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No jo !

Publié le 24 juin 2015 par Delanopolis
« Plus vite, plus haut, plus fort » dans la dette et le gaspillage : les jeux Olympiques à Paris, une candidature absurde. La tribune de Serge Federbusch dans FigaroVox ! NO JO !
L’escapade familiale de Manuel Valls à Berlin en Falcon 2000 n’était pas qu’un reflet du laissez-aller moral de notre seul Premier ministre. Elle était le symptôme d’un mal qui gagne insidieusement la classe politique française. L’un des rares endroits où l’on voit encore gauche et droite se faire des risettes publiques est la tribune du Parc des Princes. Faute d’obtenir des résultats probants dans le domaine économique, incapables de défendre un modèle laïc et républicain gangrené par le communautarisme, laissant filer les comptes publics en se contentant d’en maquiller la présentation, les dirigeants français cherchent désespérément des dérivatifs. Du pain et des jeux ... et d’autant plus de jeux que le pain est rassis ! Voilà la pitance que ces chefs sans trophée espèrent donner au peuple en guise de nourriture spirituelle. Ils vont donc chercher dans le sport spectacle et le juteux business qui l’accompagne de quoi égayer des mentalités inquiètes. Ils espèrent qu’une petite partie de l’énergie des «holà» rejaillira sur eux.
La photo de famille nimbée de bons sentiments des sportifs de l’hexagone soutenant la candidature aux JO, offerte hier aux médias, où se devine dans les coins le discret profil de politiciens récupérateurs, est un parfait résumé de cette unanimisme fabriqué. Car, dès lors qu’on refuse de se laisser écraser par le rouleau compresseur propagandiste mis en route depuis quelques semaines, l’ineptie de cette candidature parisienne est flagrante.

L’Île-de-France ou le Grand Paris - peu importe son nom - souffre de maux terribles : les RER sont congestionnés, le réseau routier saturé et mal entretenu, les équipements publics de moyenne et grande couronnes déficients. Paris et l’Île-de-France, ville et région autrefois prospères, sont lourdement endettées du fait de la gestion socialiste. Et que prévoit-on ? Un golf et un vélodrome à Saint Quentin en Yvelines, un grand stade à Nanterre, une base nautique à Vaires-sur-Marne et des équipements supplémentaires à Bercy ou à la halle Carpentier. Qui peut croire une seule seconde que ces investissements, dans un contexte de faillite larvée de l’Etat et de grande tension sur les finances publiques locales, soient la réponse à la mise à niveau de la région capitale dans la compétition internationale entre les métropoles ?

Le Grand Paris a un besoin vital de réseaux transversaux pour abolir les effets pervers du système radio-concentrique qui le structure aujourd’hui. Il a un besoin urgent d’une rénovation complète de son système de transports publics. Malgré les rodomontades d’Hidalgo, Paris compte dix fois moins de start-up que Londres. Et l’on veut saupoudrer quelques stades et bases nautiques de prestige pour épater pendant trois semaines d’été les téléspectateurs ! Fait significatif, alors qu’au sein de l’ «Atelier du Grand Paris» dix équipes pluridisciplinaires formées notamment d’urbanistes, architectes et d’économistes planchent depuis des années sur la manière de donner corps et cohérence à cette entité, pas une n’a jamais mis l’accent sur la nécessité d’équipements sportifs.

Tous les JO sans exception sont des gouffres financiers, parfois peu ou prou maîtrisés comme à Londres (avec des dépenses triples des estimations tout de même) ; le plus souvent béants, comme à Pékin, Athènes ou Montréal. Les budgets sont systématiquement sous-évalués par leurs commanditaires. La France est coutumière du fait, comme le chantier des Halles ou celui de la Philharmonie viennent de le démontrer de nouveau. Avant de mordre à l’hameçon, Hidalgo déclarait du reste en juillet dernier qu’: «aucune ville ne s’y était jamais retrouvée financièrement.»
Cette poudre aux yeux olympique rallie pourtant de nombreux soutiens. D’abord, les médias et sociétés de communications qui veulent y faire leur beurre. Déjà, soixante millions d’euros sont prévus pour les premières dépenses liées à la candidature parisienne. Il y a aussi, évidemment, les arrières-pensées politiciennes. Delanoë, avant son grotesque échec de 2005, rêvait d’en faire une rampe de lancement pour sa candidature aux présidentielles de 2007. Qui sait si Hidalgo ne sera pas un jour piquée par la même mouche mégalomane ? Car, les JO, ce sont mille et une occasions de faire du bruit médiatique et d’organiser de plaisants raouts pour les faiseurs d’opinion, de se constituer une clientèle d’obligés. Le choix de la ville hôte ayant lieu à l’été 2017, nous sommes au moins sûrs qu’Hollande et Valls, s’ils sont encore en circulation, se serviront abondamment des festivités de la candidature pour se montrer sous des jours avantageux dans l’année qui précèdera.

Mais il y a plus grave encore. Cette candidature va également être utilisée par la mairie de Paris pour justifier le mauvais coup porté au site magnifique des serres d’Auteuil, livré serres et plantes à la Fédération française de tennis qui l’investira sans retenue sous prétexte d’y organiser le tournoi olympique. Au nom de l’olympisme, toutes les manoeuvres contre la beauté de Paris, les arrangements douteux avec le sport-business vont avoir libre cours.

Ainsi, alors que le nouveau stade Jean Bouin, gabegie colossale où Delanoë a flambé près de deux cents millions d’euros, court désespérément après les spectateurs, les JO vont être prétexte à masquer cet échec retentissant. Pis encore, on apprend que le Trocadéro, le Champ de Mars, les Invalides ou le Grand Palais seraient «sollicités» tout au long de la préparation et de la tenue des JO. Le déclin «festiviste», péché mignon du socialisme à la parisienne, y trouvera matière à accélération.

Bref, nous aurons là un concentré des mensonges et des subterfuges qui sont précisément les maux dont souffre notre pays. Au moment où il faut retisser le lien entre le peuple et ses représentants, on va se lancer dans une fuite en avant dans le paraître.

En 2005, l’affaire a tourné au fiasco. Cette fois-ci, nous aurons à affronter Boston, Hambourg, Rome ou Budapest. Espérons que ce mistigri aille les griffer plutôt qu’il ne lacère notre infortunée région. La création d’un Comité national anti-olympique s’impose d’urgence ...


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