Magazine Journal intime

La plongée, OK c'est logique... Mais les girafes aux Philippines, c'est Coron

Par Simplybrice

Ahhh, les Philippines!!
Ses montagnes et ses lagons...
Ses requins males et femelles...

Voilà déjà plus d'un mois et demi que je suis dans le pays et je n'arrive toujours pas à m'en lasser. Comment pourrait-il de toute façon en être autrement quand la collection de sourires est inépuisables, quand le poisson se déguste dans des feuilles de bananier, quand le coucher de soleil du jour rend grace à celui de la veille?
Cela dit maintenant, mes jours sont comptés. En théorie, la durée maximum d'un séjour touristique est de deux mois si on renouvèle son visa à mi-chemin. Pour ma part, je suis tellement loin de ces considérations administratives que je ne m'en suis même pas occupé, espérant qu'à l'heure du grand départ, les officiers des douanes me propose en guise de pot de départ le verre de l'amitié à la place d'une amende à laquelle je devrais avoir droit.
Mais une chose à la fois. La question est d'abord de savoir si je peux cloturer cette parenthèse enchantée de manière tonitruante comme chaque jour passé ici.

La veille, la grande majorité de notre groupe de joyeux félés a levé le camp. Ne restent plus, en plus de ma modeste personne, que Mira et Rob', derniers membres actifs de la Holland Connection. Mira est encore là pour deux jours et Rob' pour un peu plus encore. Pour l'instant, on loge toujours au Crystal Lodge dans une chambre de trois qui nous parait ridiculement étroite en comparaison avec la vie de chateau que l'on menait quand l'union d'une demie-douzaine faisait la force. Mais, malgré cela, comme le soleil brille et que l'on passe la grande majorité de nos journées à l'extérieur, ça n'a que peu d'incidence.

D'ailleurs, en terme d'activité, on a pas vraiment décidé de se reposer sur nos lauriers. Depuis que j'ai débarqué sur Palawan puis sur Busuanga, on a beau avoir fait de l'exploration marine, force est de constater que la plupart du temps, nous ne nous sommes pas beaucoup éloignés de la surface. En bon plongeur, il va falloir remédier à cela.
Je commence donc par convaincre Mira, la plus réticente. Le discours de motivation passe à ce point, qu'elle entreprend même de complèter le premier diplome du plongeur autonome : l'"open water" de chez PADI. Elle en a pour trois jours et quelques plongées qu'elle appréhende quelque peu.
Pour Rob', c'est encore un peu plus facile, il suffit que je lui décrive ce qui se trame ici par une vingtaine de mètres de profondeur pour qu'il adhère au projet branché à l'air comprimé.

C'est que la plongée autour de Busuanga a quelque chose d'unique. Dans un rayon d'une dizaine de kilomètres, on peut admirer et visiter les épaves d'une dizaines de bateaux militaires japonais coulés pendant la seconde guerre mondiale. Et comme si ça ne suffisait pas, la quasi majorité d'entre eux mesure plus de cent mètres de long. Une paille. Dix aiguilles à tricoter dans un bol de foin. Immancable. Ce qu'ils font là? L'histoire mérite d'être racontée.
Le haut commandement japonais avait décidé, au plus fort de la guerre du Pacifique contre les américains, de se baser ici en attendant de pouvoir lancer une attaque massive sur la flotte de l'Oncle Théodore. L'endroit est à l'abri des courants, caché du grand large par une multitude d'île qui sont autant de barrières protectrices. Les nippons sont donc installé confortablement et durablement à tel point qu'ils prennent la peine de camoufler leur flotte avec des pans (pants? Pands? pff...) entiers de branchages qu'ils arrachent aux îles environnantes. Durant quelques semaines, les américains qui survolent les environs en prenant des photographies aériennes n'y voient que du bleu, prenant les navires de l'empereur pour des îlots sans intéret. Mais, ça ne dure pas. Il se trouve que les japonais ont comis une erreur. Les bateaux sont solidements ancrés mais là où le bas blesse, c'est qu'ils ne sont ancrés qu'avec une attache par bateau, laissant ceux-ci tournés au gré du courant. Or, lors d'une observation des photos par les opérateurs attitrés, il s'avère que ce qu'ils prenaient pour des îles ne sont pas orientés de la même façon au gré du temps qui passe. Qu'est ce c'est que cette sorcellerie? Des îles qui bougent avec la marée? Bon sang mais c'est bien sur, LES JAPONAIS SONT LA!!!!!! Les portes-avions à la banière étoilée entre alors en action et en quelques heures, ce sont des centaines d'avions qui déversent un flot de bombes ininterrompu sur les bateaux pris au piège, les coulant un à un à quelques dizaines de mètres des côtes. C'est ainsi que maintenant au large de Busuanga se trouve un paradis pour plongeur en quête d'épaves accessibles et titanesques. Des croiseurs, des destroyers, des portes-avions, tout le bestiaire naval et militaire git ici, s'offrant à qui aura d'une part l'expérience, et d'autre part la volonté de mettre la tête sous l'eau.
On en est!!

