Une coalition de rebelles a réussi à prendre au régime syrien un
centre militaire stratégique à Alep, un des plus importants changements
intervenus sur le terrain en deux ans dans l'ancienne capitale
économique de la Syrie.
Alep, deuxième ville de Syrie, n'avait pas connu de fortes évolutions
depuis sa division en juillet 2012 entre secteurs aux mains des
rebelles à l'est et quartiers contrôlés par le régime à l'ouest. Mais
une nouvelle coalition de rebelles islamistes a lancé jeudi une
offensive majeure sur le quartier de Zahra, aux mains du régime, et dès
le lendemain une autre alliance, Fatah Halab (Conquête d'Alep), a fait
de même dans un autre secteur loyaliste. Les combats qui ont suivi ont
été parmi les plus féroces à Alep depuis 2012, avec des centaines d'obus
et roquettes tombés sur les quartiers des deux côtés.
Signant une victoire significative, Fatah Halab a pris dans la nuit
de vendredi à samedi le contrôle d'un centre de recherches
scientifiques, transformé en une caserne par le régime, selon le
directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami
Abdel Rahmane. Cette alliance "menace ainsi le quartier Halab al-Jadida
et les autres quartiers de l'ouest d'Alep aux mains du régime".
"Le
régime perd avec ce centre de recherches une ligne de défense
importante, ce qui rend son contrôle d'Alep-ouest plus vulnérable",
souligne le chercheur Thomas Pierret, maître de conférence à
l'université d'Edimbourg. Il est toutefois "difficile de dire si les
choses vont évoluer rapidement. Cela dépend des effectifs du régime sur
place et de leur motivation, choses sur lesquelles on a peu
d'informations", précise le chercheur.
'Lourdes pertes'
Selon l'OSDH, l'armée de l'air a
bombardé samedi avec intensité le centre de recherches, poussant les
combattants à se rassembler dans la partie ouest du bâtiment. L'armée a
mené des opérations dans plusieurs quartiers d'Alep "infligeant de
lourdes pertes" aux rebelles, a affirmé l'agence officielle Sana.
Pour le militant Karim Obeid, du centre des médias d'Alep, la
nouvelle coalition Ansar al-Charia (Partisans de la Charia) cherche à
"contrôler Zahra car l'armée bombarde régulièrement de cette position
les quartiers tenus par l'opposition et les localités du nord et l'est
de la province". Sa prise permettrait aussi de "sécuriser la route
internationale reliant Alep à la localité turque de Gaziantep", qui lui
permet de faire transiter armes et ravitaillement, a-t-il expliqué.
Rassemblant 13 organisations, dont le Front al-Nosra, la branche
syrienne d'el-Qaëda, et le groupe islamiste Ahrar al-Cham, Ansar
al-Charia avait réussi à prendre quelques positions, mais selon
l'Observatoire, les forces du régime les ont récupérées dans la nuit.
L'aviation syrienne a "mené 40 raids contre les rebelles", et Ansar
al-Charia a perdu 29 combattants vendredi, d'après la même source.
Opération militaire contre Zabadani
Ailleurs dans le pays, les forces du régime, aidées par le Hezbollah,
ont lancé une opération militaire d'envergure contre Zabadani, à 20 km
au nord de la capitale Damas, une des dernières villes encore contrôlées
par les rebelles dans ce secteur. L'OSDH a fait état de "combats
violents entre les forces du régime et les miliciens qui les soutiennent
d'une part, et les groupes rebelles, dont des islamistes", de l'autre.
De l'artillerie lourde a été déployée et des bombardements aériens
lancés pour tenter de reprendre Zabadani. Des images diffusées par
al-Manar et par la télévision d’État syrienne ont montré d'importantes
colonnes de fumée s'élevant au-dessus de la ville sur fonds de bruits
d'explosions et de tirs d'artillerie.
L'armée syrienne a déclaré avoir
infligé de lourdes pertes aux "groupes terroristes retranchés à
l'intérieur de la ville" et ajouté avancer sur plusieurs fronts vers
leurs positions. Une colline située à l'ouest de Zabadani, connue sous
le nom de Qalat el-Tal et qui surplombait des positions rebelles, a
également été reprise, a précisé l'armée.
L'assaut a débuté samedi à l'aube par un tir nourri de missiles
auquel ont succédé des bombardements aériens et un important déploiement
de troupes au sol, ont déclaré des sources au sein des rebelles. Ces
derniers, qui disposent de chars de fabrication russe pris à l'armée
syrienne et d'artillerie à longue portée, ont riposté en prenant pour
cibles les positions de l'armée pour empêcher celle-ci de progresser,
affirme Abou Ado, membre du groupe islamiste Ahrar al-Cham.
L'armée, avec le soutien du Hezbollah, cherche depuis longtemps à
reprendre aux insurgés, qui la détiennent depuis 2012, la ville de
Zabadani, proche de l'axe routier Beyrouth-Damas et dont la prise serait
un gain stratégique de taille pour le président Bachar el-Assad.
Source : Lorientlejour