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Histoire d'une lignée de Dagenais - 3e partie

Publié le 01 juillet 2015 par Jean-François Dagenais @lesinjustices

Comme les habitants de la Nouvelle-France manquaient souvent de numéraire (peu d'argent circulait dans la colonie), ledit marchand accepte, en guise de paiement, 20 minots de blé froment et 20 d' avoyne (sic).

Pierre Dagenais fils deviendra un des pionniers du territoire connu comme le Sault-au-Récollet. Le 15 septembre 1702, en l'étude du notaire Pierre Raimbault, Messire François Vachon de Belmont, supérieur du Séminaire Saint-Sulpice de Montréal, seigneur de l'île de Montréal depuis 1663, concède en effet à Pierre Dagenais une concession de la coste (côte) Saint-Michel (chemin est-ouest dans les parages de la rue Jarry).

Mesurant 3 arpents sur 20, avec droit de commune (lieu où les habitants du voisinage pouvaient envoyer paître leurs troupeaux). La rente annuelle consiste en 30 minots de bled froment bon sec, net loyal et marchand.

Outre les obligations mentionnées plus loin, ledit censitaire s'engage à ne vendre ancunc boisson ennyvrante aux Sauvages (sic). Cette censive porte le numéro 1084D dans le Livre terrier de la seigneurie de l'île de Montréal, conservé aux archives du Séminaire Saint-Sulpice, dont l'édifice construit en 1685 se trouve aujourd'hui rue Notre-Dame, à côté de la basilique Notre-Dame.

À cette époque, les cultivateurs vivaient sous le régime seigneurial, un système de propriété à deux niveaux. Le seigneur s'oblige à peupler la seigneurie et à concéder un lopin de terre à qui le demande. Il profite de droits honorifiques (préséance de banc à l'église) mais surtout réels.

Par le paiement du cens, le censitaire reconnaît au seigneur un certain droit de propriété éminente. Il doit payer une rente annuelle (en argent ou en produits de la ferme) et les lods et ventes (taxe de mutation). La banalité de moulin oblige les censitaires à utiliser le moulin du seigneur pour moudre leur blé et à lui payer le quatorzième minot.

Cédant aux pressions de la bourgeoisie commerçante anglaise et de la masse paysanne, le gouvernement abolira le régime seigneurial en 1854 pour le remplacer par la tenure en franc et commun socage, c'est-à-dire le droit de pleine propriété en vigueur de nos jours.

Le 7 octobre 1703, Pierre abandonne à François Hertel, écuyer (titre purement honorifique, comme esquire chez les Anglais) et seigneur de Chambly, absent mais représenté par le notaire royal Jean Cusson, une part de terre d'icelle seigneurie, probablement héritée de la famille de sa femme Marie Drouet. Mais déchiffrer l'écriture rébarbative du notaire Adhémar demande des notions de paléographie avancée !

L'année suivante, le 21 avril 1704, Étienne Campot, taillandier (forgeron fabriquant des outils tels haches et marteaux) et habitant (cultivateur) de Ville-Marie, concède à Pierre Dagenais, laboureur dudit lieu, un bail à ferme de terres situées au quartier Bonsecours, de nos jours près du port de Montréal.

Par une obligation portant la date du 21 octobre 1706, Pierre s'engage à livrer une certaine quantité de bois de chauffage à Jean-Baptiste Charly, marchand de Ville-Marie.

Le 4 avril 1713, François-Joseph Carpentras, maître menuisier de Montréal, loue pour une période de cinq ans une terre de la côte Saint-Michel, de 8 arpents de front sur 20 de profondeur, moyennant 10 minos de froment, payables chaque année.

Le 1er octobre suivant, Pierre repart pour la région des Grands lacs, signant un contrat d'engagement envers Messieurs les Associés de la mer de l'Ouest, qui lui vaudra une rémunération de 200 livres, dès son retour de voyage.

Marguerite Maclin, veuve de Nicolas Boyer de Ville-Marie, assistée de son gendre Charles Gervais, demandera le 6 avril 1715 au notaire Michel Lepailleur de La Ferté, de rédiger les clauses d'un bail à loyer et ferme d'une terre située près de la petite rivière Saint-Pierre (disparue de nos jours).

Pierre s'engage à cultiver icelle (cette) propriété, moyennant une partie des récoltes. Dans le minutier du notaire Marien Tailhandier dit La Baume, on découvre, à la date du 29 février 1720, une quittance de Catherine Roy (fille de Françoise Dagenais) à son oncle et tuteur Pierre Dagenais. Marie Drouet lui remet au nom de son mari des étoffe et de la toile blanche valant 36 livres.

Le 3 novembe 1720, Edmé Moreau, baille (loue) à Pierre Dagenais une concession de 3 arpents sur 20, à la Côte Saint-Michel. Il accepte en guise de paiement 10 minots de blé froment et 5 minos de pois.

Le Séminaire Saint-Sulpice, toujours représenté par son supérieur, François Vachon de Belmont, concède, le 15 janvier 1721 devant le notaire Raimbault, un reste de terre situé à la côte de Plaisance (ou Grande Prairie), voisine de la côte Saint-Michel, en imposant les conditions habituelles : droit de mouture du grain, tenir feu et lieu (habiter l'endroit), entretenir sa part de chemin, payer un demy (sic) minot de froment pour tous les 20 arpents de superficie, réserver au seigneur le bois de charpente, défricher trois arpents par année sous peine de déchéance de la concession, etc.

En 1729, Pierre Dagenais reçoit le titre de capitaine de milice (une sorte d'armée de réserve) qui, à l'époque, ne se limite pas à das tâches plutôt honorifiques, comme au XIXe siècle.

Marie Drouet pousse son dernier soupir le 28 janvier 1736, à l'âge de 55 ans (et non 67 ans, tel qu'indiqué dans le registre du Sault-au-Récollet). Le curé Desenclaves l'inhume dès le lendemain au cimetière paroissial (certains disent dans le sous-sol de l'église), en présence de son mari, Pierre Dagenais, et de Jean Turcot qui, aux dires du célébrant, déclarent ne scavoir (sic) signer.

Pierre survivra treize ans au décès de son épouse. Le 19 décembre 1749, Monsieur Chambon, curé de sa paroisse d'adoption, préside les funérailles du défunt, âgé de 80 ans (en réalité, 77), ancien capitaine de milice, en présence de plusieurs témoins.


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