Au centre de plongée, on débarque la fleur au fusil. Théoriquement, pour pouvoir pénétrer dans les entrailles des monstres, il faut être titulaire de l'"advance water", le niveau supérieur que je ne possède pas encore. C'en est trop, il n'est pas encore né celui qui va me priver d'explorer de fond en comble ces trésors historiques. Ni une ni deux, je m'inscrits sur la liste des candidats au brevet. Que demain soit un grand jour, ça ne fait aucun doute.

L'étape obligatoire par le bistrot n'est alors qu'anecdotique.

S'en suivent alors huit plongées en quatre jours. Huit plongées au cours desquelles la visibilité n'est pas exceptionnelle puisque ne dépassant pas la dizaine de mètres, mais tout le reste l'est, exceptionnel.
Dès que l'on aperçoit une à une les épaves, c'est le vertige qui nous gagne. Les dimensions de ces choses qui gisent au fond sont tellement impressionnantes que ça donne le tourni. Plus on s'en rapproche, plus ça empire, impossible de savoir où donner de la tête. Puis, par endroit, il y a une brêche résultant d'une explosion ou du choc lorsque l'ogre de d'acier s'est échoué. Pour nous, c'est une aubaine, c'est la porte d'entrée.
A l'intérieur, dès lors que l'on pénètre, la luminosité plonge. Tout sens de l'orientation est alors affecté si bien que si l'on perd de vue la lampe torche du guide qui nous précède, il y a de fortes chances qu'on ne retrouve jamais la sortie où qu'elle soit. Le haut, le bas, la gauche, la droite, sont alors des notions toutes relatives. La discipline prévaut. Cette sensation est d'autant plus renforcée quand en de multiples endroits, le faisceau lumineux s'attarde sur des obus qui n'ont pas bougés depuis plus de 65 ans, et qui de ce fait, non pas non plus été désamorcés. Gare à la curiosité, chien méchant, très méchant, à la limite du n'importe quoi!

Au bout du troisième jour, c'est la fin d'un cycle avec Mira qui rentre à Manille rejoindre sa potesse Josha durant quelques jours. Pour fêter son diplome fraichement acquis, l'équipe des plongeurs lui réserve une surprise. C'est l'opération boisson apnéiste. Assise, on l'équipe d'un masque et d'un tuba. Un des membres de l'école prend alors une bouteille de bière et commence à verser son contenu dans le tuba.
En une seconde, la pauvre suffoque et se laisse gagner par le mal des profondeurs dans l'hilarité générale. Certes, ce n'est pas très fin comme humour mais passons, moi aussi j'ai ri.

Avec Rob', on s'accorde une ultime journée dans les bas fonds à contempler le corail qui se développe sur les carcasses éparpillées.
C'est ensuite mon tour de boire au tuba. Avec plaisir. Si ça peut contribuer à la bonne humeur ambiante... Sur cette dernière gageure, me voilà plongeur certifié émérite au delà de la soixantaine de descente que j'ai déjà derrière moi. Pourvu que ça dure...

