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La toilette, naissance de l'intime

Publié le 02 juillet 2015 par Pralinerie @Pralinerie
Comme souvent, je vais vous parler un peu in extremis d'une exposition. Au musée Marmottan, cette histoire de la toilette a attiré notre attention. J'aime beaucoup ce qui a trait à l'histoire du corps, à la prise en compte de sa matérialité ou son refus, à ce que fait passer l'apparence selon les époques, à ce que sont les canons de beauté... J'avais donc très envie de voir ce que nous livrerait cette exposition. 
Boucher, oeil indiscret
Celle-ci débute avec une tapisserie de la fin du Moyen Age : une femme au bain, dans une nature luxuriante, est entourée de serviteurs. Scène de bain ? Ou scène de prestige ? Scène très peu réaliste, où la baigneuse ne fait même pas semblant de se laver. Dans le même genre, on peut penser au Portrait présumé de Gabrielle d'Estrées et de sa soeur la duchesse de Villars, déjà plus intime puisque à l'intérieur... Entre Moyen Age et Renaissance, se dessine un basculement. Le bain médiéval hérité des thermes se fait rare et l'eau est vue comme vecteur de maladie. Seuls quelques grands utilisent des bains, mais c'est dans l'intimité. Au XVIIe siècle, on se lave encore moins. Ou plutôt, la notion de toilette évolue vers la toilette sèche : on se maquille, on se parfume, on se coiffe mais sans eau. Le siècle suivant renoue avec l'eau mais devient plus discret quant à sa toilette : pas besoin de faire cela devant des serviteurs ! La toilette est l'objet de peintures un peu coquines et non plus idéalisées à la manière des Suzanne au bain de la Renaissance. Les peintures de Boucher telles que L'Oeil indiscret ou La jupe relevée vont jusqu'à la trivialité ! Au XIXe, la toilette redevient un geste intime et quotidien que se plaisent à saisir les peintres : on pense aux pastels de Degas, à la baignoire de Bonnard qui introduisent un temps pour soi, comme un tête à tête intime. Aujourd'hui, la toilette fait partie de notre quotidien, elle n'est plus un sujet. Elle apparaît toutefois dans les questionnement autour du corps féminin, et notamment de son utilisation esthétique et publicitaire. 
Une exposition riche, qui ferait presque suite au Bain et le miroir. Pour chaque siècle, seules quelques œuvres sont choisies : c'est malheureusement parfois réducteur et l'on aimerait plus de peintures et de textes (ou plus d'espace). Sinon, le propos est à la fois clair et intéressant, il donne envie de se replonger dans les ouvrages de Vigarello.

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