médiocre. Et sa femme l’ignore. Alors elle tombe de haut lorsqu’elle reçoit deux lettres anonymes. Une femme, amoureuse d’Horace au point de ne souhaiter que son bonheur, lui annonce qu’elle le lui confie, qu’elle la charge de faire vivre à cet homme exceptionnelle la passion qu’il mérite. Qui est cette femme qui a su si bien cerner les désirs profonds de son mari et les lui désigner pour ne pas condamner son couple? Cette femme, c’est Liberté, dix-huit ans, élève dans ce même lycée. Fille unique d’un Lord anglais fantasque qui lui a passé tous ses désirs, éprise de vérité comme de rêve, d’amour pur et absolu, elle exige la passion parfaite. Un chef d’oeuvre, sinon rien. Et elle compte sur Horace pour le lui fournir.

Pour une histoire d’amour atypique, en voilà une. Elle rejette d’ailleurs tout ce qui est normal, traditionnel, banal. Le personnage d’Horace est étonnant. C’est d’ailleurs peut-être ça qui m’a un peu agacée: il a un ego impressionnant, lui qui se croit tellement au-dessus du commun des mortels en termes de sensibilité et pour qui s’abaisser à l’embourgeoisement du mariage, des enfants devient un véritable travail pour se rabaisser. Quelque part, j’ai d’ailleurs eu de la peine pour Juliette, celle que la banalité et le quotidien rassurent. Elle ne peut rien offrir à un passionné comme Horace, mais elle m’a paru une victime collatérale de cette rencontre improbable entre deux assoiffés, une qui n’a pas mérité de voir sa vie voler en éclat.
En revanche, les deux héros sont romanesques jusqu’au bout des ongles. Dès le départ, ils rejouent, jusqu’à la perfection, la scène même de leur rencontre, apprennent à se désirer, à s’entrevoir, à renouveler. Complètement déconnectés de la réalité, ils veulent égaler les passions les plus violentes, les plus inspirées qui ont traversé les pages, les siècles et donné à l’amour ses plus célèbres exemples. Le roman pousse le jeu à l’extrême, ne recule devant aucune excentricité, y compris faire l’amour au volant d’une voiture lancée à 200km/h sur l’autoroute. La partie qui m’a le plus plu a peut-être été la deuxième, lorsqu’après avoir rompu, ils décident d’être ensemble séparément, calquant leur vie sur celle de l’autre, afin d’obtenir une perfection même dans le “rien”.
Pour autant, même si je salue l’originalité et la fantaisie de l’histoire, je n’ai pas réussi à être touché par ces personnages. L’un et l’autre m’ont plutôt semblé amoureux de leur fantasme que l’un de l’autre, amoureux de ce qu’ils attendent de l’autre et pas d’une personne. L’étrange relation entre une lycéenne et son proviseur me met aussi un peu mal à l’aise et je n’arrive pas du tout à croire à une telle relation. Donc j’ai passé un bon moment, j’ai beaucoup apprécié ma lecture, mais je n’ai pas vibré avec ce livre.

La note de Mélu:

 

Note 4

A découvrir!

Un mot sur l’auteur: Alexandre Jardin (né en 1965)est fils d’écrivain. Il a été aussi chroniqueur littéraire pour l’émission Nulle part ailleurs sur Canal +. D’autres de ses oeuvres sur Ma Bouquinerie:

le zèbre


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