D'une dizaine, nous voilà maintenant les deux derniers rescapés du radeau de la mumuse. Tachons de nous en montrer digne.
Une journée de pluie plus tard où je deviens peu à peu la mascotte de la GH, le démon de la bougeotte a raison de nous. Profitant du ciel bleu qui nous repasse le bonjour comme pour célébrer l'arrivée de l'été en ce 21 juin, on se lève aux aurores pour une visite pour le moins bizarre.
De l'autre côté de l'île de Busuanga, l'ex-président-dictateur Marcos s'est offert une petite folie. Une autre île de quelques hectares dont il s'est dit que ce serait le cadre parfait pour y créer son propre zoo à ciel ouvert. Profitant de tous ses amis africains un peu douteux, l'homme s'est fait livré des gazelles, des zèbres, des girafes pour assouvir sa soif de n'importe quoi. A priori, c'est l'Afrique sans l'Afrique, la savane sans le Kilimandjaro.
Pour aller voir ça, il faut encore traverser Busuanga et quoi de mieux qu'une étape motocycliste pour parvenir à nos fins? Rien.

A 8h du matin, on est donc d'attaque faisant le planton en attendant l'ouverture du loueur.
A 8h30, la route défile à grande vitesse. C'est qu'il faut qu'on en profite, le secteur goudronné sur la centaine de kilomètres qu'il va nous falloir parcourir ne couvre qu'une infime portion.
A 8h45, c'est sur la terre qu'il faut déjà éviter le ornières. Ce qui aurait pu être un problème quelques mois plus tôt ne l'est maintenant plus. L'expérience du Laos et du Vietnam faisant de moi un conducteur expérimenté, c'est avec délectation que les difficultés s'appréhendent. Et s'il faut traverser le lit des rivières, c'est encore mieux!
Au cours de la traversée, les paysages s'enchainent. En cinq minutes, on peut passer d'une plaine fertile où les cowboys à cheval guident les vaches vers les patures à une foret dense et luxuriante. En tout, il nous faut pas moins de quatre heures pour atteindre la côte ouest. Le chrono tourne, il n'est pas prévu qu'on fasse le chemin du retour à la nuit tombée. Laissant là nos motos, on fait alors le tour des maisons pour s'enquérir de la présence opportune d'un possesseur de bateau capable de nous faire traverser l'étroit détroit qui nous sépare des girafes. On est alors guidé vers une maison où un petit vieux sans dents est ravi de nous trouver, se chargeant de nous convoyer sans remous.
En dix minutes, nous y sommes. Pour l'instant en bas d'un chemin mais comme le dit le préposé à un guichet de fortune :

- Dès la colline franchie, vous ne serez pas déçu!

Il a raison l'animal...
Le chemin nous ammène jusqu'à une grande maison sans mur où on est sommé d'attendre notre guide. Pendant la courte attente, on profite de la vue que l'on a sur tout le parc en s'émerveillant des zèbres qui jouent à chat. Pour l'instant loins de nous, bientôt plus proche. Le guide arrive et les présentations faites, on marche à travers la plaine. Partout autour, des zèbres par dizaines. Incroyable!! Qui plus est, habitués à la présence de l'homme depuis toujours, ceux-là ne sont en aucun cas farouches et s'accomodent de notre présence sans peine. C'est d'autant plus surprenant qu'en présence des petits, c'est le même refrain. On peut déambuler quasi librement dans ce non sens sans qu'aucun animal ne s'en émeuve.
Et quand ce ne sont pas les zèbres, ce sont les biches, et quand ce ne sont pas les biches, ce sont des petits oursons arboricole, et ainsi de suite jusqu'au clou du spectacle : les girafes.
L'emploi de superlatifs est alors inutile. Ces animaux semblent être à tel point sortis d'un livre des rêves que tout commentaire est vain pour décrire ce que l'on ressent à leur contact. C'est que pour une raison dont je ne me souviens plus, les girafes sont provisoirement dans un enclos potentiellement grand comme le zoo de Vincennes à lui tout seul! C'est tellement bien agencé qu'en aucune manière je ne peux être désolé pour ces chevaux tombés dans la potion magique. Ils ont droit à un traitement quatre étoiles et ils le méritent bien!!

