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Pascal Lamy et la crise alimentaire: Le pari de "plus de commerce"

Publié le 04 juin 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Mercredi, 04 Juin 2008 08:55

Après huit ans de négociations, les 152 pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), pourraient Pascal Lamy et la crise alimentaire: Le pari de bientôt parvenir à un accord sur le fameux «Cycle de Doha pour le Développement» : c'est ce qu'a affirmé Pascal Lamy lors de sa dernière rencontre avec les parlementaires européens.

A l'occasion de sa venue, le directeur général de l'OMC a accordé au service de presse du PE un entretien exclusif que nous reproduisons ici. Avec une question-clef :. Que peut faire l'OMC face à la flambée des prix alimentaires, au changement climatique et à l'épuisement des ressources naturelles ?

Rappel : Désigné en 2005 directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), Pascal Lamy, ancien collaborateur de Jacques Delors, avait été   Commissaire européen au Commerce.

En quoi les négociations en cours à l'OMC, en particulier sur l'agriculture, peuvent-elles influer sur la flambée des prix alimentaires et la crise mondiale qui en découle?

« La crise alimentaire a des composantes très différentes. La principale, c´est la pauvreté -chose qui n'est pas nouvelle, hélas. Les prix plus chers la rendent encore plus difficile.

Ce que peut faire l´OMC, c'est être utile dans un meilleur ajustement entre la demande -qui est plus forte qu'avant, notamment dans la consommation des céréales- et l'offre -c'est-à-dire la capacité des pays, et notamment en développement, à augmenter leur production. La courroie de transmission entre les deux, c'est le commerce.

Mais il faut évidemment que les pays riches comprennent que les subventions qu'ils versent endommagent le système de production dans un certain nombre de pays du tiers monde. Il faut qu'ils acceptent des disciplines supplémentaires. On le savait depuis longtemps : cette crise remet ça à l'ordre du jour, à un moment important pour la négociation. »

Le problème d'accès aux ressources naturelles accroît les tensions internationales. Comment l'OMC peut-elle contribuer à mieux équilibrer le partage des ressources qui sont de plus en plus rares ?

« On le peut de plein de manières ! D'ailleurs, on essaie de le faire. Ca fait partie des objectifs inscrits dans la charte de l'OMC, qui date de 1994 : l'ouverture des échanges est au service du développement soutenable.

La première manière de le faire c'est « plutôt un peu plus de commerce qu'un peu moins ». Si les Egyptiens devaient produire toutes les céréales qu'ils mangent et qui aujourd'hui sont affreusement chères, il n'y aurait plus une goutte d'eau dans le Nil ! Donc le commerce, de temps en temps, est un moyen de faire appel aux ressources naturelles, là où elles sont le mieux disponibles.

Par ailleurs, il y a tout ce qu'on peut faire sur le plan tarifaire : favoriser du point de vue des droits de douane les biens environnementaux, ouvrir davantage le marché des services environnementaux. Il y a plein de pays du tiers monde qui en ont maintenant les capacités.

Enfin, nous pouvons accompagner un accord qui, un jour peut-être, je le souhaite, reviendra sur le post-Kyoto et les questions du changement climatique. Ce ne sont pas des choses qui se négocient à l'OMC...Mais il est évident que le jour ou il y aura un accord qui succédera à Kyoto -et il sera surement plus large et sans doute plus astreignant que Kyoto-, il faudra que nous nous ajustions. Comme ce sont, en gros, les mêmes membres qui négocient les règles sur le changement climatique et ceux qui négocient les règles sur le commerce, ça ne devrait pas a priori faire de difficultés majeures... »

Donc accroître le commerce ne signifie pas forcément accroître la pression sur les ressources naturelles?

« Dans certains cas, c'est vrai mais il y a des cas où c'est exactement le contraire ! Prenez cette affaire de « foodmiles » (le calcul de la distance parcourue par les aliments, de leur lieu de production à nos assiettes), par exemple, qui consiste à expliquer que les roses du Kenya ne sont pas bonnes pour l'environnement parce qu'elles sont transportées par avion. On a fait le calcul, d'ailleurs le Parlement Européen l'a fait lui-même, et tout bien compris, les roses du Kenya sont meilleures au plan du changement climatique que des roses en serre qui viendrait d'un autre pays de l'UE !

Donc il faut se méfier des évidences et regarder tous les calculs. Il y a des cas, par exemple si le prix de l'énergie n'est pas au bon niveau du point de vue du changement climatique, où le commerce laisse une mauvaise empreinte sur le changement climatique. Et il y a plein d'autres cas où l'empreinte est meilleure si vous faites du commerce. » (Presse PE)

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