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Le poème de la semaine

Par Claude_amstutz
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine
ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle
de ce qui me hante et me gouverne
depuis des jours et des années,
je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps 
sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
à toutes les apparences de la vie et de l'amour 
et toi, la seule qui compte aujourd' hui pour moi, 
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres
que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, 
parlé, couché avec ton fantôme
qu'il ne me reste plus peut-être,
et pourtant,
qu'à être fantôme parmi les fantômes
et plus ombre cent fois
que l'ombre qui se promène
et se promènera allègrement 
sur le cadran solaire de ta vie.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

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