Nageant dans un bonheur de tous les instants, il se trouve que nous aussi bénéficions d'un traitement quatre étoiles. Le hasard faisant bien les choses, nous sommes là exactement au moment où les girafes se font apporter leur encas de l'après-midi. Avec Rob', on saute alors sur l'occasion pour nous aussi attrapper de longues branches feuillues et nourrir les phénomènes. Inimaginable!
Prenez une branche. Mettez ma main à une extrémité pendant qu'à l'autre extrémité s'excite le plus grand animal de la planète se délectant avec une grande précision d'une feuille après l'autre. Gigantesque!!!! WHAOUUUUUU!!!!!!! Impossible de se lasser d'un tel spectacle!!

C'est donc une autre raison qui nous impose de repartir.
Coron City est dans le sens du retour aussi à quatre heures de lutte contre les glissades, sorties de route, téléscopages avec une chèvre. Comme chaque fois que je suis sur un deux roues, l'appel de la nature a beau résonné à travers mon cerveau, il reste une parcelle qui supplie de ne pas encore conduire quand la nuit est tombée. La DDE locale n'étant pas exactement au taquet, si tu respectes la devise "Sécurité avant tout", tu roules de jour. Ca me permet aussi, en outre, de récupérer le passeport que j'ai laissé comme caution, ça peut s'avérer utile...
Loin d'être en avance, ne laissant derrière nous que des nuages de poussière, on parvient à rentrer dans les délais fixés. Le loueur est ravi, Félicie aussi.


La boucle est maintenant bouclée. Busuanga Island n'a plus de secrets pour moi, mais de là à dire que je la connais comme ma poche, c'est un pas que je me garderais bien de faire. Gardons cela pour ma prochaine visite.


Le lendemain, toujours avec Rob, on décolle vers Manille l'odorante. Mira et Josha sont toujours sur place, agréable compagnie pour une dernière soirée sans histoire.

Le 23 juin, nouvelle journée, nouvel avion.
A la douane, je présente mon passeport qui certifie que ma date d'entrée dans le pays remonte à près de huit semaines au lieu du mois autorisé. Qu'à celà ne tienne, démontrant une dernière fois leur hospitalité légendaire, je m'acquitte d'un forfait journalier supplémentaire minime.

A l'heure du décollage, j'ai le coeur serré.
J'ai toujours estimé que cette période philippine était synonyme de vacances. Or, le plus dur commence. Dans quelques heures, j'atterris à Hong Kong en prélable à mon séjour chinois où, à priori, personne ne va comprendre ce que j'ai à lui dire avant une autre partie de plaisir, l'Inde qui ne laisse jamais aucun voyageur indifférent en bien ou en mal.

Les pieds bien calés dans les étriers, je suis paré.


PS : Le grand jeu-concours "un cadeau pour une photo" (voir l'article Bromo et Ijen) est encore ouvert à qui veut bien participer jusqu'au 30 novembre.

PPS : Ne le prenez pas mal mais ça me fout le bourdon quand dans les commentaires on ne me parle de la Chine, du Tibet et de l'Inde. Avant je n'avais que des suppliques me demandant d'écrire au présent, et maintenant que c'est le cas, vous ne semblez que vouloir du passé. Rappelez-vous, je ne suis pas une machine!! Ils sont exigeants les jeunes d'aujourd'hui, j'vous jure...

PPPS : Et puis tant qu'à être un peu lourd, je tourne au rythme d'une nouvelle inscription à la newsletter par mois, apparemment il n'y a pas que moi qui ne suis pas une machine!! Convertissez mes frères!!! Convertissez mes soeurs!!!

PPPPS : Pour finir sur une note plus positive, car le bonheur est quand même toujours au bout de la souris, les photos sur Coron sont dispos dans l'album "Philippines", embrassez les girafes pour moi!

A plus que bientôt
Grosses bises



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