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Neil Young, The Monsanto Years (Nouvel album, disponible depuis le 29 juin)

Publié le 03 juillet 2015 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde
Neil Young, The Monsanto Years (Nouvel album, disponible depuis le 29 juin)

Living with war, de Neil Young, a 9 ans.

Cet album avait pour ambition de dénoncer l'invasion de l'Irak par les troupes américaines et affichait clairement la volonté de l'artiste de s'impliquer dans la vie politique.

Le 29 juin, l'auteur-compositeur-interprète canadien a sorti un nouvel album, brûlot contre Monsanto (et Starbucks)(et aussi la GMA = Grocery Manufacturers Alliance).

J'applaudis et je me réjouis au plus haut point de pouvoir combiner le plaisir d'écouter du bon son et celui de partager un engagement qui me parait important.

Ce nouvel album, il l'a concocté en compagnie des fils du chanteur country Willie Nelson, Lukas et Micah Nelson, qui forment le groupe Promise of the real (et correspond à la fameuse inscription mystérieuse qui apparait sur la pochette)(formidable pochette s'il en est qui, à elle seule, peut justifier l'achat de ce si désirable objet). Ensemble, ils ont produit un album réjouissant à plus d'un titre.

Neil Young a toujours été sensible à la cause des agriculteurs et s'est d'ailleurs engagé par le passé à leurs côtés à plusieurs reprises mais là, c'est contre ce géant des biotechnologies agricoles qu'est la société Monsanto, qu'il se dresse. J'aime ce geste.

Au delà du combat contre une multinationale géante, il s'agit ici de défendre la liberté de pouvoir continuer à cultiver ses terres comme on l'entend, qu'il s'agisse de respecter les méthodes ancestrales locales ou de tester de nouveaux procédés, chacun doit être libre d'y recourir et de profiter de la générosité de la nature pour renouveler ses cultures d'une année sur l'autre.

Oui, car outre les dangers que présentent les produits commercialisés par la firme (Roundup and co) concernant l'environnement et la santé humaine, Monsanto est aussi un des plus gros fournisseurs de semences OGM à l'échelle mondiale.

Et c'est cette société qui détient la technologie " terminator" qui permet de produire des semences optimisées mais stériles.

Ca n'a l'air de rien, mais cette "innovation" est franchement inquiétante : Actuellement, un agriculteur qui met son champ en culture sème ses graines, les laisse lever, surveille la croissance et récolte à maturité en mettant une partie des graines (celles de ses meilleurs plants) de côté pour les semis suivants. Avec les graines " terminator", c'est impossible. L'agriculteur après la récolte, s'il conserve une partie des graines récoltées, sera bien démuni : elles sont incapables de germer à cause d'une transformation génétique qui empêche le processus biologique permettant le renouvellement naturel des générations. Très controversée, cette technologie est vue comme une volonté de la part de la société Monsanto de "breveter le vivant".

Rendant les agriculteurs dépendants de ses semences pour chaque nouveau semis, la société s'assure un revenu permanent en s'autorisant le "blocage" d'un processus naturel. Compte-tenu du peu de recul que nous avons (la technologie est bien trop récente) sur l'évolution des OGM au cours du temps, qu'en sera-t'il si cette construction génétique "terminator" contamine les espèces naturelles, les rendant incapables de se reproduire et paralysant ainsi le mécanisme même de survie des espèces? Angoisse. Comment les agriculteurs vont ils pouvoir faire face à cette dépense supplémentaire à chaque nouvelle récolte qu'ils souhaiteront lancer? ...

Bref. Tout ça pour dire qu'il y a de très nombreuses raisons de se méfier de Monsanto et de tous ceux qui pactisent avec cette société et le nouvel album de Neil Young a le mérite d'attirer l'attention sur un problème qui devrait peser plus lourd dans les débats actuels, à mon sens.

(D'ailleurs, si ça t'intéresse et que tu veux en savoir plus il y a eu ce formidable documentaire produit il y a quelques années maintenant) (en français ici, en anglais par là).

J'aime l'idée d'un rock militant, qui vient défendre des idées et sort un peu du schéma nombriliste dans lequel il est -actuellement- la plupart du temps enfermé.

Le son très 70's de " The Monsanto Years" est réjouissant, le propos est inspiré et il est bon d'écouter cet homme plein de bon sens dresser un constat juste et honnête du monde qui l'entoure.

Avec cet album, l'artiste confirme qu'il est ancré dans son temps et n'a rien perdu de son regard aiguisé. Qu'il s'agisse d'écologie ou de politique étrangère, Neil Young utilise son statut d'artiste pour communiquer sur des thèmes qui le touchent et fait briller les lettres de noblesse de l'expression "artiste engagé".

Alors, oui, on pouvait l'espérer plus incisif mais on se délecte de la douceur de certains morceaux et du procédé employé pour faire passer le message, on apprécie cette ode à la nature pour ce qu'elle est : une série de 9 titres qui défendent les valeurs chères à Neil Young depuis longtemps. Il ne s'agit pas ici de l'oeuvre d'un homme nostalgique, qui refuse le progrès et s'attache à défendre des valeurs éculées, non. Young livre une mise en garde nécessaire sur les dérives liées à l'utilisation de certains procédés biotechnologiques/produits qui représentent une réelle menace si leur commercialisation/utilisation/étude ne sont pas fermement encadrées.

On aime la douceur acoustique de son "It's a new day for love" et de "Wolf Moon" en ouverture (ah, l'harmonica...) autant que le sursaut qui les suit avec le renfort de la guitare électrique qui s'invite sur tous les morceaux par la suite.

Musicalement, Neil Young est ici fidèle à lui-même, pas de vraie surprise.

On se réjouit tout de même de le voir défendre son désir de liberté avec une belle fougue.

Si à 69 ans, l'artiste ne propose rien de vraiment neuf avec "The Monsanto Years" on y retrouve cependant ce qu'on aime chez lui. Sa cible a changé mais son talent est intact et il le met au service d'une cause qui m'est chère ce qui rend cet album vraiment précieux, à mes yeux.

Comme pour confirmer que son engagement n'est pas qu'un feu de paille destiné à alimenter l'inspiration d'un nouvel album, Neil Young communique directement, souvent, sur son site, concernant ses préoccupations à l'égard de Monsanto et des sociétés qui commercialisent des OGM.

Du coup, pour plus d'informations je t'invite à aller faire un tour par ici, sur le site officiel de l'artiste régulièrement.

Neil Young, The Monsanto Years (Nouvel album, disponible depuis le 29 juin)

"The Monsanto Years" est sorti le 29 juin et c'est -je le pense sincèrement- un album à écouter absolument (en ces chaudes journées d'été, ce sera vraiment parfait!).


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